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Asian Dub Foundation

Paris, Elysée Montmartre - 12 avril 2007

Live-report par Anne-Laure

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L'aventure d'Asian Dub Foundation débute il y'a maintenant 14 ans, en 1993, à Londres. A l'origine, il s'agit du projet commun de créer des ateliers musicaux afin d'enseigner aux enfants d'origine asiatique les bases des technologies de la musique, alors que règne un climat de violence anti asiatique au Royaume Uni. Les responsables de ces ateliers ne sont autres que Aniruddha Das (dit Docteur Das) et John Pandit. Ces derniers décident de former un sound system avec l'aide d'un de leur élève ; Deeder Zaman. D'ailleurs, les ateliers finiront par être rebaptisés Asian Dub Foundation Education. Initialement reconnu chez les clubbers, puis applaudis par diverses associations de lutte contre le racisme, ADF finira par réellement percer sur le sol français, alors que la Grande Bretagne n'a d'oreille que pour le trip hop, très en vogue à l'époque. Maintenant, ce collectif engagé compte déjà six albums, deux albums live, de nombreux EPs et déjà plusieurs tournées mondiales : il n'est donc pas très étonnant qu'il vienne nous présenter la sortie de leur tout premier Best Of, Time Freeze 1995-2007 édité par Labels en mars dernier.

Ce soir, c'est une foule éclectique, de tous âges, à l'image de ce groupe métissé, mêlant harmonieusement des sonorités issues des musiques traditionnelles indiennes et orientales, à des rythmes jungle, ragga, dancehall ou encore rock, qui se presse aux portes de l'Elysée Montmartre.
Après une 1ère partie mollassonne d'un groupe de hip hop français venu de Lille, Action, le public attend patiemment l'arrivée d'ADF sur scène (avec notamment le grand retour de Deeder au sein de la formation). A 20h45, le concert débute, et le public s'emballe dès les premières minutes ! Toute la salle se défoule joyeusement sur les premiers solos de tabla. Encore une fois, ADF prouve sa générosité sur scène et assène ses compositions avec une énergie incroyable. Le groupe fait monter sur scène Amina pour The Riddim I Like. Sa voix chaude et cristalline se mêle parfaitement entre les guitares et le tambour, nous transportant bien loin de Paris. Le groupe fait passer son discours : « I wanna kill racism » nous lance l'un des chanteurs, avant de nous jouer Stop the bleeding sur une avalanche de rythme hip hop et de bongos. En fond, l'on perçoit des notes de cordes qui montent crescendo... Plusieurs de mes voisins sont déjà en transe, le torse nu.

L'ambiance est absolument démentielle dans la salle. S'enchainent ensuite les titres Fly over, jungle à souhait, et également une chanson qu'ADF a jouée pour la 1ère fois sur le sol français dix ans plus tôt : Super power, à tendance ragga dub. Sous les applaudissements du public en nage, se mêlent, directement issus de la table de mixage, des sonorités indiennes et un djembé. Les yeux captés par un jeu de lumières trépidantes, voire hypnotisantes, la musique envahit les esprits et l'ambiance est décuplée de plus belle. Les six membres du groupe finissent par quitter la scène ; pour revenir quelques minutes plus tard nous rejouer deux morceaux : tout d'abord Rise up your soul dont le rythme hip hop est appuyé de tambour puis un des deux titres inédits figurant sur le Best of, Fortress Europe, spécialement dirigée ce soir par les deux chanteurs contre l'avidité expansionniste du candidat Nicolas Sarkozy. Comprenez-le comme vous voudrez.

Revoir ADF sur scène fut un plaisir : d'une durée d'une heure trente leur prestation est toujours aussi bluffante de force, d'énergie et de créativité, pour un concert engagé, et engageant. Et ce, malgré le temps qui passe...