Chronique Album
Date de sortie : 24.01.2020
Label : Physical Education Recordings
Rédigé par
Bertrand Corbaton, le 20 janvier 2020
Depuis 2015, les quatre membres d’October Drift écument les petites salles de Grande-Bretagne et récoltent les éloges de la presse locale. Quelques singles, deux EPs plus tard et après avoir fait les premières parties d’Editors, Archive, ou We Are Scientists fin 2019, il était temps de regrouper ces titres joués en live sur un véritable album.
C’est chose faite avec Forever Whatever, effort de dix titres qui met en évidence la formidable capacité du groupe à accoucher de mélodies accrocheuses qui restent en tête et donnent envie de nouvelles écoutes. Si bon nombre des compositions ne manqueront pas d’évoquer Editors, la structure des morceaux diffère de leurs grands frères de Birmingham. Quand ces derniers tapissent désormais leurs compos de touches électroniques, October Drift vont favoriser l’alternance entre sons clairs et ronds, et refrains soutenus par des guitares lourdes, donnant l’impression d’un mur du son qui envahit l’espace. Cette structure se retrouve sur Losing My Touch, parfait morceau d’introduction, et se répète, presque trop souvent, sur la majeure partie de l’album. Cherry Red, Don’t Give Me Hope ou The Past n’échappent pas à la règle.
La pop tantôt nerveuse et rapide comme sur Oh The Silence, tantôt plus lente qui caractérise les compositions de Forever Whatever fonctionne et on trouve de véritables réussites, comme sur ce Cinnamon Girl enlevé et tendu. Sans cacher leur attrait pour Joy Division, dont ils reprennent Atmosphere sur scène, October Drift préfèrent cependant naviguer dans des ambiances parfois mélancoliques mais presque toujours chaleureuses et positives. Le superbe Just Got Caught sort pourtant un peu de ce prisme. Ce titre intense et grave est l’un des plus réussis. Les saturations se font plus discrètes et partagent la place avec des nappes froides du meilleur effet. Just Got Caught et à un degré moindre Milky Blue avec ses sonorités à la Cure, donnent une bonne piste pour les futures productions du groupe qui gagnerait certainement à sortir de sa zone de confort et à éviter ces guitares saturées un peu trop systématiques.
L’album n’évite pas la malheureuse balade un peu mièvre et fade. On se serait pourtant passé de ce Naked qui jure un peu avec l’ensemble. Heureusement les deux morceaux suivants sont plus conformes à l’album, avec le titre éponyme, puis enfin The Past, titre grandiloquent pour clôturer ce Forever Whatever.
Forever Whatever ressemble à une compilation de singles d’une formation qui aurait bourlingué depuis plusieurs années et sorti plusieurs albums. Le tout est pourtant cohérent. Il démontre le talent indéniable du groupe pour composer des mélodies pop rock imparables. L’ensemble tend tout de même à laisser une impression de déjà vu, et la répétition entre passages clairs et effets saturés peut agacer.
Malgré ce manque d’originalité, l’efficacité d’une très grande majorité des morceaux fait passer la pilule et donne envie de revenir sur cet album encourageant pour la suite.