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The Heavy

Paris, Trabendo - 13 septembre 2023

Live-report par Adonis Didier

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La vie : longue ou courte, belle et compliquée à la fois, la vie est pleine de questions. Qu'est-ce que le jazz ? Qu'est-il arrivé à l'amour ? Qu'est-ce qui rend un homme bon ? Et surtout, au-dessus de toutes les autres, est-ce que c'est assez lourd comme ça ? Une question à laquelle on connaissait déjà la réponse en entrant à 20h pétantes dans la salle du Trabendo, retour à la maison après d'interminables vacances d'été, pour voir, quatre ans après, The Heavy enfin revenir à Paris pour un concert à guichets fermés.

Impatient, trépignant à l'idée de revivre le coup de foudre pris dans la moîteur de la Machine du Moulin Rouge en 2019, on écoute distraitement le gros rock punk-bluesy de la première partie, Ménades, pour se rendre compte que ce punk hurlé par une petite sœur à Patricia Kaas est plutôt pas mal en live. Mais il n'est toujours pas 21h, alors on parle, on gratte du papier, on remarque que les gens dans la foule ont bien souvent plus que trente ans, on glisse une oreille à ce que disent les voisins, avec une seule et unique chose à l'esprit : les quelques notes introduisant Short Change Hero, sortant d'une trompette au cœur de la pénombre, lançant enfin ce pu**** de concert qu'on attendait depuis quatre ans ! Une formation de The Heavy encore une fois extensive, comprenant trompette, saxophone, claviériste, choriste, et guitariste solo en plus des quatre membres du groupe original. Un groupe original composé de la pile électrique Kelvin Swaby, chanteur prédicateur surmonté d'un bob couvrant la brillance luisante de son crâne, du flegmatique britannique au charme James Bond-ien Dan Taylor, du bassiste kiffant, comme tout bassiste, sa vie en fond de scène Spencer Page, et du fantastique batteur bien trop sous-estimé qu'est Chris Ellul.


Et pour dire à quel point la discographie du groupe est fournie, ceux-ci vont tranquillement attaquer ce concert par Short Change Hero¸ donc, sans doute pour chauffer la voix d'un Kelvin Swaby en éclate totale, poussant le public à chanter à sa place un refrain mythique connu par absolument tous les gens dans la salle (oui, on part sur une chronique parfaitement objective, dépourvue d'exagérations grossières et de superlatifs balancés à la douzaine). Une intro suivie de Can't Play Dead et Heavy For You : les gars n'ont pas le temps de niaiser, tant mieux pour nous, et tant pis pour les quelques pisse-froid que je n'ai absolument aucun regret d'avoir bousculés dans la fosse.

« Is this heavy for you ? » : la phrase est lâchée, la réponse est bien évidemment oui, et il est contractuellement l'heure pour Kelvin de vous rappeler que The Heavy est sur scène ce soir pour défendre AMEN, nouvelle merveille sortie fin avril, déjà l'un des meilleurs albums de l'année (non vraiment, pure objectivité), une merveille débutant par Hurricane Coming, comme si on avait besoin de ça quand je n'ai déjà plus de voix après à peine quinze minutes de concert. Alors ça fait badam badoum, trompette / trompette / riff de guitare, Kelvin hurle, Dan regarde au loin l'horizon bleuté, calme et imperturbable dans l'œil du cyclone, et le Trabendo fait la houle, parce que l'ouragan arrive depuis la fosse des prolos.
Stone Cold Killer poursuit la découverte live du nouvel album, l'occasion pour Kelvin de, lui, découvrir que le public a bien révisé les nouvelles chansons : « Je vous tire vers le haut, et en répondant vous me tirez vers le haut, c'est comme ça que ça marche ». Et ça marche plutôt très bien, alors qu'arrive la partie calme du show, avec Cause For Alarm et son reggae chill, et puis voilà c'est bon, merci, au revoir.

Dommage pour Kelvin, on connait la musique, on était déjà là aux concerts d'avant, les « fuck you Swaby » réglementaires pleuvent, et le groupe revient pour la sublime Curse Me Good. Je réécrirais bien que le public chante, mais partez du principe que c'est le cas sur toutes les chansons, parce qu'on va finir par manquer de papier, et le concert est encore long. Nouvel enchaînement de nouvelles chansons, Paris fait honneur parmi les publics de Bad Muthafuckerz, alors que même les plus calmes et distinguées Just Like Summer et A Whole Lot Of Me ne cessent de faire grimper la température. Le t-shirt de Kelvin est déjà trempé, Dan n'a toujours pas transpiré une goutte, mais qu'est-il arrivé à l'amour ? Il est arrivé que c'est ce moment que la fosse va choisir pour véritablement partir en couille : What Happened To The Love? signe l'ouverture du foutoir, avant que Kelby et son choriste n'ouvrent la fosse pour prêcher I Feel The Love.


Une petite descente dans la foule pour bien ressentir l'amour, quelques fuck you Swaby pour courtoisement proposer un rappel aux musiciens, et on est parti pour vingt minutes de show parmi les plus dingues que l'on verra cette année. La lourdeur insensée de Same Ol', les pétarades de cuivres sur Feels Like Rain, les questions-réponses avec extinction de voix pour What Makes A Good Man?, mais une question demeure toujours : How You Like Me Now ? C'est sur ce tube absolu du groupe que la soirée finit dans un nouveau bordel de sauts, de cris, et de projections de sueurs autour d'un Kelvin Swaby encore une fois inhumain, d'un Dan Taylor immaculé de coolitude imperturbable, et d'un groupe qui nous a prouvé pour la vingt-cinquième fois qu'il était l'un des, si ce n'est le, meilleurs groupes de rock à écumer les scènes depuis plus de dix ans.

Un nouvel album étincelant, un nouveau concert dantesque, The Heavy, same ol' same ol' quoi !
setlist
    Short Change Hero
    Can't Play Dead
    Heavy For You
    Hurricane Coming
    Stone Cold Killer
    Cause For Alarm
    Curse Me Good
    Bad Mothafucker
    Just Like Summer
    A Whole Lot Of Me
    Better As One
    What Happened To The Love?
    I Feel The Love
    ---
    Same Ol'
    Feels Like Rain
    What Makes A Good Man?
    How You Like Me Now
photos du concert
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