The Invisible

Il est bien loin le temps du voile noir qui planait au dessus des notes de Rispah. Dave Okumu, Tom Herbert et Leo Taylor ont décidé de célébrer la joie et la gratitude d'être en vie. Rien à voir donc avec l'album Rispah, hommage à la mère défunte du leader sorti en 2012. Pour Patience, le trio londonien a voulu captiver les esprits en s'entourant de plusieurs guests tous plus talentueux les uns que les autres.

On les avait aperçus sur la scène du très branché Pop-up du Label le 18 mai dernier. Déjà, le groupe paraissait renaître, mu par une énergie nouvelle. Dave Okumu n'a rien perdu de sa voix douce et caressante mais il l'associe désormais à des rythmes et des instrumentations électroniques plus dansantes et -assumons le côté neu-neu- joyeuses, à l'image du son lounge très sensuel de Life's Dancer. Tout est mixé avec subtilité. Entre pop, rap, hip-hop et R&B, la fibre de The Invisible est franchement reconnaissable, notamment grâce au timbre de Dave. Le son rappelle Bloc Party, TV On The Radio, et pourtant, à l'écoute de So What, on a davantage l'impression d'avoir affaire à la BO de Drive. Le premier titre, plus léger que le reste de l'album, manque légèrement de caractère et n'est pas à l'image du reste de l'album. D'ailleurs, le contraste avec les deux titres qui suivent est très fort. Save You nous donne envie de danser, presque comme on le faisait à nos super boom des années 90. Le groove est simple, presque déjà entendu. Qu'importe, on est heureux de le réentendre.

Le trio sait produire de la musique classe et dansante, à la manière d'une Rosie Lowe, récemment révélée par l'album Control. Décidément, la scène électronique britannique en a sous la semelle. Le morceau Different lui laisse la parole et la collaboration prend magnifiquement. Avec des sons de cloche à la manière d'une samba (à l'accent anglais), le titre donne envie de se trémousser sérieusement. Quant à Love Me Again, Dave Okumu a proposé à Anna Calvi d'être dans le projet, sur les choeurs, alors même qu'il est son producteur. La classe. Ce n'est pas pour autant le morceau de l'album que l'on retiendra en priorité. La mélodie est un peu légère.

L'album est teintée d'une énergie positive évidente. Pourtant, un titre attire particulièrement notre attention, car il détonne par rapport à l'ensemble. Memories, porte bien son nom. Le septième morceau de l'album nous renvoie à une mélancolie palpable. Parce que le rythme est plus soutenu, plus affolé, plus oppressant, parce que les accords de la guitare de Dave sont joués en mode mineur, parce que la mélodie met en lumière le ton nostalgique des paroles. On se laisse emporter facilement, le titre est réellement poignant.

The Invisible concluent l'album sur une note plus ondoyante et enjouée avec K Town Sunset, accompagné par Connan Mockasin, le chanteur néozélandais de pop psychédélique en featuring. Belle renaissance, Patience arrive à point nommé pour un bel été.