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Loyle Carner

Paris, Elysée Montmartre - 15 décembre 2019

Live-report par Franck Narquin

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Dimanche 15 décembre 2019. Les métros sont fermés depuis 10 jours, rendant chaque déplacement dans Paris aussi long et casse-gueule qu'un film de Martin Scorsese sur Netflix. Il pleut, il fait froid (bien que Evelyne Dhéliat et Greta Thunberg me rappellent en cœur que nous sommes 3 degrés au-dessus des normales saisonnières). Qu'est-ce que je peux faire, j' sais pas quoi faire. Ça tu ne me le diras plus Anna. Bref, c'est le cœur ballant et les jambes lourdes que nous nous trainons jusqu'à l'Elysée Montmartre, complet depuis des mois mais libre des quelques places libérées par ceux qui n'ont pas eu le cœur d'offrir quarante Euros à Uber.

Si le corps et le cœur n'y sont pas, nos oreilles arrivent aisément à nous motiver pour aller voir le brillant Loyle Carner. Car si le jeune londonien n'a pas révolutionné le hip-hop, il a fait presque mieux, En deux albums, il s'est imposé comme une figure incontournable du rap britannique en lui redonnant son original vibe, puisant ses samples dans le jazz et la soul pour en extraire une feel-good music, à la fois créative et jubilatoire.

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Passons vite sur la première partie de Lucy Lu et son rn'b mollasson qui nous ferait presque regretter de n'être pas resté à la maison pour un rediffusion d'Ally McBeal. Ne jugeons pas de façon hâtive, mais il semble peu probable qu'ils viennent chambouler nos tops ten de fin d'année. D'ailleurs, celui de Sound of Violence ne devrait pas tarder à sortir. Alors qui de FKA Twigs, Fontaines D.C. ou Hot Chip a fait chavirer la rédaction ? Patience petit Padawan, patience...

Mais revenons sur les lieux du crime, comme dirait Christophe Hondelatte. A peine le temps d'échanger sur le dernier album de Kanye West ou le mémorable concert de Common ici même avec nos copains de Backpackerz, que les lumières s'éteignent, ne laissant entrevoir qu'un immense maillot rouge criblé du numéro 7 (celui d'Eric Cantona, héro du beau-père du beau Loyle). Le clavier, le bassiste et le DJ sont en place. C'est au tour de Loyle Carner de bondir sur scène pour entamer un Ice Water qui va immédiatement réchauffer toute la salle avant que le boom-bap du tubesque You Don't Know ne vienne plier le game d'entrée de jeu. Longue standing ovation dès le deuxième morceau. Emballé, pesé, le public est dans la poche.

Ce mec est imbattable. Car en plus d'être beau comme un dieu, ce qui lui a valu d'être l'égérie d'Yves Saint Laurent, il est aussi tellement cool, qu'on se verrait bien partager avec lui quelques pintes dans un pub de Charing Cross. Le la du concert est donné, je prends du plaisir, je vous le communique, vous prenez du plaisir. Le bonheur simple du bon hip-hop à l'ancienne, sans madeleine rassie ni nostalgie de boomer mal placée.

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Alternant avec le même naturel les morceaux up-tempo et les moments de recueillement, pas avare sur les anecdotes au public, Loyle Carner emballe le show sans forcer. Aucun temps faible, nous éprouverons le même plaisir à écouter Dear Jean, en mode a capella assis sur le bord de la scène, qu'à balancer les bras et hurler des « yes yes y'all » comme de jeunes spring breakers sur No Worries. Seule vraie déception de la soirée, l'absence de Jorja Smith sur Loose Ends. La voix enregistrée de la diva nous fait tout de même hérisser les poils et chavirer le cœur.

Un petit rappel avec l'énergique NO CD et nous voilà tous regagner nos pénates, les jambes requinquées, le sourire aux lèvres, comme si nous venions de recevoir un SMS de la belle Emilie. Grosse énergie, totale générosité, qu'on se le dise en matière de hip-hip, old school is the new cool.
setlist
    Ice Water
    You Don't Know
    Stars & Shards
    +44
    The Seamstress (Tooting Masala)
    Angel
    Dear Jean
    Desoleil (Brilliant Corners)
    No Worries / The World Is Yours (Remix)
    The Isle of Arran
    Looking Back
    Still
    Ottolenghi
    Ain't Nothing Changed
    Loose Ends
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    NO CD
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