Ambiance de fête dès l'entrée dans le métro ce soir, c'est Halloween, et il y a quelques voyageurs déguisés dans les rames. La tendance se confirme dans le Trabendo avec une partie du public qui joue le jeu. De toute façon, avec Sad Night Dynamite, c'est tous les soirs Halloween tant leur mix va taper dans les ambiances bling-bling du hip-hop et celles plus obscures du rock.
Bug Eyed ouvrent la fête. Tout comme Sad Night Dynamite, le duo a embarqué deux musiciens de plus pour la scène. Leur look est assez soigné : un peu délire à la friperie et suffisamment étudié pour être marquant tout en restant authentique. Il est difficile de dire s'ils ont fait un effort pour Halloween, mais ce look colle bien à leur musique très pop. Ils sont jeunes, autour de la vingtaine, et n'ont que deux titres de disponibles sur les plateformes numériques, dont le dernier est sorti la semaine dernière. Leur pop prend des airs affectés d'Emo, ça joue carré, les refrains accrochent, ils ont clairement des ambitions mainstream comme Two Door Cinema Club et One Republic. Tout comme pour The Wombats ou The Killers, je pourrai dire que j'étais à leur premier concert parisien. Il s'en est fallu de peu, car ils reviennent aux soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival dans une semaine.
Atlantic Records y croient, et le groupe respecte son contrat pop. Ils se font plaisir et le public, qui se fait de plus en plus nombreux, semble apprécier. Ils ont même écrit une chanson pour leur maman : avec “appelle-moi sur mon portable” dans le refrain, il ne peut s'agir que de ça. Blague à part, je suis bluffé par la précision de leur set ; j'ai vu des groupes bien plus expérimentés qui ne jouent toujours pas aussi bien ensemble. Le mieux, c'est qu'ils en ont sous le coude : leur meilleur titre est encore planqué sur internet.
Snug As A Bug, avec son gimmick électro imparable et sa grosse ligne de basse, fait mouche. Ce morceau est imparable, alors que leur
Ten to Twelve sonne trop comme Disney Channel. On verra comment le groupe évolue.
Après un court intermède réglementaire, les lumières s'éteignent à nouveau. Des nappes de basses vrombissent, la batterie attaque un beat dans une demi-obscurité teintée de lumières bleues. Archie et Josh alias
Sad Night Dynamite arrivent avec leurs microphones et un mégaphone. Sans avoir à être coincés par leurs machines, les deux MC peuvent aller haranguer le public. Deux photographes les suivent ; elles n'en ont tellement rien à faire d'être au milieu de la scène que je ne saurais dire si elles font un reportage ou si elles font partie du show. Le public saute et entonne les refrains dès le premier morceau. Le concert est complet, et pourtant la fosse continue à se remplir : ça va danser serré ce soir. Les morceaux plus anciens comme
Killshot ont été pas mal revisités, avec une vraie batterie et moins d'effets sur les voix ; le morceau est plus organique et gagne en puissance. En fait, sur scène, le vocoder est remplacé par un mégaphone que Josh semble avoir du mal à lâcher.
Godfather gagne aussi en intensité dans une orchestration plus sobre, dépouillée des artifices de studio et avec une vraie batterie. Le groupe, qui à ses débuts voulait des vidéos et des acteurs sur scène, a pris une direction plus brute, même les spots de lumières sont monochromes : verts pour
Godfather, blancs pour
Dying Of Thirst. Le groupe s'est senti en cage toute la journée et est content de se déchaîner ce soir. Josh pose enfin le mégaphone et le troque pour une guitare acoustique pour
Walk with Me et
Psychedelic Views. Il n'y a pas de barrière avec le public, ce qui permet au groupe de descendre dans la fosse ou de faire monter un gamin sur scène (hello Victor). L'envie d'interagir est manifeste des deux côtés, c'est la fête ce soir.
Pour
Tramp, Josh passe au clavier, le claviériste saisit une basse. L'interprétation plus brute va très bien aux morceaux. Il est juste dommage que les voix soient parfois trop en retrait.
Icy Violence qui suit est plus dub, plus rock, plus forte, plus cosmopolite... bref, plus tout. La chanson a beaucoup voyagé depuis trois ans, et cela va bien au groupe.
On approche de la fin du set : le groupe fait un appel aux dons pour réparer la limousine qu'ils ont achetée sur Facebook Marketplace et qui s'avère bien pourrie. Ils récoltent 5 Euros et nous envoient au merchandising, à défaut d'avoir trouvé une sugar momma dans le public. D'ailleurs, au lieu d'une limousine, cet argent devrait être investi dans une section de cuivres pour la prochaine tournée, ce serait du plus bel effet sur
Sugababy.
Wake Up, Pass Out doit redémarrer pour que Josh reprenne son souffle et son rythme. L'ambiance ne faiblit pas mais, après une vingtaine de titres, le groupe a quasiment épuisé son répertoire, qui ne comporte qu'un album et deux mixtapes. Beaux joueurs, ils reviennent pour un titre avant que les lumières de Halloween ne se rallument sur le Trabendo et
Hey des Pixies.
Ce soir, Sad Night Dynamite auront bien dynamité le Trabendo et fait vibrer le public parisien. Leurs chansons passent si bien en live que j'en viens à regretter la production trop trafiquée de leur album, qui aurait gagné à être plus organique.