Stornoway

Première soirée du festival printanier Clap Your Hands au Café de la Danse avec une jolie affiche composée des psychédéliques John Grape et de la beauté naturelle de Stornoway.

Aux alentours de 20h, les spectateurs semblent avoir eu du mal à trouver le courage de se déplacer pour le premier groupe, John Grape. La scène est plongée dans la nostalgie d'une époque depuis longtemps révolue : des tapis de laine jonchent le sol tandis que des lampes aux vieux abat-jours à franges sont posés un peu partout. L'ambiance s'annonce intimiste et rétro. Un vieux magnéto à bandes délivre des bruits de vagues se fendant sur les rochers ; des enfants jouent et rient tandis que des mouettes hurlent au loin. Nous sommes de suite plongés dans la nostalgie, elle-même renforcée par un chant et des backing vocals souffreteux.
Les trois compères se partagent une instrumentation classique composée d'une guitare, d'une basse et d'une batterie, parfois secondés par un clavier sonnant très Doors. D'ailleurs, John Grape ont emprunté beaucoup à ces derniers, notamment dans le rock bluesy teinté de psychédélisme. Comme ils aiment à le souligner avec ironie, leurs titres parlent d'amour. A l'image des thèmes abordés, les structures mélodiques sont simples, construites autour de quelques accords et d'une batterie binaire. Les modulations blues soul, le timbre vocal voilé sonnent plus américains que français et la musique de John Grape a plus en commun avec les groupes 70's outre-Atlantique que les artistes francophones. Les compositions manquent pourtant d'originalité sur la longueur.

 

 

Comme en novembre dernier à la Boule Noire, Stornoway sont venus avec leur attirail d'instruments : banjos, guitares, violoncelles sont alignés au centre de la scène pour ce qui promet d'être un moment unique. Les Anglais aiment construire leurs sets en fonction des endroits dans lesquels ils sont et aujourd'hui, ils ont décidé de tirer partie du Café de la Danse pour offrir à cette dernière date de leur tournée européenne un concert tout à fait particulier. Les techniciens ont tombé le lourd rideau de fond de scène qui laisse ainsi découvrir le magnifique et majestueux mur de pierre où est accroché une immense pancarte à l'effigie du groupe. C'est alors que Brian Briggs et ses trois compagnons font leur entrée.
Autant dire que malgré le succès de ces derniers mois, ils ne sont toujours pas entrés dans le star system et c'est aussi modestement que fin 2010 qu'ils saluent leur public et débutent I Saw You Blink sous un tonnerre d'applaudissements. Ils placent la barre haut avec ce titre mais justement, le quatuor semble aimer les défis et nous explique que ce soir, pour fêter la fin de la tournée du vieux continent, il jouera une bonne partie du concert sans micro, en unplugged, et demande donc à l'auditoire le plus grand silence. Ce dernier point semble rapidement être oublié par trois Anglaises alcoolisées et hystériques au premier rang qui discutent et hurlent sans cesse. Malgré les remontrances du groupe et des spectateurs, elles ne se tairont jamais, ce qui sera le seul bémol de la soirée.
Passé ce petit désagrément, nous profitons de cette intimité et de cette proximité avec le groupe. La jovialité de leurs titres est renchérie par l'apport de la trompette. Les harmonies vocales sont toujours des plus justes tandis que le batteur déchaîné semble de plus en plus s'évader au fur et à mesure que les minutes passent, délaissant parfois son instrument pour faire chanter une scie musicale. Avec cette configuration acoustique, la voix de Brian Briggs se fait encore plus belle et délicate que sur les versions studio. Les titres de Beachcomber's Windowsill sont totalement revisités, avec beaucoup de grâce et de réussite, prouvant une fois encore que, pour eux, la beauté réside dans le naturel et la simplicité. Un court rappel sur We Are The Battery Human et il est déjà temps de retourner à la sauvagerie de la vie parisienne.

Encore un joli moment avec Stornoway...