Habitués à découvrir de nombreux jeunes artistes prometteurs chez nos amis du Supersonic, nous passons dans une tout autre catégorie pour le concert du soir. C'est dans la petite salle du Supersonic Records que nous pénétrons en ce samedi, peinant à nous frayer un chemin vers la scène car des rangs de fans se sont déjà formés à ses pieds. C'est en jouant un peu des coudes que nous nous postons dans un petit recoin et que nous découvrons la sympathique horde de fans de The Royston Club, le groupe indie rock gallois qui nous avait convaincus cet été avec son second album
Songs For The Spine, puis quelques jours après sur la petite scène anciennement Firestone (la surenchère de noms nous passe un peu au-dessus de la tête, pardonnez-nous) à Rock en Seine.
The Royston Club, quatuor formé de Matthias à la guitare, Tom Faithfull à la guitare et au chant, Dave Tute à la basse et Sam Jones à la batterie, revient donc à Paris pour deux dates sold-out à la rue Biscornet. L'engouement pour ces jeunes rockeurs pur jus en a pris plus d'un au dépourvu, et c'est donc un doublé que doivent accomplir les musiciens pour répondre à la demande.

Dans la salle, nos notons tout de même une bonne moitié de compatriotes britanniques présents, le groupe ayant déjà une belle petite renommée sur ses terres. Ainsi l'atmosphère très intimiste du Supersonic Records est, pour ces admirateurs, une aubaine. Mais il y a surtout une autre moitié de fans, bien française celle-là, dont certains venus de province pour l'occasion, ce qui n'augure que du bon pour une prochaine tournée qu'on espèrera élargie dans l'Hexagone.
C'est une audience très jeune, et très féminine dans sa majorité, qui occupe les lieux. A la question de savoir comment ces jeunes demoiselles ont découvert nos gallois, la réponse est surtout grâce à la magie des algorithmes des plateformes de streaming, décidément bien indispensables de nos jours pour aller à la chasse aux nouveautés, malgré leur aspect indéniablement peu équitable pour les musiciens. Mais, il faut vivre avec son temps, les bornes d'écoute de CDs dans les FNAC ayant disparu et la musique se vivant de plus en plus dans l'instantanéité.
Après ces quelques propos qui nous rappellent que nous frôlons l'âge de pierre, retour au concert qui débute avec le groupe tout sourire sur scène, dans cette très agréable précarité, les quatre garçons engoncés dans la petite estrade, et surtout entourés de beaucoup d'instruments et de matériel que l'on n'a pas l'habitude de voir pour des concerts au Supersonic Records. The Royston Club se donnent les moyens de réussir, équipés d'ingénieurs du son et de roadies, et le concert ce soir, en un peu plus d'une heure, aurait pu être délivré dans une salle plus conventionnelle tant il est pro et carré de bout en bout.
Le set permet de replonger dans les deux albums du groupe, et nous retrouvons donc, en version beaucoup plus électrique sur scène, les meilleurs morceaux de The Royston Club, mélange hautement addictif d'indie pop et de rock aux effluves garage « à la Strokes ». C'est en choisissant un style finalement plutôt classique que les Gallois peuvent ainsi toucher plus facilement un large auditoire : érudits de rock tout comme amateurs de musique sans réelle spécificité se retrouvent tous ensemble car la recette de The Royston Club, sans rien innover, est d'une efficacité redoutable.

Sur scène, c'est toujours le chant de Tom Faithfull qui apporte encore plus de nuances à ces pettes pépites rock parfaitement calibrées pour être reprises en chœur. Ce qui ne manquera pas d'arriver dès le tout premier titre, et tout du long du set. Le groupe, bien qu'entouré de beaucoup de britanniques ce soir, semble prendre conscience que la fanbase française est bien réelle, et l'enthousiasme débordant de certains les touchent véritablement. L'émotion se fait sentir quand Ben Mathias s'arme de sa guitare acoustique et se lie au chant avec Tom, faisant couler les larmes et les paillettes sur les joues de jeunes fans énamourées au premier rang... Des émotions et des sensations qui resteront gravées dans les mémoires et qui renforcent le charisme du groupe.
Pas de temps mort ni de rappel (la salle ne s'y prêtant pas vraiment), le set est envoyé comme une petite fusée, et on sent chez The Royston Club que le sérieux les guide, jusqu'au bout du médiator. Malgré leur jeune âge, il n'a y a aucune place à l'amateurisme, tout est rôdé, et peut-être regrettons-nous cette petite touche ingénue qui pourrait donner encore plus d'authenticité à la performance. Néanmoins, au même titre que tant de formations que nous avons eu la chance de découvrir à ce stade et qui ont très rapidement pris leur envol vers des carrières internationales (on pense évidement pour coller à la thématique à Stereophonics, chantres de la pop rock de stade qui ont débuté dans des petits clubs), The Royston Club détiennent déjà tous les ingrédients pour proposer un rock grand public mais néanmoins racé, leurs nombreuses influences les maintenant encore au-dessus du courant mainstream qui en a fait sombrer plus d'un dans les nimbes du rock FM insipide.
Cette première tête d'affiche parisienne de The Royston Club n'a fait que confirmer tout le bien que nous pensons de cette formation extrêmement riche : simplicité et efficacité sont les créneaux de nos amis gallois, leur enthousiasme et leur maîtrise musicale ne peuvent que les préparer à monter très haut et très rapidement. L'étape du troisième album sera donc décisive, et nous misons déjà quelques piécettes sur un retour rapide dans des salles beaucoup plus conséquentes.