Après un week-end entre château et émotions fortes à Bellocq au Very Good Trip Festival, le temps de redescendre sur terre était venu. L'occasion était à saisir d'opérer une transition toute en douceur dans la fraicheur du Badaboum à Bastille, qui en ce mardi soir a revêtit ses lumières les plus douces pour accueillir les Anglais de Sunken. Avertissement aux lecteurs qui iraient trop prestement interroger Google, Sunken est à ne pas confondre avec un homonyme beaucoup plus « burné », qui se définit comme du métal atmosphérique en provenance du Danemark, le tout en lettres capitales. Nous nous intéressons plutôt à la version londonienne du patronyme, soit le groupe formé de la fratrie Poppy et Finn Billingham, l'une au chant et l'autre à la basse, entourés de Jonah Winslet à la batterie et des guitaristes et clavieristes Clem Appleby et Finn Boxer. Notre dernière rencontre qui était alors la première s'est déroulée en janvier 2024, durant une des nombreuses et prolifiques soirées They're Gonna Be Big organisées par le Supersonic. En cette très froide soirée, nous découvrions en compagnie des punks gothiques irlandais Nerves une formation qui créait alors un sacré contraste d'avec le reste du line-up, portant une dream pop immergée dans un shoegaze très classique.

Nous n'étions alors pas sortis totalement convaincus de cette prestation, qui peinait à trouver son rythme de croisière (si tant est que l'on puisse discerner un véritable rythme dans la dream pop), coincés entre des punks tout de noirs vêtus et autres groupes de pop electro déjantée. Il était donc temps de redonner sa chance aux londoniens, voilà pourquoi nous nous rendons à la Bastille, le groupe se produisant ce soir en première partie des Américains de julie.
C'est à 20h15 pétantes que les lumières s'éteignent, et il sera alors très difficile de percevoir correctement les minois de nos jeunes amis tant le Badaboum aura décidé de plonger tout son petit monde dans une semi-pénombre bleu marine. Certes, le bleu peut nous mener vers le spleen et la contemplation, mais la scène du club n'étant pas bien haute, seuls les premiers rangs ont pu véritablement profiter du très joli sourire de Poppy. Le set sera de courte durée : 25 minutes où nous n'aurons pas vraiment le temps de nous laisser gagner par la plénitude que déclenche la pop ouatée de Sunken. Forts de leur premier EP
10K sorti le 3 avril dernier, le groupe nous présente à peu près l'intégralité de son répertoire disponible sur les plateformes de streaming.
On réussit néanmoins à capter le chant angélique de Poppy et reconnaissons les titres
Nightcrawler et
Sonic Angel, enveloppés de leurs longues nappes synthétiques et de ces légères rythmiques à la croisée des chemins entre shoegaze et trip-hop, sur lesquels tous nos voisins s'adonnent à des hochements de têtes cadencés. L'effet est celui d'une bulle dans laquelle nous nous enfermerions pour volontairement nous plonger dans l'introspection, et le répertoire de Sunken s'y prête totalement.
Pas vraiment le temps de se faire une meilleure idée du potentiel de Sunken à embellir leurs morceaux en live, mais la petite foule de spectateurs ne semblant pas tomber dans la torpeur comme nous avions pu le constater alors au Supersonic nous convainc que la formation maîtrise parfaitement sa matière. Vingt-cinq minutes plus tard, les lumières se rallument un peu brutalement sur un set peu garni mais qui nous aura permis néanmoins de relâcher toutes nos tensions à l'écoute de la magnifique voix de Poppy.
Un groupe assez enivrant à déguster plutôt en fin de soirée, toujours sous le plaid avec une tisane comme nous vous le proposions il y a un an et demi.