Au-delà de cette introduction se trouve une autre dimension. Une dimension sonore, visuelle, intellectuelle. Vous allez maintenant découvrir un univers où se confondent illusion et réalité. Bienvenue dans... la Quatrième Dimension. La Quatrième Dimension, où comme on l'appelle plus couramment, « une demi-heure d'interview avec Fat Dog », nouvelle sensation rave-punk et plein d'autres choses venue de Londres, dont le tout premier album WOOF. sort ce 6 septembre chez Domino Records. Une demi-heure passée avec Joe Love, le chanteur de la formation, ainsi que Chris Hughes, son claviériste, dont j'essayerais bien de vous faire croire qu'elle fut sérieuse et studieuse, mais vous vous rendrez bien assez vite compte que non. Alors plongez avec moi dans la Quatrième Dimension, et laissez de côté toute rationalité, toute logique cartésienne à laquelle se raccrocher, et partez du principe que tout ce que vous vous apprêtez à lire ici est une conversation qui a véritablement existé. Enfin, je crois...
Vous êtes beaucoup venus à Paris ces derniers mois, c'est quoi votre sentiment, vos souvenirs à propos de cette ville ?
Chris : Oui on est venus quelques fois, on a fait ce concert au Supersonic, c'était fou ! J'étais complètement fou aussi, il y a de la bonne bouffe ici ! Je me souviens juste d'un gars qui grimpait... Joe : La Tour Eiffel ? Chris : Non, au Supersonic, entre les étages, il y avait un mec qui avait grimpé pour s'accrocher à l'étage ! Sinon je suis pas mal sorti après le « fashion show » qu'on a fait ici, avec deux balles en poche, j'ai mangé trois steaks en une journée, je suis allé voir la Tour Eiffel. C'était vraiment bien.
Vous avez joué au Supersonic pour les Avant-Gardes du Pitchfork Music Festival, aux Inrocks Festival aussi, ça fait déjà deux concerts à Paris...
Chris : Trois même, je crois. Joe : Oui, trois, mais un des trois c'était le « fashion show ». Paris c'est un endroit cool pour prendre des verres. Chris : Oui, c'est une belle ville pour boire quelques bières. Joe : On a été invités chez Céline Paris, je n'ai jamais fini aussi éclaté de ma vie... Chris : Oui on avait open bar. Il y a deux trucs que tu ne mélanges pas, c'est les anglais et les open bars ! Je suis tombé sur la batterie pendant qu'on jouait, la copine de Joe a fini éclatée, Jacqui a fini éclaté... Joe : Après on se baladait, complètement défoncés. Chris : En mode « c'est un micro ce truc !? Est-ce que c'est un micro !? ». Et la minute d'après tu es à côté de Wiz Khalifa, à lui mettre une claque sur le cul (rires) ! Joe : Ça part juste tellement en couilles quand tu files des verres gratuits à des anglais... Et Wiz Khalifa est un mec super gentil au passage ! Chris : Oui, il est adorable. Je lui ai demandé ce qu'il a pensé de notre concert, il a juste tapé dans les mains et fait « Je suis prêt ! ». Joe : Prêt à quoi ? Prêt à défiler ? Chris : Il a juste dit « Je suis prêt ! » (rires). Joe : De toute façon il chope toutes ses fringues gratuitement j'imagine, c'est cool pour lui. Chris : Il est blindé le mec, il s'en fout ! Mais assez parlé de Wiz Khalifa, ce n'est pas la promo de Wiz Khalifa ici ! Joe : Ceci dit, le mec est bon, il est putain de fantastique !
Vous vous rendez compte que je vais devoir faire une transition à partir de ça ?
Chris : N'essaie même pas ! (rires)
Bon, reprenons depuis le début, comme vous êtes un groupe plutôt neuf, je veux dire l'an dernier personne ne vous connaissait en France, comment décririez-vous Fat Dog ? La musique, le groupe, l'énergie...
