En ce vendredi 17 décembre, la soirée Inrocks Indie Club avait revêtu ses habits de fête pour sa dernière édition de l'année 2010. Avec la révélation annoncée de 2011, The Vaccines, la pop aérienne à tendance post-rock de I Like Trains et le retour de White Lies quelques semaines avant un très attendu second album, un plateau haut de gamme était ainsi offert au public parisien avant la trêve que représentent les fêtes de fin d'année.

Alors que plusieurs jeunes filles ont installé leur campement devant les portes de la salle dès la fin de la matinée, l'ouverture des lieux est le théâtre d'un rush vers des premiers rangs immédiatement pris d'assaut par la gente féminine. Fait rare pour le lieu, un bloc compact s'entasse aux abords de la scène au fil des minutes pour ne plus en bouger avant la fin de la soirée. A 20h25,
The Vaccines sont ainsi accueillis par des applaudissements enthousiastes en dépit de leur relatif anonymat. S'ils ne savent pas encore quelle orientation va suivre ce premier concert hors du Royaume-Uni, le choix de lancer d'emblée les singles
Wreckin' Bar (Ra Ra Ra) puis
Post Break Up Sex s'avère payant.
Ceux dont on attend qu'ils remettent au goût du jour le rock à guitares britanniques jouent avec application et une certaine naïveté, quand bien même l'attitude plus volontaire de Justin Young au chant contraste avec celle de ses trois camarades en retrait. Sans déchainer les passions, les compositions du quatuor sont suffisamment immédiates pour toucher un public novice et obtenir un soutien satisfaisant. Si la sortie de leur premier album en mars prochain fera figure de test d'envergure pour ce groupe encore en plein développement artistique à la vue du set de ce soir, des titres à l'image de
All In White ou
A Lack Of Understanding peuvent laisser espérer le meilleur.

Avec l'arrivée de
I Like Trains vingt minutes plus tard, le changement de style peut sembler brutal mais ne semble pas déstabiliser une salle désormais compacte. Fort d'un second album auto-produit et sorti il y a quelques semaines, le groupe de Leeds est accompagné par un musicien supplémentaire à la guitare et aux claviers en la personne de Ian Jarrold (ex-Redjetson), celui-ci compensant numériquement l'absence d'Ashley Dean depuis son départ il y a deux années. Certes les projections vidéos tant louées lors des débuts du quintet appartiennent désormais au passé, mais la musique n'a quant à elle pas pris une ride et même gagné en accessibilité.
En effet, alors que
Terra Nova et le long
Spencer Perceval, tous deux chaleureusement salués par les fans présents, font respectivement honneur à
PROGRESS, REFORM et
Elegies To Lessons Learnt, le court set se concentre sur des productions plus récentes. Toujours aussi juste dans son interprétation vocale, Dave Martin est ce soir encore soutenu par des guitares aux sonorités immédiatement reconnaissables et des mélodies plus directes. Adeptes ou novices écoutent chaque composition avec une certaine politesse, tous se voyant emportés par les envolées instrumentales jouissive, à l'image du final très enlevé que constituent les dix minutes de
Spencer Perceval. Impeccables une nouvelle fois, I Like Trains auraient mérité ce soir les honneurs d'une tête d'affiche, ne serait-ce que pour nous offrir un set d'une longueur proportionnelle à leurs qualités.

Après une longue demi-heure d'attente, force est de constater que la grande majorité des personnes ayant bravé la neige ce soir son bel et bien là pour
White Lies. Celles-ci ont ainsi la surprise de découvrir que le trio originel, déjà quatuor lors de ses dernières prestations scéniques, évoluera durant les prochains mois sous la forme d'un quintet renforcé par un guitariste supplémentaire. Si cette évolution rendue nécessaire par les chansons de l'album
Ritual à paraître le mois prochain peut sembler secondaire, elle s'accompagne en réalité d'une évolution dans le son du groupe.
La puissance et la densité des nouvelles compositions compensent en effet l'absence de réels singles, à l'exception du récent
Bigger Than Us ou d'un
Strangers que l'on peut d'ores et déjà imaginer suivre le même chemin. En réalité, la scène de la Flèche d'Or semble ce soir bien trop étriquée pour des White Lies dont les aspirations de grandeur deviennent de plus en plus évidentes titre après titre. Moins présents de par le passé, les claviers sont désormais à la base de chaque titre quand bien même la basse de Charles Cave résonne avec puissance en accompagnement du chant très convaincant de Harry McVeigh.
Face à ce show très professionnel mais manquant parfois un peu de folie, le public se fait plus bruyant lorsque ses favoris se font entendre (
To Lose My Life, Death, Unfinished Business...) et attentif face aux découvertes du soir dont la transposition dans les conditions du live s'avère très positive. Un retour à la hauteur de la réputation scénique du groupe et de ses venues passées dans les salles de la Maroquinerie ou de l'Élysée Montmartre.
Avec trois groupes ayant tenu toutes leurs promesses dans des styles différents, l'Inrocks Indie Club aura fini 2010 en beauté comme espéré !