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Dog Race

Paris, Supersonic - 19 septembre 2025

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Vendredi soir, il y a comme un air d'été indien sur Paris et je suis content que le Supersonic ait investi dans une bonne climatisation parce que la soirée promet d'être chaude.

Les parisiens de Scorie ouvrent. Le groupe a un an, deux titres sur les plateformes numériques, et des biographies loufoques qui ne disent pas grand chose. Une voix off nous rappelle que les scories sont issus de la formation de l'acier à haute température, un indice sur le set à venir. Ils sont quatre, dans la configuration rock classique : deux guitaristes, dont un qui chante, un bassiste et un batteur. Le premier titre est lent comme une ballade de cowboy sombre qui monte progressivement dans la distorsion. A mesure que le set avance, les morceaux sont de plus en plus relevés, la voix profonde et éraillée comme un jeune Lemmy alors que la basse reste particulièrement mélodique. La musique oscille entre punk et cold wave joliment désuète, voire un peu ska comme sur Legitimate Violence sorti trois jours plus tôt. Avec ces références, le fil conducteur de la soirée semble être l'héritage des années 80 dans sa forme électrique et rageuse. Le set est carré, le son manque encore un peu d'épaisseur, mais ce n'est pas étonnant pour un groupe très récent et qui a le temps de développer son potentiel.

C'est au tour des landais de Mosees de nous montrer qu'il y a une scène rock en France. Il y a deux générations de musiciens sur scène, un des guitaristes en ayant visiblement vu d'autres, mais ça semble l'avoir bien inspiré et ce n'est pas le dernier à bondir. Le line-up rock est identique à celui du premier groupe, mais ici tous les musiciens ont un micro pour les chœurs ou le lead. Ce jeu à plusieurs voix fonctionne très bien, ajoutant de l'épaisseur aux compositions. Les guitares se répondent et s'entraînent dans les tours, la tension monte sur scène et dans le public qui commence à pogoter. Les Landes, c'est bien la côte Ouest de la France, et il y a la fougue californienne du skate rock ou du hard core californien dans leur musique. On pourrait croire que la tension va tomber quand le chanteur nous promet du jazz, mais il n'en est rien, Jester's Rule accroche autant qu'il déboite, la fosse du Supersonic pogote largement. Le public est bien chaud pour la course canine finale.

Changement complet d'ambiance et de style pour Dog Race : premier quintet de la soirée, premier synthé, premier drapeau palestinien, premiers anglais et première femme sur scène. En robe tailleur rouge, Katie Healy est plus que la voix du groupe. Hyper concentrée, elle chante le premier titre dans une sorte de yaourt bien barré alors que Terror, leur premier titre sorti il y a trois ans, nous propulse dans un club délirant comme il y en avait à Berlin Ouest au milieu des années 80s. Dès l'intro ce Return The day (Colours), la tension monte d'un cran et rappelle que le premier EP du groupe est quasi parfait. Qu'ils soient bons sur scène n'est pas une surprise, en revanche je découvre qu'il n'y a qu'une chanteuse et que ce que je prenais pour une seconde voix masculine est le résultat d'un multi-effet. De toute façon, avec ses petits pas de danse et ses gestes théâtraux, elle a du charisme pour au moins deux.

Le groupe nous présente un nouveau morceau, Lambing Season, fini cette semaine. Le claviériste s'éclipse, Katie prend sa place, le bassiste et le batteur restent sur scène mais ne jouent pas pour un titre qui commence très calmement alors que le chant se fait en falsetto. Sur ce morceau calme, le public au fond est dissipé. Puis le reste du groupe se met en marche, Dillon Willis remonte sur scène et le morceau s'envole. Le set est relancé, et la tension ne redescendra plus jusqu'à un final The Leader/It's The Squeeze dantesque avec une chanteuse prostrée, pliée en deux. Le public réclame un rappel mais le groupe est déjà en train de remballer alors que Arabian Knights de Siouxsie And The Banshees résonne dans la sono.

Ce soir Dog Race ont confirmé les espoirs que nous avons placé en eux en les sélectionnant dans notre sélection Sound Of 2025.
setlist
    Walk/Sprint
    Terror
    Return The day (Colours)
    40 Winks To Wyoming
    Lambing Season
    Where The Barrel Meets The Badger
    Mouse In My House
    Spoopy
    The Leader
    It’s The Squeeze
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