Chris : Une grande partie de Fat Dog c'est d'essayer de toujours pousser vers l'avant, avec beaucoup de grosse caisse, de basses, des fois un peu plus de calme, mais toujours en essayant d'être « cinématique », quoi qu'il se passe. Toujours essayer d'être lourd, dynamique, chargé en intensité. Joe : Un peu de lourdeur, un peu de lenteur, un peu de déconneur. Et pas de merdes, seulement les bons trucs.
Il me semble que j'ai écrit rave-punk mésopotamien en parlant de vous au concert des Inrocks...
Chris : Continue à faire ça, ça sonne grave bien !
Et ce style, d'où est-ce que ça vient, comment ça a commencé ?
Joe : Chez moi, pendant le confinement, je créais des rythmes, des beats, et j'ai apporté ça à d'autres personnes pour essayer de créer un truc, un... désolé c'est la quinzième interview aujourd'hui, je suis rincé ! Chris : Vas-y je le fais pour toi ! Donc ça a commencé avec juste Joe, et puis Joe s'est dit que peut-être le tout sonnerait mieux, ou marcherait mieux, si c'était dans un groupe, alors il a appelé des potes d'école à lui, et ils ont lancé le groupe. Joe : C'est comme dans Le Grand Braquage (ndlr : The Great Heist en VO). Chris : Oui, vas-y bâtard, j'en suis ! (ndlr : “You son of a bitch I'm in” de Rick & Morty en VO). C'était comme dans Ocean's Eleven (rires) ! Très similaire à l'intro d'Ocean's Eleven, si tu veux mettre ça, ce sera plus simple, et de toute façon la vraie histoire est tellement plus banale (rires) !
En restant sur la musique et le groupe, c'est toi Joe qui avait dit que c'était dur de réussir à enregistrer les choses qu'il y a dans ta tête, aussi de garder la même énergie, la même intensité qu'en live...
Joe : Oui, c'est toujours dur de transférer d'un medium à un autre. Je veux dire que c'est tout de la musique, mais du live au studio pour moi c'est comme passer d'un medium à un autre, vraiment. Chris : Oui c'est dur d'avoir ce sentiment live sans avoir un public autour. C'est dur de trouver cette hype en studio. Mais en même temps, tu as l'opportunité de bidouiller des trucs, d'expérimenter, de rajouter des sons que tu n'aurais jamais pu faire en live. Donc ça crée des limitations et ça en enlève, et tu peux finir par faire un album plus condensé, plus intéressant en réunissant ces deux trucs un peu opposés.
Pour ça, vous avez bossé avec James Ford (ndlr : producteur des Arctic Monkeys, Florence + Machine, etc..), et vous avez dit qu'il vous a beaucoup aidés à gérer cette problématique...
Joe : Oui, c'est un très grand producteur. Chris : Il est très bon parce qu'il a été capable de nous donner de l'objectivité et du recul quand on commençait à trop se perdre dans des trucs, à surtravailler des chansons. C'est un des rôles du producteur, de dire « là c'est bon, maintenant faut avancer sur autre chose ! On est occupés les gars, donc allez on passe à la chanson suivante, celle-là elle est bonne ! ». Joe : Oui, c'est pour ça qu'on paye le gars quarante plaques ! (rires)
Et donc, c'est quoi l'histoire que raconte cet album, l'idée derrière ? Parce que tu as dit que vous cherchez à être cinématiques, et quand je visualise cet album dans ma tête, je vois SOS Fantômes croisé avec les Monty Pythons...
Chris : Oh mec, redis-moi ça encore s'il te plaît ! J'adore SOS Fantômes ! Joe : SOS Fantômes croisé avec quoi ? Chris : Les Monty Pythons ! Joe : Oh putain, c'est cool ça ! Chris : J'adore ! J'avais jamais entendu ça avant, mais j'adore !
Je dis ça parce que vous avez ce truc biblique dans l'album, les grosses voix, l'énergie divine, le créateur, et en même temps tout est un peu ridicule, absurde, parce que la grosse créature divine c'est juste un carlin obèse !
