Le 1er juillet, premier coup de nostalgie avec Franz Ferdinand dans le grand théâtre romain de Fourvière. Le 10 juillet, deuxième (gros) coup de nostalgie avec The Libertines, pour un énième retour huit ans après un énième retour, pour présenter en concert leur quatrième album plutôt réussi sorti en 2024.

En première partie, quatre musiciens font leur entrée sur scène, dissimulés de la tête au nombril par des capes rouges. A la moitié du premier titre, ceux-ci les retirent et le public, amusé et conquis par un rock efficace et par l'effet de surprise, s'exclame. L'artiste flamand belge Jan Verstraeten apparaît, le visage grimé de fond de teint blanc et le contour des yeux de rouge dégoulinant tel du sang. En une demi-heure, le musicien nous fait entrer dans son univers cinématographique et poétique, le visuel intimement lié à la performance scénique et à une musique mêlant disco, jazz, soul et rock'n'roll. Chaotique mais plaisant. Nous avons même droit à l'arrivée d'une étrange créature, géante, sorte de yeti noir et cornu, qui passera la fin du set à danser sur scène. Nous ne sommes donc pas étonnés de voir un chien accompagner le yeti.

Sauf que... ce chien n'avait rien à voir avec la scénographie de Jan Verstraeten, mais appartenait apparemment à Pete Doherty. Durant l'installation pour
The Libertines, une fillette (dont le père n'est autre que Pete Doherty) ne cesse de faire des aller-retours entre les loges et le devant de la scène, saluant le public de très nombreuses fois, visiblement pas du tout impressionnée par les quatre-mille personnes lui faisant face. A ce moment-là, la scène devient un terrain de jeu pour le chien et la petite. Monsieur Doherty est en quelque sorte à la maison ce soir.
Les quatre Libertines entrent tranquillement sur scène, Pete Doherty, Carl Barât et le bassiste John Hassal élégamment vêtus de costumes et de chapeaux, en gentlemen. Ils envoient directement en débutant avec
The Delaney. Le public, ni tout jeune ni très âgé, est heureux de pouvoir les voir dans ce cadre magnifique. Pete Doherty, malgré ses importants soucis de santé évoqués récemment, semble ce soir bien portant, et serein. Il communique beaucoup avec le public, en français ou en anglais. The Libertines alternent ce soir une moitié de titres anciens (les deux premiers albums ainsi que le single
Don't Look Back Into The Sun), ainsi qu'une grande partie de
All Quiet On The Estern Esplanade, leur tout dernier disque sorti en 2024.
Nous avons donc droit ce soir en début de show au pertinent
What Became Of The Likely Lads, question qui se pose donc si souvent depuis leur tout premier succès,
Up The Bracket. En cette année 2025, on pourrait répondre « So far, so good ». The Libertines nous offrent une belle performance, Pete Doherty et Carl Barât se rapprochant régulièrement (notamment sur
Music When The Lights Go Out) au même microphone pour chanter en choeur, symbole d'un duo dont l'amour-haine a fait couler beaucoup d'encre par le passé.
Boys In The Band et ses airs de Clash leur succèdent, suivi du plus calme
Night Of The Hunter et ses allures de western, morceau assez doux et pop, au piano et guitare reprenant la mélodie du Lac des Cygnes, un violon se faisant entendre çà et là. Sympathique mais peut-être pas le plus impactant en live. Le très réussi
Shiver sera plus marquant, sa composition et ses mélodies restant en tête.
Death On The Stairs crée une petite hystérie dans la fosse.
Baron's Claw et son personnage effrayant les enfants avant de dormir plonge le théâtre dans une ambiance mystérieuse. L'enchaînement
Up The Bracket / Run Run Run / Can't Stand Me Now génère un joyeux petit pogo devant. The Libertines s'éclipsent alors à ce moment-là, et le public en redemande en lançant quelques coussins depuis les gradins.
Ils reviennent sur scène avec pas moins de cinq morceaux, terminant par
Time For Heroes et (évidemment !)
Don't Look Back Into The Sun, dans un spectacle de gens dansant et de coussins lancés dans tous les sens. Le concert se finit joyeusement par une bataille de coussins avec les Libertines (tous les musiciens se prennent au jeu !). Et pour celles et ceux qui voulaient prolonger la soirée, c'était possible avec l'after dans un club underground des pentes de Lyon, avec un DJ set proposé par Gary Powell, le talentueux batteur des Libertines qui nous en aura mis ce soir plein les yeux et les oreilles en tapant comme un bourrin. Une vraie bête de scène.