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Isobel Campbell

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 14 février 2020

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Quatorze ans après son dernier album solo, le superbe Milkwhite Sheets, dix ans après son dernier disque avec Mark Lanegan, Hawk, on est plus qu'heureux d'avoir des nouvelles de Isobel Campbell. D'autant plus que son nouvel effort studio, There Is No Other..., est un disque superbe qui renoue intelligemment avec le meilleur de la pop et du folk 60's. Rencontre à Paris avec une chanteuse surdouée et une femme adorable.

Cet album a été enregistré il y a cinq ans et ne sort qu'aujourd'hui parce que le label qui devait le sortir a fait faillite, c'est cela ?

Un peu moins de cinq ans en fait, mais c'est cela. Il a été terminé en juin 2016. Le jour après que le master ait été réalisé, on a reçu un mail de la personne qui m'avait signé disant à tous les artistes du label, je pars chez Amazon. Lorsque j'ai voulu récupérer mes droits, il m'a répondu « parle à mon avocat ».

L'album est très ensoleillé. C'est parce que tu as quitté Glasgow pour Los Angeles ?

Ce disque a été enregistré en Californie et à New-York. Tu es la deuxième personne à me dire cela. C'est intéressant. Je n'y avais pas pensé.

Il y a le côté cool de Los Angeles dans ce disque...

Je vis à Pasadena. Même si je vis là-bas, je me sens toujours européenne. J'aime Bowie, Gainsbourg, la culture européenne. Mes disques avec Mark Lanegan étaient plus américains.

Le disque a une vibe très folk. Il fait penser aux albums des chanteuses des années 60, notamment à Nico...

Je chante grâce à des chanteuses comme Nico ou Françoise Hardy. Cette dernière a toujours été ma chanteuse préférée. Je suis ultra fan.

Le premier morceau de l'album, City Of Angels, est dédié à Los Angeles, je suppose ?

Tout à fait. C'est un monde nouveau pour une européenne comme moi.

Tu as repris Tom Petty sur cet album avec Runnin' Down A Dream. Pourquoi as-tu eu envie de le reprendre ?

Mon père l'écoutait beaucoup. En Californie, il passe sans arrêt à la radio. J'ai voulu reprendre ce morceau mais à ma manière, avec un côté psyché.

Tu viens de Glasgow. Comment expliques-tu que vous ayez dans cette ville une telle culture pop ? Je n'ai jamais vu une ville de ma vie qui compte autant de fans de Love par exemple...

Tu as raison là-dessus. Je suis très fan de Love moi-même. A Glasgow, nous sommes fous de musique.

Vous êtes très branchés sur la West Coast, sans doute plus que dans n'importe quelle autre ville au monde...

Tu as raison. C'est la West Coast de l'Europe. Elle fait face à la West Coast américaine. On adore les groupes de là-bas : les Beach Boys, Love. C'est peut être un fantasme de la West Coast, je ne sais pas. C'est très excitant de grandir à Glasgow avec tous ces gens fans de musique. Je te conseille de regarder Teenage Superstar, c'est un super documentaire sur la musique à Glasgow. Ca va te plaire.

The Heart Of It All sonne très Neil Young. Il est l'une de tes influences ?

J'adore Neil Young mais je n'ai pas pensé à lui en l'écrivant. Le solo sur le morceau me fait plutôt penser aux Wings.

C'est ton mari qui a produit l'album ?

« On l'a produit tous les deux. Il a co-écrit certains morceaux et il joue de la guitare sur la plupart des titres. Nous sommes comme les Wings (rires).

La pochette de l'album fait très 60's également...

C'est drôle que tu aies parlé de Love tout à l'heure parce que j'avais Forever Changes en tête lorsque j'ai pensé à la pochette. Je pensais aussi à celles des disques de Donovan.

The National Bird Of India » sonne très hippie...

En 2008, j'ai rencontré un professeur de yoga à Glasgow. Je n'en fais malheureusement plus, par fainéantise, mais en revanche je continue de méditer. Je recommande d'ailleurs à tout le monde d'en faire autant. Cela apporte un grand bien être.

Tu as toujours eu cette voix cristalline. Tu as des secrets ?

Je n'ai jamis pris de cours de chant. Je crois que Françoise Hardy a arrêté de donner des concerts parce qu'on lui demandait de pousser sa voix, ce qui est stupide. Hier, j'ai repris Le Temps De l'Amour lors de mon concert à Bruxelles.

Tu n'avais plus sorti d'album solo depuis quatorze ans et de disque depuis dix. Pourquoi ?

Cela me fait un choc lorsque j'y pense. Je me suis dit oups (rires). J'ai beaucoup tourné avec Mark Lanegan. Cela m'a pris beaucoup de temps.En plus, les tournées, c'est dur. Être sur la route avec tous ces musiciens, vingt quatre heures sur vingt quatre, c'est fatiguant. Pour les albums, je suis perfectionniste mais j'essaie de lâcher prise. Au début de l'enregistrement de ce disque, cela m'a fait bizarre de ne plus avoir Mark à mes côtés et puis je me suis lancée.

C'est pour cela que tu as quitté Belle and Sebastian en tournée. A cause de la fatigue occasionnée par la vie sur la route ?

En partie mais aussi parce que je devais enregistrer mon premier disque solo, Amorino. Et puis en plus parce que j'avais été la petite amie de Stuart et que ça ne marchait plus entre nous.

Tu as enregistré plusieurs albums avec Mark Lanegan. Cela a très bien marché. Pourquoi as-tu arrêter ?

C'était beaucoup de boulot et puis j'aurais aimé composer davantage avec lui.

Te rends-tu compte que tout ce que tu as fait est culte ?

Pas du tout. Je suis fière de ce que j'ai fait même si ce ne sont pas des disques qui se vendent énormément. J'ai toujours été contente du fait que Belle And Sebastian marchent bien en France. Je suis amoureuse de votre pays : de Godard, de Françoise Hardy, de Truffaut...