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Working Men's Club

Paris, Petit Bain - 17 septembre 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Nous voilà déjà dans la seconde quinzaine de septembre qui voit le fond de l'air se rafraichir sérieusement, signifiant la remise au placard des shorts et autres sandales allemandes à grosses boucles. Afin de vivre le plus sereinement possible cette fin inexorable de l'été, rien ne vaut un agenda chargé en concerts afin de maintenir un peu de chaleur et d'excitation dans nos corps, de retour derrières leurs bureaux.

Direction la péniche de Petit Bain en ce samedi soir pour une soirée portée par l'electro rock explosive de Working Men's Club. Sydney Minsky-Sargeant, tête pensante et technicien de génie derrière cette formation, n'a réellement pas chômé ces deux dernières années : son brillant premier album éponyme s'étant pris de plein fouet l'arrivée du COVID-19, nous avions néanmoins pu début 2020 tester ce jeune lad en live (ndlr : au festival Les Inrocks à la Gaîté Lyrique à Paris) jusqu'à l'arrivée du disque sur nos platines en octobre. Récompensés de notre patience, les retrouvailles se sont faites en festival dès 2021, notamment au Levitation France d'Angers. Un sans-faute jusque-là tant l'énergie punk et suave du son Working Men's Club n'a eu de cesse de s'affiner, ainsi que la dextérité de ses membres.
Retour aux affaires il y a quelques semaines avec le défi du deuxième album, relevé grâce à Fear Fear. Et parce que Sydney Minsky-Sargeant est un jeune homme des plus chevronnés, les festivals se sont encore succédés cet été, dont un brillant passage à la Route du Rock de Saint-Malo. Quoi de mieux alors que de planter le dernier clou au cercueil (n'y voyez aucune allusion pessimiste) avec quelques dates en France pour confirmer la progressive et solide montée en puissance du groupe sur platines et en live ?


Rendez-vous est pris dans les cales de la péniche-bar du 13ème arrondissement qui, avec son antre aux allures un peu caverneuses, se prête parfaitement à ce répertoire dance et synth wave, soulignant ainsi le virage bien plus synthétique de Fear Fear. Le choix d'une setlist très équilibrée entre les deux albums est néanmoins fait, reprenant les morceaux les plus rythmés où l'alchimie est immédiate entre le public et la scène, durant une heure et dix minutes qui en paraissent le double. Garnie d'un public au profil étonnamment CSP + (la double page dithyrambique dans Libération cet été y est peut-être pour quelque chose), la vitalité de cette petite foule compactée devant la scène l'en fera ressortir tout aussi trempée et éreintée qu'après n'importe quelle « teuf » improvisée.

Plongé durant la quasi-majorité du concert dans une pénombre qui sied parfaitement à l'ambiance entêtante des morceaux comme Fear Fear ou 19, le set verra au fur et à mesure que la cadence s'affole les spots de lumières vifs et flashy venir aveugler volontairement la foule afin de napper la scène d'une espèce de nappe brumeuse qui maintient comme une aura de mystère autour des membres du groupes. Car ici, Working Men's Club ne jouent pas sur leurs tenues, leurs mimiques ou leur sourires (totalement inexistants à chaque prestation), c'est bien la puissance de leur jeu et l'entrée en transe un titre sur deux de leur frontman qui apportent tout le sel à leur musique, faisant souvent frôler l'arythmie aux spectateurs présents.


Les tubes qui sont maintenant significatifs de la courte discographie comme Valleys, A.A.A.A, Teeth et John Cooper Clarke remportent tous les suffrages, interprétés par un Sydney qui fend le public pour un bain de foule brutalement festif. Le regard toujours rivé au loin, ne s'attachant jamais à saluer, remercier ou pire, faire transparaître une quelconque émotion, on sent chez le jeune musicien non pas un goût déplacé pour la crânerie mais une réelle honnêteté artistique. En effet le larron, bien que très bavard en interview s'agissant de son travail, s'est toujours présenté avec une certaine retenue et l'on sent que le personnage souhaite uniquement mettre en valeur sa musique, et rien d'autre.

Nous découvrons durant cette petite heure les dernières nouveautés telles l'hypnotique Ploys, Circumference et son atmosphère qui prend des allures de voyage dans la stratosphère ainsi que Widow à la patine dark wave aussi authentique que moderne. Le set se clôture sur le bien nommé The Last One et verra à ce moment là l'intégralité de la salle (le show étant sold-out, l'effet sardines en boîte n'est pas une simple boutade s'agissant d'une péniche) absorbée par la rythmique cathartique du morceau, quitte à ne même pas s'apercevoir quand le jeune chanteur s'éclipse de la scène aussi rapidement que lorsqu'il est apparu.

Working Men's Club ont à nouveau convaincu grâce à une prestation instinctive et sans fioritures. Leurs deux albums, déjà fortement addictifs à l'écoute, se voient sublimés en live car pensés et bricolés par leur compositeur dans un seul et unique but : la communion par la danse.
setlist
    Valleys
    19
    Fear Fear
    Teeth
    Widow
    A.A.A.A
    Circumference
    John Cooper Clark
    Money Is Mine
    Ploys
    Be My Guest
    Angel
    The Last One
photos du concert
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