Chris : Maintenant que tu le dis je vois exactement le truc. C'est comme le Bibendum Chamallow ! Joe : C'est quoi le Bibendum Chamallow ? Chris : Mais si, le Stay-Puft Bibendum Chamallow ! Joe : Je n'ai jamais vu SOS Fantômes. Chris : C'est mon film préféré. Mais si tu sais, le Bibendum Chamallow géant qui envahit New York. Tiens, regardes ! Joe : Oh, j'ai déjà vu ce gars oui. Il est gentil ? Chris : Non, il est maléfique, il écrabouille les gens. Regarde comment ses yeux sont giga maléfiques ! Joe : Il a l'air content je trouve (rires) ! Chris : Mais oui, c'est trop cool, je vois de quoi tu veux parler. En particulier la première chanson, Vigilante, avec le monologue de Neil Bell, ce truc ultra dramatique, qui sonne super apocalyptique, mais en même temps qui veut un peu rien dire.
Oui, Vigilante a tellement une vibe à la « Zuul motherfucker ! »...
Chris : Mais oui !
Quand j'ai vu la pochette de l'album pour la première fois, pour moi la référence à SOS Fantômes était évidente, avec ce chien un peu mal fait, grand comme deux maisons...
Chris : J'adore ce que tu dis, ça me met de bonne humeur ! Joe : Mais pour la pochette, c'était au hasard, vraiment. Chris : Oui, la plupart des trucs qu'on fait c'est complètement au hasard ! C'est pour ça qu'on n'est pas bons en interview, parce que les questions font croire qu'on a un but incroyable et profond dans tout ce qu'on fait, mais pas du tout ! On fait tout comme ça vient, un peu au doigt mouillé. Et pour la pochette, en vrai je l'aimais pas plus que ça jusqu'à ce que tu me parles de SOS Fantômes. Mais maintenant je pourrai dire « Oui c'est une référence à SOS Fantômes ! » (rires).
Pour être honnête, la vraie première chose que j'ai pensé en voyant la pochette, c'est « oh mais qu'est-ce que c'est moche ! ». Et ça semble être le truc avec vous, genre les gens trouvent votre musique soit hideuse soit géniale, mais rarement entre les deux...
Chris : Franchement ça me va, c'est mieux que rien. Que les gens soient polarisés par nous, ça me va, c'est bien que les gens aient des opinions fortes nous concernant, c'est mieux que s'ils ne pensaient rien de nous. Les « chansons-rien » ça va nulle part. Bon j'espère quand même qu'on va marcher plus parce que les gens nous aiment que l'inverse, mais ça tu ne peux pas le décider. Joe : Et puis, il n'y a pas de mauvaise publicité, non ?
Disons que de l'autre côté, cette polarisation vous a créé une communauté de fans hyper forte, le Kennel Club (ndlr : le Club du Chenil). Pour tout dire, vous aviez déjà une communauté avant d'avoir sorti la moindre chanson...
Chris : Oui, on avait juste des gens qui rencontraient d'autres gens à nos concerts, et c'est parti comme ça. Il n'y avait que des extraits de concerts sur Youtube à cette époque, on n'avait rien sorti encore, et les gens se sont regroupés autour de ça et de nos concerts. Je pense que c'est une base solide, de sortir de la musique quand t'as déjà un gros, enfin pas si gros mais tu vois l'idée, pas mal de gens qui sont à fond dans ta musique, et qui restent une fois les singles sortis. Tu peux construire autour de ça, ça passe le mot, ça s'élargit au fur et à mesure. Ça aide aussi pour le live, parce que tu ne peux pas sentir un concert si personne danse, si personne n'est impliqué, et on avait un ou deux de ces gars des débuts qui étaient là et qui dansaient. C'est toujours cool, et ça aide beaucoup.
Je vois bien l'idée, cette année j'étais au Great Escape à Brighton, et la première journée ce ne sont que des pros de l'industrie musicale, donc la foule c'est 90% de mecs chauves à lunettes, qui ont l'air de ne pas s'enjailler et qui jugent en hochant la tête...
