Le point météo s'étant fait rare dans mes derniers papiers, le revoilà pour vous signifier que ce début de printemps tient toutes ses promesses avec un beau soleil qui vient petit à petit réchauffer le fond de l'air. C'est donc le parfait moment de retourner se terrer dans la cave la plus rock de Paris qu'est L'International. Au programme ce soir, la rencontre avec le nouveau side-project de Max Oscarnold, membre sombre et mystérieux de TOY et The Proper Ornaments. Sombre et mystérieux car l'anglais cultive quelle que soit sa formation cette apparence très détachée du monde réel et veille à toujours nourrir ses différents répertoires d'une patine dark toute en profondeur.

Vous l'aurez compris, la musique qu'affectionne Max Oscarnold n'est pas toujours des plus accessibles pour le grand public. C'est ce qui rend ses nombreux projets toujours intéressants à aborder car enveloppés d'une certaine complexité à laquelle on aime se frotter, auditeurs exigeants que nous sommes. Ce soir, place est faite à Index For Working Musik, que mènent Max et Nathalia Bruno de DRIFT. Leur premier disque
Dragging The Needlework For The Kids At Uphole a conquis la rédaction notamment grâce à ses belles couches de guitares glacées et envoûtantes. Dans l'antre de l'International, l'étroitesse et l'aspect brut des lieux permettent à Index For Working Musik de délivrer un shot de musique sans fioritures et qui, sans palabres inutiles, vient frapper fort.
L'ambiance se veut mystique et presque anxiogène avec ce son noisy et ténébreux. Le shoegazing est à son comble, les regards du groupe veillent surtout à ne pas croiser ceux des membres du public. Comme enfermés chacun dans leur petit univers, les musiciens enchaînent rapidement mais de façon très précise les morceaux de l'album. Les références sont nombreuses et on retrouve bien plus dans la musique de Index For Working Musik la noirceur aguicheuse des formations telles Black Rebel Motorcycle Club, Brian Jonestone Massacre ou DIIV que dans les autres groupes de Max Oscarnold. Ici, on en rajoute même une couche car les titres tels
Wagner,
Ambiguous Fauna et
Palangana, ce dernier tout en espagnol, creusent encore plus profondément dans cet univers musical délicieusement déprimant.

Le set défile ainsi à grande vitesse et on se retrouve surpris quand au bout d'à peine quarante minutes les musiciens quittent la scène, laissant les spectateurs sur leur faim. Malgré les applaudissements, c'est timidement que Max Oscarnold reviendra nous expliquer qu'ils n'ont plus d'autres morceaux à jouer (notons que le tracklisting du disque n'a pas été totalement interprété... Il y a là matière à discussion !) mais qu'il donne rendez-vous au bar à qui le souhaite pour quelques bières. On quitte donc la salle de la rue Moret un peu trop précocement, ce qui nous laisse du temps de rédaction pour vous raconter les arbres en fleurs roses devant la brasserie Ménilmontant, le goût des plus douteux de quelques jeunes s'agissant du port de Crocs et de chaussettes et la mise en vente d'un troisième pan de tournée de Morrissey qui a vu le fruit des longues heures de travail au service de l'intérêt général de votre chroniqueuse partir en fumée plus tôt dans la journée.
On gardera alors un bon souvenir de cette première rencontre avec Index For Working Musik, qui offre une formule classique mais délivrée de façon honnête et parfaitement maîtrisée.