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Fat Dog
ELLiS·D

Paris, Petit Bain - 5 octobre 2024

Live-report par Franck Narquin

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Attation ! D'où viennent les nains ? Qui se cache derrière les tartines ? En quelle matière est fait le véritable Saddam Hussein ? Voici quelques-unes des questions essentielles que se posait Pierre La Police dans son ouvrage intitulé Attation! aux éditions Cornélius. Attation! à ne pas confondre avec Cornelius, artiste également connu comme le « Beck Japonais », issu de la scène Shibuya-kei et auteur en 1998 de l'album CM sur lequel il remixait les artistes l'ayant lui-même remixé sur FM, album de remix de Fantasma, son petit chef d'œuvre de pop moderne azimutée. Nous invitons chaudement les jeunes lecteurs (ndlr : « jeune » se dit d'une personne à qui il reste encore des cheveux et des idéaux mais qui ignore totalement le sens des mots cassette vidéo, hernie discale et Oasis) à écouter ce disque sur leur plateforme de streaming préférée ou à aller voler un exemplaire du vinyle disponible chez Balades Sonores, seul magasin de disques au monde dont le patron est un chat (ndlr : anecdote aussi croustillante que 100% véridique !). Entre Attation! du français Pierre La Police, Fantasma du japonais Cornelius et WOOF., premier album de bâtard des anglais Fat Dog, quel est le rapport ? Car oui il y a un toujours un rapport et cette fois ce ne sont ni les juifs, ni les Illuminatis, ni même les passeurs tous titulaires d'un DESS de droit social, civil et fiscal français (coucou Bruno Retailleau, seul ministre de l'Intérieur capable de faire regretter Christophe Castaner). Et oui Jamy, le rapport est qu'ils ont tous été produits dans les mêmes locaux situés au septième étage et demi d'un immeuble de bureaux logé dans la tête de John Malkovich. Un lieu où se mêlent delirium tremens et génie créatif et d'où sortent des œuvres dont on ne saurait dire si elles sont rigolotes, navrantes ou révolutionnaires. Dans tous les cas, une chose est sûre, ces colocataires organiseront la fête des voisins la plus slay de la planète (ou du moins ce qu'il en reste).

Expliquer Fat Dog à ma mère, check. Compréhension de ce qu'est Fat Dog par ma mère, échec. Mais comme vous n'êtes pas ma mère, nous allons tout de suite taper dans le fond du sujet. Fat Dog ce sont des gars, des filles, un saxophone comme sur Joe le Taxi, des inspirations qui viennent de partout et un groupe qui ne marche pas au soda. Fat Dog c'est 205 concerts en quatre ans (ndlr : anecdote aussi croustillante que 100% véridique !), treize mois de hype, une signature chez Domino Records, un remix par Mandy, Indiana et une interview par Adonis Didier dans une langue étrangère non identifiée. Fat Dog c'est surtout Joe Love, pseudo de pornstar de seconde zone, chapka vissée sur la tête et éternelle veste polaire Ushuaia bariolée comme en portaient les fluos kids de la nu-rave et Jean-Claude Killy, autre grand spécialiste des domaines hors-pistes. Don't believe Jérôme Minière, Fat dog c'est tout sauf un avis de défaite.


J'allais oublier, il y avait ce soir à Petit Bain, salle aussi cool que bien trop loin de chez moi, une première partie d'un artiste anglais (note : anecdote géographique 100% véridique mais de peu d'intérêt pour qui n'habite pas chez moi, cela dit j'aimerais vous y voir, revenir de Petit Bain un dimanche matin sur ma mobylette), N'ayant assisté qu'à trois titres de leur set, la fiabilité de mon analyse sur l'échelle du journalisme restera du niveau « la mère à Riolo, le père à Riolo », soit un ton péremptoire tentant de couvrir une totale absence de propos. On aime chez ELLiS·D, la dite première partie, leur titre Carousel présent sur notre playlist Sound Of September, leur sosie de Vald jouant du tambourin, leur charisme évident et leur aisance sur scène. On aime moins qu'ils commencent leur concert alors qu'on a encore des coups de fils à passer ainsi que cette dernière petite marche à franchir qui les fera basculer d'élèves appliqués aux goûts surs à groupe proposant une musique à l'identité aussi personnelle que marquée. Je vois déjà des fans s'indigner de tels propos confirmant ainsi la devise de RMC : « aujourd'hui on ne peut plus rien dire ! » .