Chris : Des mecs chauves !? Oh ce serait la foule parfaite pour nous ! Comme ça on peut surfer sur la foule tout en leur slappant le crâne ! Joe : Tous les groupes qui tournent, ce ne sont plus que des mecs chauves de toute fa_on. Il y a tellement de chauves, c'est fou ! Est-ce qu'on va tous finir chauves dans le futur ? Chris : C'est à cause de toute la bouffe industrielle. Joe : Oh, c'est les trucs qu'ils mettent dans les nuggets, je vois ! Trop de nuggets ! Chris : De toute façon, on le sait, si tu veux la vérité, la vraie conspiration secrète, c'est BBC6 Music. Ce sont eux qui ont le monopole des mecs chauves dans la cinquantaine. Après, ce n'est pas un mauvais truc. Ce sont des mecs qui ont des revenus fixes, pour pouvoir acheter nos t-shirts ! (rires)
Vous savez, c'est possible que les deux tiers des gens qui me lisent maintenant soient des mecs chauves dans la cinquantaine !
Chris : Mais ce n'est pas grave, mon père est un chauve dans la soixantaine. Joe : Oui, mon père aussi est chauve, ne t'en fais pas !
Mais ça va, parce que mon job c'est de leur faire aimer Fat Dog, et tous les trucs de pop-punk, beabadoobee aussi... Vraiment je suis l'ado insupportable des années 2000 avec ses goûts d'ado des années 2000 !
Chris : N'arrête pas le combat, mec ! Joe : Attends, tu aimes beabadoobee ET Fat Dog ? Chris : Tu peux aimer plein de trucs ! Je ne connais pas trop sa musique cela dit. J'ai passé ces deux dernières années à ne quasi pas écouter de musique. Mais big up à beabadoobee ! Joe : Oui, big up beabadoobee !
Pour poursuivre, parce qu'apparemment je suis là pour une interview, vous vous êtes fait connaître très vite, vous avez signé chez Domino Records, vous avez votre nom en gros dans quelques festivals... Comment ça va pour vous dans tout ça ?
Chris : Plutôt pas mal pour être honnête ! On fait des journées presse, on a des chambres séparées à l'hôtel, ce qu'on ne peut jamais se permettre d'habitude. Joe : On prend l'Eurostar, on se fait inviter à manger, on a de l'eau en bouteille ou servie dans des verres en verre. Chris : Franchement on ne peut pas se plaindre, c'est super sympa. Et c'est cool de voir des foules énormes en Europe, ce genre de trucs. Le public, c'est définitivement grâce à lui si on est les nouvelles stars en préparation de l'industrie musicale ! Parce que de toute façon, dès que tu atteins un certain niveau de notoriété, même modeste, tu deviens un produit de l'industrie. Joe : Ils se rendent pas compte de ce qu'ils laissent entrer ! Mais oui, toi tu es un putain de produit de l'industrie ! Chris : Tellement ! J'ai été planifié et produit depuis le début pour faire fonctionner cette merde (rires) !
Et ce n'est pas trop de pression, de commencer direct avec un album, dans un label important ?
Joe : Il y a la pression de ne pas faire de la musique de merde, et j'espère que ce ne sera pas le cas. Et maintenant il va sans doute y avoir la pression du label de sortir des nouveaux trucs, mais ils sont cools là-dessus. Chris : Une fois que tu passes le pas du premier album oui, ce qui n'est toujours pas le cas d'ailleurs, parce qu'il n'est pas encore sorti, et j'espère que ça se passera bien, on touche du bois. Et comme Joe l'a dit, il y a pas mal d'artistes chez Domino Records, comme Richard Dawson, qui font de la musique très étrange, très belle, et c'est vraiment le truc avec ce label, ils te laissent avancer et faire ton truc. Ils veulent juste que tu arrives à sortir de la bonne came. Pas besoin de sortir tout le temps des trucs, ils te laissent le temps de faire les choses bien.
Oui, j'ai rencontré Fat White Family il y a quelques mois, enfin juste Lias Saoudi, et ce n'est pas le genre d'artistes que tous les labels signeraient...
Chris : Lias, il parle mieux que nous en interview ?
