Biffy Clyro

Après une longue pause de quatre années, Biffy Clyro reviennent aux affaires avec leur dixième album studio Futique. Ne cherchez pas indéfiniment sur Goggle Translate ou dans vos Robert & Collins (des dictionnaires papier, pour ceux qui auraient déjà oublié), Futique est un assemblage de deux mots : « Future » et « Antique ». Comme pour signaler après plus de vingt ans de carrière que ce qui est crée à un moment T peut perdurer dans le temps en gardant tout sons sens. En voilà de sages paroles, et ce nouveau disque en regorge.

Que se passe-t-il donc au sein du trio écossais ? Ces quelques années qui ont suivie le couple d'albums A Celebration Of Endings et The Myth Of The Happily Ever After, sortis en pleine épidémie de COVID-19 et parmi les multiples confinements, ont laissé quelques traces dans la psyché de nos musiciens. D'une part, le besoin de faire une véritable pause, ce qui n'a jamais été le fort de ces artistes prolifiques. Mais d'autre part, surtout, une grosse fatigue mentale, qui mena d'ailleurs Ben Johnston aux portes de la dépression et à la remise en cause même de l'existence du groupe.


Une période critique pour ces amis d'enfance, et le besoin de se recentrer sur l'essentiel, soit la famille, les amis et les joies simples que nous offre notre quotidien. Ainsi, Futique se veut un album très profond du point de vue de ses paroles, et les moins anglophones d'entre nous perdrons un peu au change en laissant de côté les mots gravés sur cet ensemble plutôt bien équilibré entre gros rock aux riffs ultra ciselés et pop-rock mélancolique.
Le mélange des genres n'est pas étranger à Biffy Clyro, c'est d'ailleurs devenu leur signature depuis l'explosion du groupe aux yeux du monde avec Only Revolutions, qui vit alors le trio favoriser les premières parties de très grosses pointures à l'image de Muse ou Bon Jovi (aussi incroyable que cela puisse paraître) dans les stades du monde entier. « Il faut ce qu'il faut » et le chemin vers la gloire est ainsi semé de gigantesque arénas et autre multi-diffusions de singles sur les ondes à grand public. Mais Biffy Clyro n'en ont pour autant jamais perdus leur âme, et ce disque nous le démontre bien.

Avis à la population : cet album ne révolutionne absolument pas le style plus que rôdé du groupe, et cela nous va bien, Neil Simon, James et Ben Johnston excellant dans leur domaine. Entre hymnes de stades aux refrains fédérateurs (With A Little Love, Hunting Season ou True Believer) et morceaux où l'on peut palper la sensibilité de ses compositeurs (Shot One, A Thousand One et le très beau mais peut-être un peu trop sirupeux cependant Goodbye), le spectre des émotions est à son comble : on hurle de rage autant que l'on se laisse submerger par l'émotivité. On y parle d'amours déchus, d'amitié perdues, ce qui fait le sel de nos vies, et tout cela sur des guitares toujours outrageusement enfiévrées, déversant la dose nécessaire de tension qui rend le « son Biffy Clyro » un indispensable du paysage rock alternatif britannique depuis deux longues décennies maintenant.


On aime surtout quand le Ecossais prennent le contrepied de cette fureur : Woe Is me, Wow Is You est le récit du point de non-retour qu'ont failli atteindre les musiciens au moment où ils ont remis en question l'existence de Biffy Clyro. Il leur a fallu du temps, de la méditation et beaucoup d'amour fraternel pour réaliser qu'après avoir passé trente années, depuis les bancs de l'école, à faire de la musique ensemble, avec tout ce que cela implique de très hauts mais aussi de très bas, cette aventure est loin d'être terminée. Cette chanson est leur manifeste : « this ship is built to last », voilà la conclusion que tirent les écossais de cette carrière fructueuse, parfois semée d'embuches mais qui, au final, n'a fait que resserrer leurs liens.

Avec Futique, Biffly Clyro enfoncent le clou de leur rock destiné au plus grand nombre : oscillant entre brûlots fiévreux et ballades mélodieuses mais toujours un peu tourmentées, les Écossais ne font qu'asseoir leur position de leaders de la scène alternative britannique. Un cap atteint qui, peut-être, les guidera pour le futur sur des chemins autres, la surprise et l'inattendu permettant aussi de maintenir à flot les relations longues durée. Le live, lui, n'a jamais perdu de sa superbe depuis tout ce temps, rendez-vous nous est donc donné le 1er février 2026 à l'Olympia de Paris pour continuer de vibrer à leurs côtés.