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October Drift

Paris, Supersonic - 24 mai 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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En mai nous prenons nos quartiers à la rue Biscornet de Paris. Les copains du Supersonic savent nous coacher pour être au mieux de notre forme l'été, afin de braver les scènes des festivals ou, dans un autre genre, les playlists douteuses des campings ou autres fêtes de famille. Nous concernant, nous venons y récolter la moisson de jeunes talents indés semée ces derniers mois, l'apothéose étant le festival home made Block Party du 30 mai au 1er juin, où le taulier et ses camarades nous réservent un millésime de toute beauté.

Ainsi, nous aimons à nous mettre sérieusement dans l'ambiance et pour cela, retour au Supersonic Club quelques jours après le sympathique concert de goo pour à nouveau retrouver October Drift, que nous croisons maintenant régulièrement depuis un an, que cela soit en petite configuration comme ce soir ou dans les temples du divertissement telle l'AccorArena. Non, vous n'avez pas raté un train, October Drift ne se sont pas (encore ?) transformés en Alex Turner Orchestra, ils ont simplement eu le privilège d'ouvrir en France pour Archive lors de leur tournée marathon, leur donnant un petit avant-goût de ce qui pourrait peut-être un jour les attendre.


Pour celles et ceux qui ont un peu comater cette dernière année, nous vous présentons October Drift, quatuor issu de la belle contrée du Sommerset, située au Sud-Ouest de l'Angleterre. Une région connue pour ces grands parcs verdoyants, son festival de Glastonbury et sa Polly-Jean Harvey. Le groupe composé de Kiran Roy au chant et à la guitare, Dan Young à la guitare, Alex Bipham à la basse et Chris Holmes à la batterie nous a déjà régalés de deux albums au rock très empreint des années 90s, Forever Whatever en 2020 et I Don't Belong Anywhere en 2022, de celui qui sature et qui bondit dans tous les sens. Nous avons pour la première fois croisé le chemin des Anglais au Supersonic en mars 2023, lors de leur toute première scène parisienne, alors en support des excellents mancuniens The Slow Readers Club. Incroyable rencontre dont la surpuissance nous avait alors réellement scotchés sur place. Nous avons pu en remettre une couche avec un retour au Point Éphémère le 12 mars dernier, cette fois-ci en première partie des ténébreux et toujours mancuniens IST IST, le set contrastant alors à nouveau d'avec le groupe star de la soirée. Ayant enfin eu toute une tripotée d'excellents échos de la performance menée à l'AccorArena pour Archive, c'est donc très motivés que nous retournons au Supersonic pour enfin découvrir October Drift en tête d'affiche.

Suite à une petite discussion avec le groupe avant le concert, nous confirmons le bonheur des Anglais de revenir à la Bastille, ces derniers nous ayant confié que Paris est la ville où ils se sont le plus produits en Europe. Il était donc normal de repasser nous faire un petit bonjour, en toute amitié, le groupe ayant seulement à ce jour un nouveau single Blame The Young paru il y a peu. Comme un petit tour de chauffe avant leurs vacances estivales bien méritées, October Drift prennent donc possession de la scène après, c'est décidément de coutume avec eux, les prestations de deux groupes fortement teintés de shoegaze qui contrastent encore totalement avec leur power pop débridée. Ces étonnantes introductions n'ont alors fait que mettre en exergue l'incroyable qualité du rock d'October Drift, et la jauge du club à son maximum dès 21h nous l'a bien prouvée. Rares sont les soirées non thématiques à faire le plein si tôt, et il est alors très appréciable de découvrir une bonne grosse quinzaine de fans anglais venus pour cette occasion. C'est donc un défilé de tee-shirts à l'effigie du groupe et toutes pintes dehors que nos amis britons se postent au-devant de la scène, et seront les premiers à lancer les pogos dévastateurs dès les toutes premières minutes du set.


Très zen et détendu lors de notre rencontre en fin d'après-midi, c'est un groupe métamorphosé en bête de scène que nous retrouvons dès 22h30, sous des lumières rouges et roses agressives, guitare harnachée sous l'aisselle pour Kiran, tout de banc vêtu, et portée « à la Hooky » pour Dan, les deux guitaristes accompagnés d'Alex tout à gauche et Chris en retrait se mettent dès les premières notes de Lost Without You à bondir de part et d'autres de la petite scène, et ce sans aucune collision, preuve d'une parfaite maîtrise de leur exubérance. Comme à l'accoutumée, c'est Kiran qui mène le show, dégageant un charisme rayonnant, sauts de cabris et grimaces à l'appui, le jeune anglais vit à 200% son interprétation des morceaux en priorité ce soir extraits de I Don't Belong Anywhere, second album toujours très porté sur ce rock alternatif américain du début des années 90s.

Mais il serait faux de cataloguer October Drift dans ce seul genre, les quatre musiciens instillant dans leur morceaux la fougue de leur vingtaine et cette touche bien plus subtile à la britannique, faisant varier leur style, contrebalançant entre titres pop-rock plus posés et explosion de riffs suraigus qui empruntent alors plus au post-hardcore de leurs idoles Biffy Clyro. On chavire, on tangue, on ne sait plus sur quel pied danser (ou plutôt ici pogoter), cette surdose d'énergie ne pouvant être contenue sur scène. Voilà pourquoi à plusieurs reprises Kiran ira plonger dans la foule, quand il ne se fera pas hisser à bout de bras pour atteindre le balcon pour surplomber cette foule totalement acquise à sa cause. On apprécie les cascades, craignant toujours un peu à chacun des concerts où Kiran peut se plier à l'exercice qu'il ne se brise le cou et le public quant à lui repart de plus belle, continuant de transformer en arène de lutte la petite fosse, expulsant littéralement les plus faibles consistances tout au fond du bar.

Seulement cinquante minutes de show qui nous auront permis de renouer avec les titres les plus dynamiques des deux premiers albums, gratifiés du dernier single Blame The Young et d'un inédit encore intitulé Intro, pressentant qu'October Drift nous dévoileront rapidement d'autres nouveautés. Trempé, tuméfié, mais comblé, le public se dirige dès la fin du set vers le stand merchandising tenu par nos héros de la soirée, ravis de recevoir les félicitations des spectateurs conquis, quand ceux qui n'ont pas égaré leur portefeuille ou leur portable dans la cohue se ruent sur les albums et goodies disponibles.

Ce retour d'October Drift a de nouveau été un succès retentissant, la formation étant définitivement un groupe de live, transcendant ses titres sur scène d'une manière quasi insoupçonnable à l'écoute des disques, rendant ainsi nos rencontres toujours de plus en plus excitantes.
setlist
    Lost Without You
    Losing My Touch
    Intro
    Blame The Young
    Waltzer
    Bleed
    Insects
    Airborne Panic Attack
    Come And Find Me
    Forever Whatever
    Oh The Silence
photos du concert
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