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Delphic

Paris, Maroquinerie - 10 mai 2010

Live-report par Julien Soullière

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Foutue pluie. Pas de capuche et mon parapluie est en train de rendre l’âme... Par chance, il n’y a pas foule à mon arrivée, et je peux donc me mettre à l’abri rapidement. Le show s’annonce électrique et, au vu de la température extérieure, on ne demande pas mieux. Juste le temps de se réchauffer, de discuter de la pluie et... de la pluie, que les lumières s’éteignent pour la première fois de la soirée.

Approchez, approchez, mesdames et messieurs ! Venez découvrir we are ENFANT TERRIBLE ! Pas l’ombre d’un Monsieur Loyal pour annoncer l’arrivée sur scène de Clotilde, Thomas et Cyril, et pourtant, la formation française est un drôle de phénomène.
A y regarder de plus près, on se dit même qu’on tient là la descendance évidente et malheureuse de Metric, une version mutante et visiblement schizophrène du combo canadien. Car tout dans ce groupe est synonyme de dualité. Le nom déjà, à mi-chemin entre la langue de Molière et celle de Shakespeare. Un choix de sales gosses, pour sûr, un clin d’œil à leurs influences, assurément. Mais il y a aussi ce style, dans l’attitude comme dans la musique, qui navigue dangereusement entre le côté le plus obscur des productions Kitsuné (soit de l’électro-pop plus ringarde qu’élégante) et la plus euphorisante des énergies « rock », libératrice et sans complexes.
Quand les français entament leur set, il n’y a pas grand monde pour les accueillir. N’empêche, les quelques âmes déjà présentes n’hésitent pas une seule seconde : elles se lèvent, se rapprochent de la scène, encouragent. Wild Child, Fleoh And Blood Kids... Les titres s’enchainent à mesure que la salle se remplit, et si le public peine encore à se laisser aller, il semble néanmoins réceptif. Sans trop de mal, l’attention des uns et des autres sera maintenue jusqu’au bout. Parfois irritante, toujours énergique, cette première partie aura au moins eu le mérite de mobiliser les troupes en vue de l’arrivée imminente de Delphic.

C’est après une poignée de minutes qu’entre en scène la formation anglo-saxonne, chaudement accueillie par le public parisien. Pas de doute, on est maintenant à cent lieues de l’affluence du début de la soirée: les petits protégés de Kitsuné sont donc attendus. C’est la deuxième fois que le groupe de James Cook se produit à la Maroquinerie, et comme à leur (mauvaise) habitude, c’est avec Clarion Call qu’ils ouvrent les hostilités. De là, suivront la quasi-totalité des titres de leur premier et unique album, Acolyte.
Bidouilleurs en diable, les anglais jouent de leurs instruments comme des gamins s’amusent avec des jouets nouvellement acquis : dans la pénombre, ils assurent d’intenses et habiles phases électroniques, qui sont autant de transitions entre les titres joués ce soir. L’impression est que, une heure durant, Delphic nous propose un unique, complexe et passionnant morceau. Le show donne à la Maroquinerie des airs de club londonien et le public de n’y trompe pas: la foule se désinhibe, doucement. Certains iront même jusqu’à danser, frénétiquement.
Quand enfin les anglais se dirigent vers les backstages, on se dit alors qu’au vu de l’ambiance qui règne dans la salle, assurer un rappel n’est plus vraiment une option pour eux. C’est donc sans grande surprise que le trio, toujours accompagné de son batteur, revient sur scène afin d’assurer un dernier tour de piste. Si le début est plutôt poussif, on retrouve très vite ce qui a fait la substance d’une soirée ô combien réussie. Rideau !

Le public se dirige vers la sortie, repu, malgré la courte durée du show. Quelque part, les membres de Delphic ont tout des alchimistes : d’un album trop lisse et somme toute bien sage, ils ont produit une expérience live excitante, bouillonnante. Pour l'occasion, j’emprunterai donc ma conclusion à MGMT : « congratulations ».
setlist
    Clarion Call
    Doubt
    Red Lights
    Submission
    Halcyon
    This Momentary
    Couterpoint
    Acolyte
    ---
    Remain
photos du concert
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