J’ai appris quelques jours avant que ce qui devait n’être qu’un concert exceptionnel était en passe de devenir un concert mythique. Exceptionnel d’abord puisque c’est la première fois depuis 1986 que les
And Also The Trees passaient deux fois en moins d’un an dans notre belle capitale et que le groupe est indiscutablement doué pour la scène. Myhtique ensuite quand je découvris le flyer annonçant que le groupe allait jouer tout son dernier album, le sublime
(Listen For) The Rag And Bone Man et tout
Virus Meadow, probablement le meilleur disque du groupe.
Premier concert en ce qui me concerne à l’Alhambra et déjà l’ambiance est particulière. La file d’attente trépigne car l’ouverture se fait attendre, et le dimanche ce n’est jamais la même atmosphère. Quand les portes s’ouvrent je découvre ce qui a dû être une salle de cinéma, pour devenir une version réduite de l’Olympia avec son balcon, et des sièges solidement vissés au sol, même en fosse. Ces sièges ont peut-être sauvé
Pamelia Kurstin et son theremin infernal.
Le Theremin est un instrument électronique inventé après la première guerre mondiale et qui se joue en interagissant avec les ondes émises par deux antennes. Le musicien manipule donc de l’air. Si cela peut être amusant à voir, cela peut tout aussi être assez horripilant dans cette version jazz expérimentale.
Pamelia utilise des pédales sampler pour enregistrer des boucles de rythmes et s’auto-accompagner. Passée la stupeur des premiers instants, les tremblements ne tardent pas à parcourir un public médusé mais d’une politesse remarquable. Fort heureusement un roadie viendra l’interrompre au bout d’une demi-heure pour lui signifier que son temps est écoulé. Du jamais vu, mais le monsieur eut droit à une standing ovation en débranchant l’engin infernal.
Après cette très longue attente, les
And Also The Trees montent sur scène devant une salle comble et un public conquis d’avance. Ils font donc le pari de commencer par ce qui sera la quasi-totalité de leur dernier album. Et même si les morceaux sont moins connus, le groupe installe une tension dont il a le secret et le public répond, même assis. Cet album s’installe au côté des classiques du groupe, un vrai retour de créativité après presque quinze ans de redites ou de détours douteux. Huit des treize titres seront joués par le quintet. Sont présents les deux frères Jones, seuls rescapés de la première mouture du groupe, le batteur Paul Hill depuis dix ans, Emer Brizzolara au synthé depuis 2003 et Ian Jenkins qui les a rejoints suite au départ récent de leur précédent musicien en Floride. C'est lui et sa contrebasse qui sont en partie responsable de ce souffle retrouvé.
Après ces huit titres, le groupe s’accorde une pose. A leur retour il joue l’intégralité de
Virus Meadow dans l’ordre originel des chansons. C’est une émotion énorme d’entendre cet album puissant en live, tout en connaissant parfaitement les titres joués les uns après les autres. Même l’instrumental
The Dwelling Place est joué alors que sur l’album il donne l’impression d’être surtout composé de faux instruments classiques joués au synthétiseur. Les morceaux sont plus rock, plus directs et très actuels dans ces versions bouillonnantes. Le set atteint son point d’orgue pour le prodigieux
Virus Meadow que je recommande à tous les amateurs d’
iLiKETRAiNS ou d’
Interpol.
Il y aura deux rappels qui ne figurent pas sur la setlist. Le premier de trois titres issus de leurs albums des années 1990/début 2000. Le second commence par
Shaletown, extrait de
Millpond Years, l’autre classique du groupe qui mériterait d’ailleurs bien un live intégral. C'est l'ultra culte
A Room Lives In Lucy qui termine la soirée devant un Alhambra debout et en extase, tout comme les musiciens qui ont l'air étonnés de tant d'enthousiasme.
A très bientôt j'espère.