Asian Dub Foundation

Voilà bien longtemps que je n’avais pas réécouté de disque d'Asian Dub Foundation. Il faut dire que la formation anglo-pakistanaise s’était enfermée depuis quelques années dans ce l’on pourrait appeler « l’antichambre de la perte d’inspiration ». En effet, si le groupe parvenait à nous donner quelques fulgurances sur Punkara ou Tank (un album sans doute un peu trop descendu par la critique), Asian Dub Foundation ne nous donnait plus sur le fond le plaisir des premiers albums emplis de rage et forts d’une identité musicale plutôt novatrice.

Qu’en est-il alors de ce History of Now, qui surgit après plus de quinze ans d’existence ? Autant vous l’avouer tout de suite (et vous l’aurez compris à la note), cet album laisse perplexe. Car si l’on est devant un album plutôt honorable, avec des titres parfois percutants et qui nous laissent imaginer une tournée enflammée, on ne peut s’empêcher, si l’on est un tant soit peu connaisseur du groupe, de penser que celui-ci n’a quasiment rien changé depuis Punkara, album ô combien décevant. Perte d’inspiration ? Groupe qui tourne en rond ? Ce sont quelques questions que l'on peut se poser à la fin des écoutes.
Mais dit précédemment, l’album n’est pas un échec total, loin de là, et l’on sera agréablement surpris par quelques titres qui se démarquent du lot car marqués par ce que le groupe sait si bien faire : ce sont surtout les pistes les plus « douces » qui sont ainsi les plus appréciables, comme In Another Life, trip qui nous ramène à l’album Enemy of the Enemy et se voit transcendé par cette flûte pakistanaise qui parcourt tout le morceau et lui donne tout son cachet. Mais l’une des grandes chansons de l’album reste This Land Is Not For Sale, titre impeccable devant beaucoup à la participation au chant d’Indigenous Resistance pour aboutir à un morceau aux accents rock latino des plus irrésistibles. Une petite perle dans la discographie du groupe.
Malheureusement, ce History Of Now côtoie plus souvent le manque de prise de risques et la perte d’inspiration, avec des compositions proches de la redite : Dès le début de l’album, A New London Eye nous semble ainsi être la suite directe de Punkara, une suite que l'on n’attendait pas forcément. Spirit In The Machine est l’exemple parfait du groupe qui ne sait plus trop aller, tant le morceau a du mal à démarrer (et à convaincre), tandis que le titre éponyme (et single) reste « sympathique », mais nous donne l’impression d’écouter un groupe de punk-rock californien, un univers qui ne sied pas vraiment à Asian Dub Foundation. Seules les touches indiennes du morceau permettent de nous faire sortir la tête de l’eau.

Alors au final, comme mentionné dès le début de cet article, il semble très difficile de donner un jugement tranché sur ce nouvel album, et surtout sur Asian Dub Foundation. Car si au fond le disque déçoit profondément malgré ses quelques passages intéressants, on ne peut s'empêcher de penser que le groupe se perd un peu plus d’album en album... A voir désormais ce que cela donnera sur scène !