logo SOV

Tunng
Erland And The Carnival

Paris, Maroquinerie - 30 avril 2010

Live-report par Chloé Thomas

Bookmark and Share
La soirée commence avec Erland & the Carnival, pour une performance bien sympathique, mais aussi bien courte.

Le trio londonien, passionné de folk celte et anglais, en tournée sur la lancée de la sortie de leur premier album en janvier dernier, offre un spectacle sans prétentions ni originalité particulière, mais qui ne démérite pas non plus. Certes, le folk est à la mode au point que ça en devient fatiguant; cependant Erland et ses compères ont le mérite de ne pas en faire une interprétation superficielle pour au contraire revenir aux sources. Leur érudition en matière de chansons populaires traditionnelles traduit une vraie passion pour le genre et notamment un goût des textes qui fait plaisir à entendre. On regrette simplement que cela ne suffise pas à les démarquer du gros de la production actuelle.

Arrive ensuite Tunng, dont le nom étrange augure a priori d'un son gentiment bizarre. Les albums du groupe, s'ils sont gentillets et édulcorés, laissaient en effet entrevoir un désir de jouer avec les sons comme dans ce que le folktronica produit de meilleur.
Malheureusement, le live est plutôt décevant et les voit s'enfoncer dans leur mécanique poseuse en même temps qu'ils nous enfoncent dans l'ennui. Là justement où Erland And The Carnival proposaient du folk une interprétation, non pas originale, mais sincère, on tombe ici précisément dans l'écueil classique du genre, celui du toc. Les ballades romantiques en guitare acoustique, oui, mais lorsque celles-ci sont doublées de paroles ineptes et de pas de danses automatiques, on se croirait à la Star Academy.
La chanteuse Becky Jacobs possède une jolie voix de soprano, assez rare, et un énorme potentiel de séduction; mais tout cela est gâché par son air désespéré de poupée Barbie produite tout exprès par un marketing faussement indie (se réclamer d'un mot pareil, n'est-ce pas déjà une erreur fondamentale ?) qui les fabrique à la chaîne : les gestes et les mimiques sont celles d'une marionnette obéissante à l'image de France Gall gamine, sans ce kitsch absolu qui fait le génie (Oui, oui, de France Gall).

Tunng a matière à faire de bonnes chansons; simplement ils se contentent de donner dans le cocktail à la mode (« indie folk » et beatbox, donc) en prenant à la fois à Charlie Winston (pour la chemise à carreaux et le chapeau faux-vrai clochard) et à James Yuill (pour le côté laptop music facile, si facile). Dommage.