C'est dans un Zénith comble et glacial que Peter Doherty a donné un nouveau concert, lundi dernier, en soutien à la sortie de son album Grace/Wastelands. Au programme du set, Pete en solo, les Babyshambles et le fantôme des Libertines.
De Peter Doherty en concert, on gardait le souvenir de ses deux récentes dates au Bataclan en mars dernier. La salle du boulevard Voltaire avait accueilli avec chaleur et fureur le sale rejeton de l'Angleterre qui fêtait tout juste ses trente ans et la sortie de son premier album solo. On garde le souvenir d'un homme très ponctuel qui avait reçu avec humour et curiosité les lettres et les sapes balancées régulièrement par la fosse sur scène. Après le rappel du premier soir, Pete avait même daigné revenir saluer le public et échanger quelques phrases et signatures avec les premiers rangs. Et oui, car avant d'être le salop, drogué et junkie le plus convoité de la planète, Peter Doherty est certainement l'artiste rock le plus proche et le plus accessible qu'on connaisse.
Cette nuit passée au Zenith fut toute autre. Introduit par les copains du bus tour, à savoir le batteur Adam Ficek et son projet solo Roses Kings Castles, Dot Allison, puis Graham Coxon, un mauvais pressentiment a vite fait place à l'enthousiasme personnel. Sauf quelques irréductibles de la fosse, le public semble ce soir désespérément décidé à ne pas réagir. Soit, chacun est venu voir Peter. Mais de là à ne même pas consentir à jubiler à la venue de Graham Coxon qui a joué plusieurs minutes son Spining Top, fabuleux, dont l'excellent If You Want Me qui aurait pu recueillir avouons-le une approbation générale... Ainsi donc seul Peter les intéresse...?
Soit. A 21h45, il arrive enfin. Habillé comme un dandy, avec petite veste et cravate dénouée, chemise dégoulinante par-dessus le pantalon, il entonne Last Of The English Roses, appuyé par ses deux danseuses classico-gothiques. S'en suit A Little Death Around The Eyes, puis Salome... Un ange passe, un abruti réclame Wonderwall : no comment. Peter Doherty entame par la suite d'autres morceaux, seul à la guitare acoustique. Certains titres des Libertines, pourtant fédérateurs font surface tels que Don't Look Back Into The Sun qui arrive à peine à décocher les « woohooo » de rigueur en général repris par le public à la fin du morceau. Ainsi, c'est dans un silence religieux que le reste du groupe rejoint Pete avec l'excellent Arcadie.
L'homme prend le temps de s'ouvrir une canette de bière, encouragé par les hurlements malsains de la fosse, visiblement plus inspirée par l'addiction de l'artiste au houblon que par ses performances scéniques... Moment phare de la soirée, le duo avec Dot Allison sur Sheepskin Tearaway. Face aux applaudissements timides, Pete demande à la foule un peu plus d'enthousiasme envers son amie, mimant des clappements de mains. Après un bref passage par la case Babyshambles, Peter termine le concert par le somptueux Broken Love Song, suivi par le départ rapide de la formation. Il faudra attendre plusieurs minutes pour que la salle applaudisse et tape un peu des pieds, mais pas trop sinon cela risquerait d'abimer les semelles de chaussures. En se retournant vers les gradins, on voit que certains, avachis, ont renoncé tandis que d'autres en profitent pour partir, histoire d'avoir une place assise dans le métro : c'est ça être rock en 2009 ?
Dans un geste de compassion ultime, Peter revient. Le rappel fait pogoter les fans sur Time For Heroes et Fuck Forever, une prestation finale punk et chancelante, qui aura au moins le mérite de montrer l'humanité et la grande empathie de Peter Doherty envers son public, qui cette fois-ci, n'était pas au rendez-vous.