Disons qu'il y avait plus de mots compliqués (rires) ! Surtout que maintenant, il est encore plus dans la poésie et la littérature que dans la musique, j'ai l'impression...
Joe : Il devrait faire de la poésie en musique, ce serait intéressant putain... Plutôt que continuer à toujours faire le même truc de Fat White Family, s'il se sent moins dedans. Mais quand tu es le frontman d'un groupe, et que tout le monde te dit à quel point tu es bon tout le temps, c'est une drogue. Chris : Ceci dit, on essaye de se choper un peu de la tourmente qui traverse tout le temps Fat White Family. Essayer d'émuler ça dans notre musique. Être tourmenté, c'est très rock n'roll.
Et les tournées, ça se passe bien ? Vous avez plein de concerts dans tous les sens qui vont arriver, vous ne vous arrêtez jamais...
Joe : On a fini mai, là. Mai c'était cool, c'était bien rempli. Chris : En septembre on a surtout la tournée des disquaires, donc c'est chill, mais octobre, novembre, décembre, on est blindés, et le temps dira comment ça se sera passé. Mais je ne suis pas... Je suis nerveux oui, mais hyper excité, donc je ne suis pas trop effrayé par ce qui arrive. Même en faisant le SXSW (ndlr : festival de salles en salles à Austin, Texas), où on donnait quatre concerts par jour, sur quatre jours, en voyageant à mort, on a réussi à tenir le truc, ça s'est super bien passé. Donc je pense que tant qu'on reste concentrés, qu'on ne force pas trop sur la bouteille, ça va aller.
Jouer live, c'est votre truc, c'est pour ça que vous faites de la musique ?
Joe : Chris, tu aimes jouer live, c'est ton truc non ? Chris : Ce n'est pas la seule raison pour laquelle je fais ça. Le pourquoi j'ai rejoint le groupe à la base, c'est parce que j'adore les chansons.
Chris, la première fois que je vous ai vus en live, il y a quelques mois, je pensais vraiment pendant les cinq ou six premières minutes que tu ne jouais d'aucun instrument, que tu étais juste là pour faire le show...
Joe : On ne sait pas trop non plus ! Chris : Il y a une chanson où je ne joue pas oui, c'est celle où je vais dans la fosse, pour danser et faire le con. Et le truc à propos du live, c'est l'immédiateté de la réaction du public, c'est super cool. J'aime beaucoup la gratification que ça t'apporte de jouer et de voir les gens s'éclater avec toi.
Et est-ce que vous écrivez vos chansons à partir du live, ou ce sont deux environnements séparés, un où vous créez, et un où vous jouez ?
Joe : Je dirais que c'est séparé. C'est plus facile que ce soit séparé, parce que tu peux avoir des chansons qui marchent en studio, et des chansons qui marchent en live. Je ne veux pas du « on l'a fait en live, alors mettons-le sur le disque », je préfère dans l'autre sens, c'est plus facile pour moi. Chris : Quand tu enregistres en premier, tu peux altérer rapidement des trucs, et une fois que c'est fini, c'est beaucoup plus simple d'apporter ça aux gens. Joe : Tu peux aussi écrire, enregistrer, ensuite le jouer live, et réenregistrer derrière. Tu peux avoir de bonnes idées en live, de bonnes idées en studio, et mixer ça dans le produit final. Chris : Il y a des gens qui écrivent et finissent des chansons très vite, mais chez Fat Dog, on a tendance à faire évoluer les chansons même après qu'elles soient sorties. C'est ce qu'on a fait toute cette dernière année, détruire nous-mêmes notre setlist à chaque concert.
Parce que vous êtes arrivés en studio avec toutes les chansons, en les ayant déjà jouées live ?
Chris : A peu près, oui. Il devait y avoir deux chansons qu'on n'avait pas encore. Le truc c'est qu'on a essayé de jouer les chansons live, tous ensemble, en studio, et ça sonnait comme de la merde. On n'a pas pu faire d'enregistrement live, ça sonnait trop mal, ce n'était pas notre truc. Donc c'est mieux d'avoir un contrôle total sur chaque partie séparément, de manière plus chirurgicale. En tout cas, pour cet album, c'est ce qui a marché. Parce qu'on a des percussions électroniques en boucle dans pas mal de chansons, et à cause de ça, tu dois vraiment réussir ta prise de batterie, sinon ça va sonner mou, tu vas juste te retrouver avec un mur de bruit sans consistance, et c'est le dernier truc que tu veux.
