Oliver Sim

Après une première tentative avortée début mai, Oliver Sim effectuait enfin son baptême du feu sur la scène du Café de la Danse à Paris. Car oui, il donnait là son premier concert en solo. Familier de l'exercice avec son groupe habituel, The xx, la donne est probablement différente quand l'exercice devient personnel, et que l'on joue sans ses comparses habituels. Alors bien sûr, le trentenaire est habitué des grandes salles ainsi que des festivals dans lesquels il a souvent joué par le passé. Mais cette proximité avec cette audience, venue exclusivement pour lui et non pour voir jouer un groupe, change fondamentalement la donne.

En attendant sa montée sur scène, c'est notamment Rufus Wainwright dans une version remixée de Supermayer Lost In Tiergarten qui berce nos oreilles, puis à 21h tapantes Tuna arrive et s'élance dans un playback de deux morceaux dont Goodbye Horses de Q Lazzarus. Cheveux coupés tels un serpent descendant sur son visage, l'immense trans annonce ensuite l'arrivée d'Oliver Sim, qui lui emboîte le pas accompagné de ses trois musiciens.


Avec un grand sourire, l'Anglais débute son set par un premier titre de son album, Hideous Bastard. Pull aux losanges brillants sur chemise et pantalon large presque baggy, entouré d'écrans de télévision, Oliver danse avec son microphone, se dandine, tout en interprétant Romance With A Memory. Le set est lancé et c'est probablement un immense soulagement pour lui. Les quatre-cent personnes présentes dans la salle semblent conquises par ce tout début de set. Il peut enfin se lâcher et pleinement s'investir dans ce premier concert qu'il présente comme un jour très spécial pour lui. Il prétend s'être senti en insécurité en composant ce disque et que se produire sur scène était pour lui une thérapie. Il annonce aux personnes présentes qu'il va prendre soin d'elles, mais demande en retour que celles-ci prennent soin également de lui.

On comprend que ce côté ironique est signe d'une envie de bien faire, de se faire plaisir et de faire plaisir. Derrière sa basse, qu'il saisit avant d'interpréter Never here, Oliver Sim effectue des moulinets comme quand il se produit habituellement avec son groupe. La chanson est très réussie, les musiciens sont bien en place. Première surprise de la soirée, la formation se lance dans une version inattendue de Crystalised, plus brute et moins synthétique que d'accoutumée. Le public est forcément ravi.

Après cette reprise de qualité, Oliver se positionne parallèlement au public à genoux pour délivrer une version cinématographique de Unreliable Narrator. On comprend alors, qu'à l'exception de Hideous, le britannique et son groupe sont en train de jouer l'album chronologiquement. Cependant, et pour déjouer notre analyse, survient la seconde grande surprise de la soirée avec une reprise d'un de ses groupes préférés : Placebo. Lorsqu'il les a découverts, il pensait que Brian Molko et Stefan Olsdal étaient deux aliens. Sa version de Nancy Boy est à l'opposé de l'originale. Lente et délicate, la version d'Oliver Sim est probablement méconnaissable pour toute personne ne connaissant pas les paroles de la chanson.


Retournant ensuite vers son disque, le chanteur et ses autres deux musiciens se positionnent en triangle autour du batteur pour un début de GMT très gospel. La suite de la chanson reste dans cet esprit tout en étant soutenue par une instrumentation électronique. Puisqu'il y avait déjà des surprises, on rêvait de l'arrivée de Jimmy Somerville pour interpréter Hideous avec les quatre anglais sur la scène du Café de la Danse, mais de l'écossais fêtant ses soixante-deux ans ce soir ne résonnera que la voix issue de bandes préenregistrées, ce qui n'empêchera pas le public d'apprécier au plus haut point la chanson.
Une autre reprise de son autre groupe préféré, sous-entendu The xx, I Dare You enchante l'audience, même sans Romy ni Jamie. Run The Credits, morceau de clôture de Hideous Bastard, se fait groovy et dansant, puis Oliver Sim remercie le public présent, tout ce monde qui s'est déplacé pour lui sachant, comme il le rappelle, que seule une poignée de personnes était là lorsque The xx ont donné leur premier concert à Paris.

Fruit conclut alors un concert d'une cinquantaine de minutes. On espère un rappel, mais cette ultime surprise ne surviendra pas. Les lumières se rallument et Oliver Sim, après avoir conquis son public avec ce premier concert solo, peut alors pleinement se détendre et devenir le roi d'une folle nuit parisienne. Pour la sortie de l'album, il faudra encore patienter jusqu'à début septembre.