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Stornoway

Paris, Boule Noire - 6 novembre 2010

Live-report par Amandine

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Dernière soirée à la Boule Noire pour le Festival des Inrockuptibles et une affiche tout aussi alléchante qu'éclectique. La concurrence est rude avec la programmation simultanée de la Cigale mais les spectateurs sont tout de même nombreux (et mouillés, la faute à une pluie incessante).

Pour ce premier concert, Agnes Obel a accepté de remplacer au pied levé Django Django, lesquels avaient annoncé deux jours auparavant l'annulation de leur set à la suite d'une mauvaise chute de leur chanteur. Encore méconnue en France, cette danoise expatriée en Allemagne vient aujourd'hui, accompagnée de sa violoncelliste, nous délivrer quelques titres de son magistral premier album, Philharmonics. La beauté glaciale et majestueuse annonce des influences aussi contradictoires qu'Eric Satie et Sonic Youth ou encore Claude Debussy et Bob Dylan; je la classerais quant à moi entre Feist et Emiliana Torrini, tout en rajoutant qu'elle est plus proche des musiciens classiques que de la pop singer.
Ses compositions s'enroulent autour du piano et du violoncelle et sa voix cristalline nous entraîne vers le Grand Nord. Agnes Obel, c'est un peu l'anti Gold Future Joy Machine vu quelques jours auparavant : pas besoin de meubler avec un trop-plein d'énergie ou un jeu de scène élaboré; c'est la musique avant tout comme vient nous le rappeler son Wallflower instrumental. Sa reprise du Close Watch de John Cale est empreinte d'une douce mélancolie. Le concert est solennel et la blonde semble timide. Quelques lumières orangées, un violoncelle, un piano et ces voix féeriques sauront toutefois réchauffer l'âme des spectateurs.

 

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Après ce moment de douceur, place au jeune Colin Caulfield, aka Young Man. Tout juste âgé de 20 ans, il est ce soir accompagné de ses musiciens pour nous proposer ses compositions des plus élaborées. Alors qu'il n'a encore publié aucun de ses titres, il est repéré par Bradford Cox, chanteur de Deerhunter, pour une reprise du groupe publiée sur son Myspace. S'ensuivront des concerts en première partie de Dan Deacon.
Ce soir, il nous fait découvrir un enchaînement de titres déroutants dignes de Shellac : changements de rythmes, jeux de saturations sur les guitares, batterie au centre des compositions. Young Man joue la carte du math-rock jusqu'au bout des ongles et est des plus convaincants. Sa reprise de All Tomorrow's Parties décape la version du Velvet Undeground. Alors que l'originale tenait plus dans la noirceur du chant de Nico, Young Man restitue l'intensité dans un jeu de guitare presque obsédant. Le chant est placé en second plan pour laisser apprécier toutes les saveurs musicales du groupe.
Pour beaucoup ce soir, à en croire les applaudissements du public, et pour moi, un énorme coup de cœur. Je vous conseille vivement l'écoute de son premier EP sobrement intitulé Boy.

 

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Pour le dernier concert de la soirée, changement d'univers: des fans d'un autre style, plus « peace and love », se pressent au premier rang, appareil photo en main pour tenter d'immortaliser l'installation du très nombreux matériel des anglais de Stornoway. Cette formation pourrait à première vue sonner comme un énième groupe pop avec des mélodies sucrées devenant tout à fait insipides avec le temps, mais ne vous y méprenez pas, il n'en est rien.
Emmené par Brian Briggs, Stornoway revendique son admiration pour les éléments naturels; un peu hippie dans l'âme (Briggs n'a pas de télévision, roule en van Volkswagen et assiste aux manifestations en marge des meetings sur le climat à Copenhague), le chanteur pose en chanson ses contemplations et ses rêveries.
Le groupe choisit son line-up instrumental selon les circonstances du lieu; ce soir, il sera question de guitares, banjo, basse, batterie, percussions, violon, clavier et trompette, excusez du peu ! Tout démarre avec un air americana et We Are The Battery Human : il n'en faut pas plus pour émoustiller les spectateurs qui chantonnent le refrain. Il y a ce je-ne-sais-quoi d'enjoué dans la musique de Stornoway; on se laisse emporter, le sourire aux lèvres, dans des mélodies bucoliques méticuleusement interprétées. Durant I Saw You Blink, leur single, c'est toute la salle qui reprend le refrain et les membres du groupe s'en amusent, pensant que nous ne connaissons les textes de Stornoway que parce que nous sommes anglais. C'est en effet leur premier concert dans la capitale, tout comme pour les deux formations précédentes, mais les adeptes sont déjà nombreux.
Sur Here Comes The Blackout, un des musiciens ponctue la mélodie de bruits produits par une scie qui coupe une planche de bois, comme pour nous rappeler que, pour eux, la nature n'est jamais très loin.

Cette pop folk enchanteresse saura vous ravir si vous appréciez des groupes tels que The Decemberists ou Grizzly Bear. Une chose est sûre : Stornoway ont su trouver leur public ce soir; ils sont acclamés et reviennent avec leur « tube », Zorbing, pour clôturer merveilleusement cette soirée du Festival des Inrockuptibles riche en émotions.
setlist
    AGNES OBEL
    Katie Cruel
    Just So
    Philharmonics
    Brother Sparrow
    Close Watch
    Wallflower
    Sons And Daughters
    Riverside
    On Powdered Ground

    YOUNG MAN
    Knees
    Hands
    Problem
    By And by
    All Tomorrow's Parties
    School
    Just A Growin'

    STORNOWAY
    We Are The Battery Human
    When You Touch Down From Outer Space
    Cold Harbour Road
    I Saw You Blink
    Fuel Up
    On The Rocks
    Here Comes The Blackout
    Watching Birds
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    Zorbing
photos du concert
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