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The Charlatans

Londres, Troxy - 7 décembre 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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The Charlatans, un groupe emblématique pur produit de la vague Britpop, l'ayant incarné du début jusqu'à la fin et ayant pour sa part perduré dans le temps, célébrant trente-trois ans de carrière et toujours porté par leur chanteur charismatique Tim Burgess. Malgré cette description des plus flatteuses la bande à Tim Burgess n'a toujours pas percé dans nos contrées, remplissant des arénas et occupant les front stage des gros festivals de son côté de la Manche alors qu'elle n'honore que des salles plutôt modestes et de façon occasionnelle du notre. Et pourtant, The Charlatans c'est une discographie sans faute et des membres qui ont su faire face à de nombreux drames personnels (disparitions tragiques de Rob Collins et Jon Brookes, nombreuses dérives liées au star système pour Tim) pour revenir plus forts et toujours en parfaite cohérence avec leur époque.

La dernière apparition française de The Charlatans date de 2018, dans une Maroquinerie certes pleine mais qui était alors la seule date dans l'hexagone lors de la tournée Different Days, dernier album studio sorti à ce jour. Depuis, Tim Burgess s'est consacré à nouveau à sa carrière solo avec deux très bons disques pop, I Love The New Sky en 2020 et Typical Music en 2022, tout en transformant les confinements successifs liés à la pandémie du COVID-19 en fête en réunissant une bonne partie du monde derrière son smartphone pour célébrer la musique au travers des Listening Parties sur feu Twitter. Un engagement philanthropique qui correspond à la personnalité de ce dernier dont la bienveillance et la modestie étonnent toujours du fait de son statut de pop star.


C'est alors qu'au même titre que d'autres pointures d'époque telles Suede et Pulp qui, malgré leur très fort succès d'estime, demeurent en France l'apanage d'une poignée d'initiés, The Charlatans continuent d'exercer prioritairement leur talent sur leurs propres terres. Ainsi, votre chroniqueuse se pare de son fidèle baluchon, de sa carte golden member dans une chaine d'hôtels hyper standardisée et ses points Eurostar pour retrouver Tim Burgess à Londres au Troxy, pour cette tournée hivernale qui vient consolider la fan base du groupe, un nouvel album n'étant toujours pas d'actualité.

D'ordinaire, le public anglais aime à mélanger les genres, les âges et les catégories sociales. Il faut alors reconnaitre que les spectateurs présents ce soir sont majoritairement masculins, atteignant voir dépassant la cinquantaine, fidèles de la première heure qui ont le mérite de créer une ambiance authentique, fortement imbibés de bière et prêts à danser ainsi qu'à chahuter dans la fosse. En contraste avec les prestations plutôt sages lorsqu'elles se déroulent à Paris, on s'immerge alors dans la folie ambiante qui ne laisse absolument aucun répit à l'écoute de la setlist qui brasse large s'agissant de la discographie, le tout durant une heure et demie.


Après trente-trois ans, le jeu de scène reste le même : Martin Blunt et Mark Collins très concentrés sur leur jeu de basse et guitare, Tony Rogers et ses deux claviers qui continuent d'apporter ce son Hammond reconnaissable entre mille, ces derniers placés de part et d'autre d'un Tim Burgess qui rayonne micro à la main, toujours à la recherche du public en se rapprochant de lui pour le faire chanter, frapper des mains et surtout pour l'inciter sans cesse à se manifester. En véritable entertainer, le chanteur fait le show, venant souffler deux ou trois mots tout sourire à l'oreille de ses comparses tout en dansant sur lui-même et arpentant de gauche à droite la scène pour n'oublier personne.

Petit à petit, le centre de la fosse se transforme en mosh pit bondissant pour le plus grand plaisir de Tim Burgess qui distribue généreusement une belle série de tubes allant de One To Another à North Country Boy en passant par Weirdo et l'imparable The Only One I Know. On retrouve également quelques perles telles Can't Get Out Of Bed, le mystique Jesus Hairdo, Impossible issu de l'album préféré de votre chroniqueuse, Us And Us Only, l'ensoleillé Let The Good Times Be Never Ending et l'excellent Bad Days du trop méconnu You Cross My Path.


Le final se fait traditionnellement sur l'hymne « charlatanesque » Sproston Green, déchaînant ainsi la fosse et mettant au boulot les vigiles un brin débordés par l'enthousiasme des fans à l'écoute de ce hit intemporel. On sent que le groupe se fait plaisir à piocher dans sa discographie et nous rappelle ainsi que sa longévité n'est pas uniquement due à des prestations scéniques hyper dynamiques mais bien à un vaste répertoire pop rock qui a toujours su se saisir de l'air du temps, aucun disque des Charlatans ne sonnant à côté de ses pompes.

Portés par leur leader qui, d'année en année, blondit de plus en plus sa crinière, s'amusant toujours à dissimuler un regard pourtant vif et malicieux derrière une frange anarchique, The Charlatans prennent toujours autant de plaisir à jouer ensemble, à faire vivre leur héritage entretenu depuis trois décennies tout en nous faisant encore espérer un nouvel album. Ces derniers partant de nouveau sur les routes des Etats-Unis en compagnie de Ride en début d'année 2024, il semble que l'Europe ne soit toujours pas sur leur feuille de route. Cependant, Tim Burgess sait qu'il a outre-Manche une communité de fans fidèles qui attend son retour et saura, selon ses dires, saisir l'opportunité dès qu'elle se présentera.

Mesdames et Messieurs des labels et producteurs de spectacles, à bon entendeur, salut !
setlist
    With No Shoes
    Can't Get Out Of Bed
    Just When You're Thinking
    One To Another
    Toothache
    Come Home Baby
    And If I Fall
    Jesus Hairdo
    Then
    North Country Boy
    Tellin Stories
    Let The Good Times Be Never Ending
    Weirdo
    Just Lookin
    The Only One I Know
    Impossible
    How High
    ---
    I Don't Want Too See The Sights
    Bad Days
    Sproston Green
photos du concert
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