Voilà près de trente ans qu'Asian Dub Foundation délivrent leur parole militante sur fond d'un savant mélange hard jungle, dub, rap et metal. Le dernier album studio du groupe,
Access Denied, sorti en 2020, montrait un combo qui n'avait rien perdu de sa hargne et de son énergie. On est dès lors très heureux de les revoir sur scène, là où le groupe a toujours excellé.
En première partie,
Manudigital fait monter la sauce et l'ambiance avec son show electro-dub surpuissant. Le beatmaker réussit à créer une ambiance club dans la Cigale alors qu'il n'est que 20 heures. Une excellente mise en bouche avec ce reggae modernisé par des touches electro.

Entre Asian Dub Foundation et la France, cela a toujours été une grande histoire d'amour. A tel point que le groupe avait proposé en 2002 un ciné-concert autour de
La Haine, célèbre film de Mathieu Kassovitz au moment où les fascistes du BNP s'en prenaient aux jeunes d'origine sud-asiatique dans le nord de l'Angleterre. On ressent cet amour dès le tout début du concert avec un groupe en fusion et un public qui ne demande qu'à décoller. La guitare de Chandrasonic fait vibrer la salle et ce dernier semble quasiment possédé. On a grand plaisir à réentendre les envolées de flûte traversière de Nathan qui ont toujours été l'une des grandes composantes de la musique d'Asian Dub Foundation.
Les lignes de basse sont hyper lourdes et les deux rappeurs à l'unisson du reste du groupe. Il n'y a même pas de round d'observation. Dès le début du set, on démarre sur les chapeaux de roue. Le groupe commence le concert avec une majorité de titres tirés du dernier album :
Mindlock, Can't Pay Won't Pay, Stealing The Future ou
Access Denied, morceaux permettant de se rendre compte que le Asian Dub Foundation d'aujourd'hui n'a rien à envier à celui de 1997. Les morceaux de l'album précédent,
More Signal More Noise,
The Signal And The Noise, Zig Zag Nation ou
Flyover ne sont pas mal non plus, il faut bien l'avouer.

Lorsque le groupe puise ensuite dans son back-catalogue avec
Charge ou
Naxalite, la température monte encore de quelques degrés dans la salle. Une certaine folie règne alors dans la Cigale et les stage-divings se multiplient dans une ambiance électrique digne des concerts des 90's.
Le groupe semble galvanisé par le formidable accueil qui lui réserve le public et donne alors le meilleur de lui-même. Il tire sa révérence sur les excellents
Oil, un titre de 2005, et
New Alignment un autre excellent morceau tiré de leur dernier album.
La fête ne peut pas s'arrêter dès ce moment. Le combo remonte sur scène pour
Blade Ragga et deux classiques parmi les classiques :
Fortress Europe, un titre qui reste malheureusement d'actualité et montre qu'en vingt ans la situation des migrants non seulement ne s'est pas améliorée mais a empiré, et un extrait de leur tout premier album, le formidable
Rebel Warrior.
Un concert de très grande qualité, une ambiance de fête et de fraternité : un grand moment.