October Drift

On avait laissé October Drift au début de l'année 2020, dans le soi-disant « monde d'avant » avec Forever Whatever, premier album qui développait un rock parfois doux, parfois plus saturé mais résolument pop dans ce qu'il avait de facile d'accès. Deux ans plus tard, le monde n'a pas vraiment changé, et October Drift non plus.

Ces sympathiques gars reviennent avec un nouvel album, I Don't Belong Anywhere, pas vraiment bien nommé tant la musique du groupe est calibrée. Voici qui pourrait être fâcheux pour la suite des événements, mais curieusement, quelque chose chez October Drift pousse à aller plus loin, à dépasser le simple fait que la prise de risque est absolument minimale et que l'impression de se voir servir une recette vieille de plusieurs dizaines d'années est furieusement récurrente.
Dès les premières notes de Airborne Panic Attack, le cadre est posé et la sensation qu'il est impossible de se perdre sur ce chemin balisé est prégnant. Voilà qui n'est pas de nature à rassurer ceux d'entre vous qui souhaitent être surpris, bousculés dans leurs certitudes. Le groupe emprunte les codes éculés des groupes émergents des années 90 sans aucune sorte de gêne. Pourtant, dès ce premier titre, ou sur d'autres comme Insects, l'évidence n'agit pas comme un repoussoir et on finit par se laisser porter par ces titres sans réelle aspérité.

Comme sur leur premier album, October Drift usent et abusent de l'alternance entre sons clairs et saturés, à l'image de ce que pouvaient faire, toutes proportions gardées, les Smashing Pumpkins il y a une trentaine d'années. Au demeurant, et même s'ils s'en cacheront peut-être, il est ici souvent question d'influences rock US assez évidentes, même si les tentatives de revenir sur des sons propres aux groupes indie de Grande-Bretagne comme sur Lost Without You se ressent ci ou là.
Parfois le dérapage est incontrôlé comme sur les petites balades trop évidentes et convenues Bleed ou le final Old And Distant Memory, qui frôle dangereusement avec la frontière de la mièvrerie assumée. À ce petit jeu, Ever After fonctionne mieux, mais là encore les poncifs 90' sont vraiment omniprésents.

Il n'empêche, bien que souffrant terriblement de manque d'ambition et de créativité, I Don't Belong Anywhere possède quelques titres qui sont définitivement agréables et sur lesquels on prend plaisir à revenir tels Parasite ou Waltzer. Sur Webcam Funerals, et surtout Feels Like Home, qui aurait trouvé toute sa place sur un mauvais film pour teenagers, ou entre deux interventions radiophoniques de Doc et Difool, que l'on trouve tout le potentiel de ce groupe. À défaut de changer les règles du jeu, October Drift parviennent à capter l'attention de leur auditoire de façon tout à fait convaincante.

Bien sûr, on pourra reprocher au groupe le manque évident de prises de risques. October Drift ne s'ennuient pas à se creuser la tête, et semble parer au plus pressé. Ces gars font penser à ce sportif qui termine sa séance de crossfit sans avoir transpiré, pas par facilité mais parce qu'il en garde sous la semelle. C'est en tous cas à espérer, car malgré toute la sympathie que dégage le groupe, il sera difficile à l'avenir de maintenir de l'intérêt sans évoluer un tant soit peu.