Mais alors ce concert de Fat Dog à Petit Bain ? Bien ou Bien ? Oui ou Non ? En un mot, comme diraient mes ex, c'était court mais intense. Un mot c'est bien mais comme vous n'êtes toujours pas ma mère, et ne le serez jamais, j'imagine que vous voulez que je vous en donne plus, que je vous conte les coulisses, les rumeurs d'arrière-salles, les cancans faisant les gorges chaudes du Tout-Paris, la dernière idée géniale de Niel & Pigasse, ces Satanas et Diabolo de la Start-up Nation ou ce qu'il se passait réellement lors des soirées blanches organisées par Sean Combs aka Puff Daddy, Puffy, Diddy ou P. Diddy (ndlr : si quelqu'un à cinq noms différents, red flag !). Vous voulez connaître la couleur de mes sous-vêtements, savoir ce que j'ai là-dessous, sont-ils roses ou transparents et montrent-ils mon tout nouveau tatouage dans le bas du dos ? Pour saisir cette dernière référence, nous invitons les vieux lecteurs à écouter Brat de Charli XCX (ndlr : « vieux » se dit d'une personne ayant construit sa cinéphilie en regardant des cassettes vidéo, aimé les huit bonnes chansons d'Oasis et souffrant d'une hernie discale mais n'ayant aucun souvenir de quelle manière il a perdu ses cheveux et ses idéaux, si ce n'est pour ces derniers probablement dans un bulletin de vote PS. Coucou Olivier Faure, seul dirigeant socialiste capable de faire regretter Emmanuel Valls).


Bonjour, je voudrais une baguette tradition s'il vous plait. Et avec ça ? Rien merci, je suis un peu pressé car je suis au milieu de ma chronique du concert de Fat Dog. Bah, vous partez acheter du pain en pleine chronique vous ? On n'aurait jamais vu Patrick Eudeline agir de la sorte mon petit monsieur ! Je sais bien mais c'est Fat Dog, donc tout est permis, du canulard le plus lourdingue à l'hymne le plus fédérateur. Le principe est de faire ce qui vous passe par la tête et puis voir où cela vous emmène. OK mon coco, mais n'est pas Joe Love qui veut. Pas faux Nadine, d'ailleurs savez-vous combien de temps il faut à Fat Dog pour chauffer à blanc une salle de concert ? Alors là, je donne ma langue à Chat GPT. Eh bien Nadine, croyez-le ou non, dans tous les cas ça ne changera pas la fin de Lost, il en faut zéro, keutchi, nada, cahuette. Le groupe n'a même pas le temps de prononcer « IT'S FUCKING FAT DOG ! » que tous les kids (aka « jeunes », cf. définition ci-dessus) de la fosse se lancent dans un pogo qui semble vouloir nous (aka « vieux », cf. définition ci-dessus) dire « je ne m'arrêterai que sur intervention du SAMU ».

