Isobel Campell et Mark Lanegan étaient en concert samedi dernier à la Cigale. Sans enthousiasme.
On ne m’avait pas prévenue. Pas prévenue que j’allais assister ce soir à un show exceptionnel, hors du commun; que les deux stars qui daignaient se déplacer jusqu'à Paris ce soir-là le faisait dans un effort surhumain, prêts à s’abaisser au niveau du commun des mortels pour nous enchanter de leurs divins accords. Qui était à la Cigale ce soir-là ? Les Beatles ressuscités ? Les Rolling Stones ?
Diantre non, c’était bien Isobel Campbell et Mark Flanagan…. Ca ne dit pas grand-chose à certains d’entre vous, parlons franchement… Eh bien, pourtant, ces deux-là se comportent comme des stars interplanétaires. Pas un seul mot au public, pas un seul « bonjour », pas un seul sourire de toute la soirée.
Celle-ci avait pourtant doucement commencé avec la voix envoûtante de Pete Greenwood, jeune artiste britannique accompagné de sa seule guitare. Des intonations à la Bruce Springsteen, un style dépouillé : le jeune homme ne paie pas de mine, mais son folk à l’américaine fait son petit effet.
Puis le « show » commence, qui vient ruiner toute la beauté des mélodies des deux chanteurs. Car oui, les chansons sont belles. La voix rauque, de cow-boy de l’un et la douce voix parfois fluette de l’autre : un duo à la Nick Cave et Kylie Minogue. Les deux chanteurs, vêtus sombrement, entament leur concert par Seafaring Song, bercé par le mélancolique violoncelle d’Isobel Campbell. Puis le titre plus rythmé Deus Ibi Est, d’autres morceaux de leur dernier album, Sunday At Devil Dirt. Mais, surtout, pas un sourire.
Apparemment, ils font vraiment la gueule. Pourquoi ? Allez Savoir… Dès qu’ils terminent une chanson, ils tournent le dos au public, de peur d’avoir à l’affronter. Une peur qui reste présente lorsqu’ils chantent : lui garde inlassablement les yeux fermés, comme pour essayer de nous oublier. Aucune émotion, le genre cow-boy qui se fout de tout et du reste, un John Wayne condescendant, la carrure en moins. Elle regarde droit devant elle, comme un robot, sans jamais jeter un coup d’œil à ce qui se passe autour d’elle.
Et pourtant, le public et généreux, indulgent. Il applaudit largement, ovationne, crie… Sans jamais de réponse. Il ne désarme pas, il persiste, demande un rappel, supplie pour un sourire… Mais non… Les deux artistes sont décidemment là pour faire leur sale boulot, un boulot qui les emmerde. Une sorte de prostitution musicale, douloureuse.
Après un come back poussif, les voilà qui lèvent la main, sans une parole, après le dernier morceau, Wedding Dress. Puis ils partent.
Bref, si vous êtes adeptes d’Isobel Campbell et de son antipathique collègue, la prochaine fois, ne vous déplacez pas. Achetez l’album, c’est tout comme.