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Tricky

Paris, Festival FNAC Indétendances - 13 août 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Du 23 juillet au 14 août 2010, la FNAC se met à l’heure de Paris Plages et recentre la voie du Rock, en plein cœur de Paris, sur le Parvis de l’Hôtel de Ville. Tricky, Arno, Nada Surf, Beat Assailant... et le tout, absolument free of charges !

Si, comme je l’écrivais l’année dernière dans le « Carnet de route de Rock en Seine », le Festival du domaine de Saint-Cloud est encore ce qui se fait de mieux dans notre région question programmation, force est de constater que de Solidays au Festival Chorus des Hauts-de-Seine, on assiste plus à l’expansion qu’à la limitation du Rock live, et ce ne sont pas les critiques ou le public qui s’en plaindront !
A noter que pour beaucoup d’entre eux, la vraie tendance est à la gratuité des concerts ou des Festivals - et pas seulement pour voir Dave ou Sheila en direct du parking du Leclerc de la porte d’Asnières ! Soutenues par les conseils Généraux ou Régionaux ou par des entreprises privés, ces scènes rock bénéficient souvent d’une programmation n’ayant rien à envier aux Festivals payants... eux aussi soutenus financièrement par les administrations de régions.
Et cette année, on peut dire que la Fnac tape un grand coup en invitant des artistes reconnus comme Arno, Tricky ou encore Chloé et quelques découvertes très fraîches comme Uffie ou Lilly Wood & The Prick (déjà très repérée et très appréciée à Rock en Seine 2009).

En ce jour de recrudescence pour les jeux de hasard et les superstitions en tout genre – vendredi 13 août oblige – le Parvis de l'Hôtel de Ville ressemble aux pelouses de Longchamp ou du domaine de Saint-Cloud en plein festival estival ; des milliers de Parisiens et de touristes épatés ont envahi le béton et, assis en cercle, pique-niquant à même le sol ou vautrés sur les barrières et les selles des scooters malencontreusement garés trop près de la scène, attendent sous les nuages menaçant les premières mesures des infra basses d’Adrian Thaws, alias Tricky.
Ce soir, ce sont quatre prestations de beatmaker que nous offrent la FNAC et ses Indétendances avec 0800, Boogers (même si ce dernier fait partie des inclassables du rock électro), Uffie et Tricky. Ces deux français, cette américaine et cet anglais de renom vont faire trembler les murs bi-centenaires de l’Hôtel de Ville de Paris qui, tout au long de l’été, a vu passer nombres de Festivaliers d’un soir, clients sans retenue des boutiques d’alimentation du marais qui, pour quatre week-end d’affilés, voient leur chiffre d’affaire multiplié par dix aux rayons bières et sandwichs ! Desservie par plusieurs métros, proches de dizaines de supérettes aux tarifs bien inférieurs à n’importe quel bar de festival et jouissant d’un panorama historique somptueux, cette scène se pose en véritable concurrente de ses grandes sœurs payantes, les pelouses en moins.

Il est 21h15 lorsque Tricky prend la relève d’une Uffie, parfaite première partie de l’ex-membre de Massive Attack. Ne prenant aucun risque, Tricky s’exécute et interprète quelques uns de ses titres les plus connus et notamment du premier album unanimement reconnu, Maxinquaye. Tranchant de sa voix lumineuse dans le soir tombant trop vite, le timbre acéré et le beat aussi lourd qu’un billot recevant la tête d’un condamné ; sur l’ancienne place de grève, cela prend tout son sens. Ex-homme à tout bidouiller du groupe Massive Attack qui, lui aussi, prendra ses quartiers d’été à Paris lors de Rock en Seine dans quinze jours, il officie en solo depuis 1994 ou apparaît sur quelques compositions sombres avec son ex femme, l’excellente chanteuse Martina Topley-Bird (qui sera en concert à Paris ces jours prochains), Bjork ou encore PJ Harvey… Fan de Gainsbourg et ses mélodies lourdes de sens, sa formation joue sur le ressenti et les nappes brumeuses, en accord avec la météo, décidément indigne d’un mois d’août.
Il commence à pleuvoir au bout d’une demi-heure de concert et la moitié du public, non vêtu pour ces circonstances, quitte le Parvis et se précipite dans les bouches du métro pour se mettre à l’abri. Cela ne freine en rien les vocalises de Tricky qui, pluie ou pas, arrête son show à 21h50 tapantes !

Gratuit, soit, mais frustrant…