Un lundi au Supersonic oui, mais au Supersonic Records, permettant de gagner un peu en confort et en intimité grâce à la petite salle si stylée de la rue Biscornet. Pour débuter cette deuxième semaine de vacances scolaires, que nombre d'entre nous passent évidement au bureau, quoi de mieux que de se mettre en jambe avec deux valeurs sûres de l'équipe de programmation du Supersonic ? Nous retrouvons donc presque « entre amis » The 113, tout dernièrement vus au HOP POP HOP festival à Orléans et Courting, ces derniers croisés l'an passé au Point Ephémère. Depuis, Courting nous ont délivré un troisième album
Lust for Life, Or: ‘How To Thread The Needle And Come Out The Other Side To Tell The Story', dont on n'a jamais réussi à retenir le nom en entier mais qui nous avait tout de même convaincus sur le fait que le groupe continuait son cheminement vers un rock plus affirmé qu'avec ses prédécesseurs, encore un peu trop éparpillés.

Il était temps de vérifier si Courting ont maintenu le très bon niveau scénique dont ils nous avaient fait la démonstration en avril 2024. Mais avant cela, c'est nous concernant notre troisième rencontre en 2025 avec
The 113. Toujours de Leeds, et toujours extrêmement concentrés sur scène, nos amis déroulent un set de trente minutes intense. Encore en attente d'un premier album, nous continuons à savourer la série de très bons singles de la formation, crantés dans cette veine de post-punk plus sombre que tapageur, aux contours presque un peu austères. C'est d'ailleurs ce style très pointu qui, peut-être, empêche les membres du groupe de laisser s'exprimer leurs émotions sur scène. La musique est juste, l'énergie diffusée à son maximum, mais il manque cette sensation de laisser-aller qui peut refroidir les spectateurs les moins familiers avec leur musique exigeante. Pour les connaisseurs, c'est une série de singles de haut calibre qui sont parfaitement interprétés tels
Too Awake,
Backpedaler ou
Presence, et pour eux l'assurance que le répertoire de The 113 (difficile de ne pas prononcer leur patronyme « à la française », ce qui est aussi un peu perturbant !) est d'une incroyable solidité, nous espérons simplement que le groupe fasse prochainement un peu tomber son masque empreint de sévérité pour permettre un accès plus aisé au public néophyte.

La suite de la soirée se fait avec le retour de
Courting, nos camarades de Liverpool aux commandes de leur troisième LP en seulement trois ans. Une forte productivité et un style qui s'affine avec les années. Le dernier opus prenant en effet un peu de distance avec les aspects souvent un peu trop lisses des singles que l'on pouvait trouver dissimulés dans les deux premiers albums du groupe. Pour celles et ceux qui ont, comme notre rédaction, découvert Courting avec leur tout premier EP
Grand National en 2021, les productions plutôt sages des disques pouvaient en effet un peu déconcerter. C'est donc avec beaucoup de plaisir que nous découvrions lors de l'écoute de
Lust for Life, Or: ‘How To Thread The Needle And Come Out The Other Side To Tell The Story' un virage plus indie rock, surtout mâtiné de ces touches d'electro pop très agréables.
Courting viennent donc présenter leur disque sorti en mars dernier, et le plaisir qu'ils ont de revenir jouer est flagrant. Sean Murphy-O'Neill, dorénavant portant la coupe courte et décolorée, souligne au passage que le Supersonic Club est à ce jour l'endroit où ils ont préféré jouer, et qu'ils ne sont pas insensibles au charme très particulier du Supersonic Records. Les déclarations d'amour faites, c'est pied au plancher que le groupe débute son set, une grosse heure non-stop de petits tubes, parmi lesquels nous redécouvrons avec joie les premiers singles qui nous avaient fortement tapé dans l'oreille, tels
Tennis ou
Grand National. Ce qu'il ressort des premières minutes du concert est le surcroit d'énergie que dépensent Courting. Les guitares sont puissantes, la cadence comme augmentée, les versions live des titres sont bien plus étoffées que sur disque.
C'est presque de la rage qui semble émaner des musiciens, et nous peinons presque à reconnaître le groupe que l'on a vu en avril l'an passé. Légèrement entassés dans le petit coin de la scène, avec un lightshow très vif, souvent dans la demi-pénombre, Courting gagnent en profondeur et les aspects un peu pop rock qu'ont leur a connus ont ici complètement disparu. Preuve en est : un petit noyau de fans se met à s'agiter et à créer un mini mosh pit bondissant, ce qui dans le mini espace du Supersonic Records sème bien vite un dawa monstre, pour le plus grand bonheur des musiciens. L'ambiance générale se durcit un peu, et le final se fait sur l'excellent single
Likely Place For Them To Be qui lui-même clôture leur dernier album, avec les guitares qui saturent et la petite foule aux anges.
Courting ont ainsi en parallèle célébré la sortie de la version Deluxe de leur troisième album au nom inversé
‘How To Thread The Needle And Come Out The Other Side To Tell The Story Or : Lust for Life', comme pour souligner une face plus complexe de leur personnalité. Ce concert a en effet dévoilé aux yeux et aux oreilles une version du groupe plus pêchue, plus intense, et cela n'annonce donc que du bon pour l'avenir.