Question finale, c'est quoi le truc à propos du chien ? Pourquoi tout tourne autour d'un chien obèse ?
Joe : Le chien c'est comme un code commun, un appel. J'aime l'idée de ce gros chien, comme une sorte d'appel maléfique à se rassembler. Chris : Un putain de regroupement satanique maléfique. Joe : Avec des têtes de chèvres, et des croix renversés (rires) ! Et trois seins aussi. Chris : Trois seins, et une tête de chèvre ! Une secte qui incite au suicide de masse au Kool-Aid (ndlr : poudre américaine pour faire des boissons sucrées, utilisée par Jim Jones pour le suicide collectif du Temple du Peuple en 1978 en y ajoutant des médicaments et du cyanure de potassium) (rires) ! Je sais pas, le chien ça semblait bien comme moyen de tout rassembler en un seul truc. C'est un gros machin qui a l'air tellement stupide, et en même temps... Joe : C'est comme un air de déjà-vu, ce gros chien. Genre « ouh, j'ai déjà vu ça quelque part... ». Chris : Comme un mauvais présage, la faucheuse, comme essayer d'attraper de la fumée à mains nues. C'est le présage maléfique originel.
Donc le chien, c'est encore un truc complètement au hasard, c'est ça ?
Chris : Ça dépend, le truc avec les chiens obèses, c'est qu'ils sont un peu rigolos à voir, mais il y a aussi un côté triste, pas sain, malade dans tout ça, ce qui nous correspond bien. Joe : Le gros chien c'est une idée, une manière de vivre. C'est un concept.
C'est aussi une communauté, le Kennel Club. Parce que j'ai lu que l'idée de choisir King Of The Slugs comme premier single venait d'eux...
Chris : Oui, en vrai la plupart des noms de chansons sont venus d'eux. Comme on n'avait rien de sorti, ils ont inventé des noms de chansons quand ils en parlaient entre eux. Nous, on avait des noms de travail, des trucs temporaires. Vigilante on l'appelait juste Intro, Closer To God ils ont aussi trouvé le nom parce qu'avant on l'appelait juste 7/4. Certaines avaient déjà un titre, genre Running ça a toujours été Running, mais Wither nous on l'appelait juste « celle avec des grosses basses ». Joe : Ils méritent toute notre thune (Applaudissements) ! Chris : Oui, merci le Kennel Club, vous êtes arrivés avec toutes les idées quand on était essorés, pressés comme des vieux citrons après une limonade.
Pourriez-vous être indirectement influencés par eux en écrivant ? Juste de penser à s'ils pourraient aimer ou non la chanson par exemple ?
Chris : Moi je veux juste les faire flipper des fois, qu'ils soient là à se dire « oh frère beurk, c'est quoi ça ! ». Mais sans vraiment nous influencer, c'est sympa de savoir qu'il y a un groupe de gens qui a l'air de supporter tout ce que tu fais artistiquement. Ceci dit, il y a un gars, au Kennel Club, Archie, à chaque fois qu'on sort une chanson,il y a un truc terrible qui se passe dans sa vie. On sort notre premier single, il se fait virer de chez lui ! On sort notre deuxième single, il finit à l'hôpital ! Troisième single, il se fait virer de son boulot ou un truc comme ça ! Et ces derniers temps ça se passe plutôt bien pour lui, mais je lui ai rappelé « mec, quand l'album va sortir tu as intérêt de faire gaffe à ton cul ! ». Il lui arrive toujours un truc, c'est improbable.
Et là vous venez juste de sortir le quatrième single !
Chris : Oh mon dieu, qu'est-ce qui va encore se passer !? Il travaille dans un pub en ce moment... Enfin peut-être plus pour longtemps (rires) ! Dieu bénisse Archie, mec !