A toute berzingue, c'est la vitesse ahurissante à laquelle a été chronométré ce concert de Fat Dog et ce devant un parterre plus sautillant qu'un Kangourou sous kétamine ayant fait verser aux spectateurs assez de sueur pour remplir deux piscines olympiques, si ce n'est trois. Comme sur WOOF. le disque, Vigilante ouvre les hostilités des shows du Woof Tour avec ce cri de ralliement qui vous est désormais familier « IT'S FUCKING FAT DOG ! ». Mais il manque des musiciens sur scène ! Où sont-ils cachés ? Saperlipopette, ils sont déjà descendus dans la fosse pour foutre le dawa ! Bien que les paroles de leurs chansons décrivent avec une amère désillusion la déliquescence du monde actuel voyant la bave de quelques chiens obèses à l'appétit insatiable ruisseler sur le bon peuple des pays d'Europe et d'ailleurs, au point de presque le noyer, on ne vient pas à un concert de Fat Dog pour parler philosophie ou durée de vie du gouvernement Barnier. On y vient pour s'enjailler comme si nous étions à la fête d'un village à mi-chemin entre l'Ile aux Enfants et Midsommar, et dont l'animation musicale aurait été confiée à un supergroupe composé de membres d'IDLES et du Grand Orchestre du Splendid qui auraient été élevés autant par les sons hybrides éléctro-rock des Chemical Brothers que par la poésie libertaire et déglinguée de The Pogues.


À fond du début à la fin, enchaînant sans relâche les titres de l'album, tous aussi bons les uns que les autres, Fat Dog testent même le cardio des spectateurs avec une série composée de All The Same, King Of The Slugs et Wither. Seul I Am The King nous offre un moment d'accalmie pour régler nos pacemakers. Vous n'êtes pas fatigués ? On n'est pas fatigués ! Alors c'est reparti mon kiki, danse, chante et mets tes baskets pour une séance de Running en forme de sprint final. Notre sourire ainsi que celui de tous les spectateurs en disent long sur le plaisir que nous ont donné ces cinq zozos de South London, capitale mondiale du cool (Wu-Lu, shame, Squid, Tirzah ou Loyle Carner, que des numéros dix au sud de la Tamise). En bons parisiens qui n'aiment rien, nous cherchons à apporter notre petit bémol face à cette satisfaction générale. Sans trou d'air et mené sur un rythme constant, ce set ne souffre d'aucun moment faible mais inversement n'offre pas son moment fort, sa petite surprise inattendue. La bande à Joe semblent alors lire dans nos pensées et nous répond « parisiens, têtes de chiens ! » en interprétant en guise de rappel une reprise de Satisfaction, titre non pas des Rolling Stones mais du DJ italien Benny Benassi. Mais ce groupe est fou ? Oh, oui ! Si tel Thibault Courtois et le NFP, le seum vous habite après avoir raté ce concert affichant depuis belle lurette complet de chez complet, sachez qu'une nouvelle séance de thérapie collective est organisée le 4 avril prochain au Trabendo (et entre temps un peu partout sur la planète Terre, ou de ce qu'il en reste, de Lyon à San Francisco).

Traversant tout Paris sur ma mobylette pour regagner mes appartements situés au nord de la capitale, un vent léger souffle sur mon visage et le bruit du moteur semble me chanter de délicieux woof, woof. Je me dis alors que de Beethoven à The Stooges, musique et monde canin ont toujours fait bon ménage et que derrière la sympathique et rassurante image du bon toutou à son papa et au-delà de l'apparence de joyeux huluberlus un brin cabotins que nous donne à voir Fat Dog, il faut peut-être lire dans cette analogie un message plus profond. Le chien serait-il l'avenir de l'homme ? Que signifient les derniers mots de WOOF., « You can kill the man, but you cannot kill the dog » ? D'où viennent les nains ? Qui se cache derrière les tartines ? En quelle matière est fait le véritable Saddam Hussein ?
setlist
    ELLiS·D
    Chasing The Blue
    Humdrum
    Degenerate Effeminate
    Homecoming Queen
    Shakedown
    Drifting

    FAT DOG
    Vigilante
    Closer To God
    All The Same
    King Of The Slugs
    Wither
    I Am the King
    Pray To That
    Peace Song
    Running
    ---
    Satisfaction (Benny Benassi cover)
photos du concert
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