Bloodsucker Motherf*cker ! Blood ! Blood ! Blood ! Blood ! Suckers ! Une intro, pourquoi faire ? Pas de première partie et pas le temps de niaiser ce soir aux Etoiles devant le débarquement de Saint Agnes nouvelle mouture à Paris. Le groupe de hard-blues croisé en 2019 au Supersonic n'est plus, le quatuor invoque désormais Lucifer et les enfants de Caïn, et prend sa place bien au chaud du côté des animaux les plus dangereux de la planète : les métalleux.

Une intro de concert qui se rend mystique, le groupe rentre dans la fumée sur fond de « Bloodsuckers must die » incantatoires, se pose sur les marques au sol, Jon Tufnell enfourche son Epiphone noire corbeau, et puis Bloodsucker Motherf*cker, et c'est tout ! La charge des cavaliers de l'apocalypse est lâchée pour présenter l'album
BLOODSUCKERS, le deuxième du groupe et le premier de la nouvelle veine punk-métal industriel du gang. Comme sur l'album,
Bloodsuckers puis
Animal puis
I Mean Nothing To You s'enchaînent, les basses sont démentielles, la salle sonne comme jamais on aura entendu les Etoiles sonner, et voici Kitty qui lâche déjà sa guitare pour demander un wall of death. Premier pogo du soir, on pense déjà à l'état de la nuque à force de headbang, et comme dirait NTM, « fais gaffe à ton dos, protège tes abdos ».
Car oui, un pogo dans un concert de métal ce n'est pas un pogo au Supersonic, et encaisser des quarantenaires de cent-dix kilos c'est un autre sport, ce qui ne nous empêchera pas d'y aller sans considération pour notre vie dans l'infernale montée de
Daughter Of Lucifer. Petit passage par les EPs du confinement :
Vampire donne une touche presque pop-rock qui se fera éclater juste après par
At War With Myself, le groupe s'arrête, Kitty fait un câlin à Jon, et on sent déjà où tout ça va nous mener devant l'émotion qui parcourt le gang de la mort ou de la gloire. Déjà entendue en live acoustique juste avant une interview au Dr.Feelgood,
This Is Not The End est une chanson à l'histoire particulière, une chanson écrite dans la douleur, peu avant la sortie de l'album, une chanson crève-cœur à enregistrer concernant le décès de la mère de Kitty, qui l'introduira en racontant cette histoire, une histoire de peine et de lumière sortant des ténèbres, une histoire qui sera jouée tous les soirs de la tournée devant des centaines de personnes.
Une histoire que Kitty racontera seule à la foule, guitariste et bassiste se tournent vers leur batteur jusqu'à ce que la chanson explose, et que tout le groupe relâche la pression émotionnelle de ces instants à la fois intimes et publiques qui donnent toute sa beauté à la musique live. Un instant de tristesse et de deuil partagé auquel succèdera une fin de concert en boulet de canon :
Outsider nous envoie la lourdeur de son pont dans les chicots, en même temps qu'un Michel nous cale un coup d'épaule entre deux côtes et une béquille. Les exactions sont encouragées par Kitty qui s'avance au-dessus de la foule, et débute
Repent avant d'elle-même se lancer sur la masse de quarantenaires suant en toute connaissance de cause.
Dernière chanson du soir,
Middle Finger allume un molotov en plein milieu de Paris, transformant une zone déjà pas bien clean en une totale zone de non-droit, quatre minutes de pogo enragé, une chanteuse qui fait des fucks à tout le monde, une fin de l'espace faite pour nous casser les cervicales, et rideau !
Piggy de Nine Inch Nails résonne dans les enceintes pour bien faire comprendre que c'est la fin, après seulement cinquante minutes d'un concert bien trop intense et bien trop court. Alors sans jouer deux heures, on aurait quand même bien aimé entendre un petit
Welcome To Silvertown en rappel, parce que ce premier album était quand même une monumentale claque, et qu'il est triste de se dire qu'on ne l'entendra vraisemblablement plus en live !
Une conclusion en somme bien compliquée à faire, tant on a adoré ce qu'on a vu et entendu ce soir, mais à ce rapport quantité/prix, il y avait petite déception à la sortie !