A un mois de la sortie de leur très attendu
Total Life Forever, Foals faisaient escale cette semaine dans la salle parisienne du Trabendo dans le cadre d'une courte tournée européenne. Un concert complet en l'espace de quelques jours seulement, plus d'un an après leur dernière prestation dans une Cigale bouillonnante, accompagné d'inévitables attentes du difficile public local. Encore en période de rodage, les cinq anglais ont malgré tout justifié par intermittence leur réputation scénique et introduit quelques pépites en passe de devenir dans un futur proche des classiques de leur répertoire.
La soirée débute ainsi tôt, dès 19h30, dans une salle où seule une petite centaine de personnes a pris place suite l'ouverture des portes. Face à eux, les londoniens de
The Invisible dont le principal fait d'arme réside en une nomination au Mercury Music Prize 2009. Tout aussi impressionnant et massif qu'il puisse paraître être sous ses faux-airs d'Eugene Robinson (Oxbow), Dave Okumu fait rapidement preuve d'une toute autre délicatesse alors que Tom Herbert et Leo Taylor se font plus discrets. Le chant, imposant ou plus effacé selon les titres, est ainsi une composante non négligeable de la musique hypnotique du trio. Soul, new wave et post-punk se voient ainsi mêlés dans des compositions aériennes portées par des rythmiques implacables et une montée en puissance de quarante minutes ponctuées par un final instrumental magistral. Les applaudissements enjoués d'un public conquis ne trompent pas : The Invisible, bien que cruellement sous-estimés, gagneraient à être vus et entendus plus souvent hors des frontières de leur pays natal.
C'est une salle prête à exploser au moindre invectivement que Foals voient se dresser face à eux une courte demi-heure plus tard. L'accueil réservé au premier titre joué,
Total Life Forever, inédit qui plus est, est en ce sens des plus encourageants pour les cinq anglais en dépit de quelques notes manquées et de nouvelles marques à trouver. Dès
Cassius, emballant comme au premier jour, la fosse devient le terrain de slams et pogos incontrôlables et incontrôlés, avant que
Olympic Airways et un
Miami mieux maitrisé ne suivent la même direction. Yannis Philippakis, fidèle à son image de perfectionniste éprouve quelques difficultés au chant alors que le groupe semble manquer de liant, mais la troupe est appliquée et cherche à retranscrire au mieux les quelques nouvelles compositions introduites ce soir, à l'image d'un
Blue Blood très pop.
Le véritable tournant du concert réside en
This Orient. Ce nouveau single, trop basique dans sa version studio, se voit ainsi électrisé jusqu'à en devenir une véritable locomotive pour
Spanish Sahara sur lequel Yannis Philippakis semble enfin faire ses preuves au chant dans un contexte plus vaporeux et posé. La machine est lancée et ne s'arrêtera plus ce soir. Intégralement consacrée à
Antidotes en raison de la très surprenante absence de dernière minute de
Black Gold, la fin du set est enfin à la hauteur du potentiel du quintet.
Red Socks Pugie assomme ainsi la salle dans un premier temps avant que qu'
Electric Bloom et ses percussions ne fasse grimper la température de quelques degrés. Le rappel, exécuté après quelques ajustements, est d'emblée marqué par The French Open, dédié au public local, sur lequel le vocaliste du groupe, guitare en main, se lance dans un slam inattendu, avant de s'offrir un tour d'honneur durant
Two Steps, Twice, hymne math-rock dévastateur et entêtant une fois encore loin au-dessus du lot.
Moins brillants qu'à leur habitude dans un contexte certes difficile, Foals n'en ont pas moins posé le temps d'un concert les bases d'un succès évident dans les mois à venir. Passée la découverte, le potentiel de la formation d'Oxford prendra à n'en pas douter une fois encore le dessus !