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The Kills
Picture Parlour

Paris, Olympia - 3 mai 2024

Live-report par Adonis Didier

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A un mois des élections européennes, une question hante les esprits : mais que diable veut le peuple ? Une question complexe qui sera ce soir vite répondue, car à l'Olympia de Paris le peuple veut du rock, et du rock le peuple aura, à commencer par les mancuniennes de Picture Parlour.


Alors oui, le batteur est un homme, mais l'attraction principale du groupe consiste bien en ses trois frontwomen tout droit sorties des années 60. Trench coat imperméable, pantalon pattes d'eph' et bottes de cuir, pour un rock brut, langoureux, cool et sexy, auquel il ne manque que le chapeau melon pour véritablement nous ramener cinquante ans en arrière. Ça croone, ça feule, ranimant brièvement l'image de Janis Joplin à l'Olympia, tant d'années après, dans un rock qui n'invente rien, sans se prendre pour ce qu'il n'est pas. Les références sont assumées, réutilisées, dans l'unique but de divertir, comme cette Norwegian Wood finale croisant les Beatles, David Bowie, et T. Rex, car quitte à ne pas être original, autant le faire bien. Donc voilà, Picture Parlour c‘est du rock, juste du rock, avec rien derrière si ce n'est très loin dans les rétros la police du fun, bien en peine de rattraper la Chevrolet revisitant sans complexe tous les kilomètres de la Route 61.


Et tiens, en parlant de n'avoir aucun complexe et d'en avoir rien à foutre de rien, rebonjour Alison et Jamie, The Kills reviennent en ville pour tout casser, alors prévenez vos mères-grand de calfeutrer les fenêtres, ou de ramener une soixante-quinze de gnôle si vraiment votre mère-grand est une cool kid. Des Kills croisés il y a sept mois au ARTE Concert Festival dans une atmosphère beaucoup plus snob et gratuite que ce soir, alors voyons voir ce que donne ce nouvel album God Games devant une foule de fans venue pour autre chose que taper la bise et passer à la télévision ! Mais commençons par les classiques, Kissy Kissy débarque, lourde et crade comme si c'était encore 2003 dehors, avant que U.R.A Fever ne démarre la foule, et qu'Alison Mosshart nous fasse vraiment croire qu'on est en 2003. Ça danse, ça bouge sans retenue, Love And Tenderness déclenche les ooooh ooooh d'une foule qui a révisé avant de venir, pour l'une des seules chansons notables du dernier album, parce que, spoiler alert, les chansons ne se sont pas améliorées en sept mois.


Alors on zappe mentalement 103 et Going To Heaven, pour arriver directement aux cris de la fosse dès l'intro de Baby Says, et à l'unique masterpiece de God Games : New York. Des lumières synchronisées sur les coups de la boîte à rythmes, Jamie qui balance son riff démentiel à la face extatique d'un public ravi, pour le sommet de mise en scène d'un concert dont le reste se passera sans surprise à deux devant un grand rideau pailleté. Un très joli rideau que l'on prendra le temps d'admirer pendant que l'esprit vagabonde sur des chansons un brin mollassonnes, monotonie brisée par les coups de rasoir crépitant de Fried My Little Brains et DNA, menant logiquement à l'apogée attendu du concert : les gargantuesques Doing It To Death et Future Starts Slow. Deux tubes monumentaux, les deux principales raisons qui ont poussé autant de gens à rendre complet un concert à cinquante balles, et un moment que l'on n'oubliera pas de sitôt, ponctué par un adorable câlin de fin de set entre les deux stars du soir.
Point rapide pour le rappel sur la configuration scénique, incluant une estrade DJ surélevée en milieu de scène, squattée par le mafieux gominé Jamie Hince pour Blank, reprenant sa guitare pour le solo de la très belle Better Days (pour dire que le dernier album est parfois très sympa), avant qu'il ne soit l'heure d'en terminer sur la bombe Sour Cherry. On tape alors dans les mains et on ahane jusqu'à ce que le soleil disparaisse à l'horizon dans la nuit, et que les cerises se transforment en alcool digestif.

De quoi se relancer Keep On Your Mean Side sur la platine en rentrant, pour se dire que les Kills n'ont qu'à moitié respecté le crédo édicté il y a de cela vingt-et-unes années. Le côté méchant n'est plus, mais cela n'empêche pas le groupe d'être une machine à tubes qui remplit un Olympia. Même si chaque seconde de ce concert n'était pas la meilleure de notre vie, on a passé suffisamment de secondes à rêver pour se dire que ça valait le coup !
setlist
    PICTURE PARLOUR
    Moon Tonic
    Dial Up
    Sawmill Sink Hole
    Judgement Day
    The Face In The Picture
    Neptune 66
    Ronnie
    Norwegian Wood

    THE KILLS
    Kissy Kissy
    U.R.A Fever
    Love And Tenderness
    103
    Going To Heaven
    Baby Says
    New York
    Wasterpiece
    Kingdom Come
    Fried My Little Brains
    Hard Habit To Break
    God Games
    Telephone Radio Germany
    Black Balloon
    DNA
    LA Hex
    Doing It To Death
    Future Starts Slow
    ---
    Blank
    Better Days
    My Girls My Girls
    Sour Cherry
photos du concert
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