logo SOV

Wire

Paris, Point Éphémère - 12 février 2011

Live-report par Amandine

Bookmark and Share
Il aura fallu attendre la veille et un début d'ulcère causé par l'impatience pour apprendre la confirmation de notre présence au concert tant attendu des mythiques Wire.
Comme chaque fois que l'on assiste à la prestation d'un groupe ayant débuté sa carrière dans les 70s, on observe un semblant d'appréhension à l'idée d'être déçu par ceux qu'on a tant écoutés et portés en éloges durant des d'années. Beaucoup d'attentes étaient donc placées dans cette soirée, ce dès la première partie.

Ce sont donc les Belges de Madensuyu (signifiant « eau pétillante » en turc) qui ouvrent la danse vers 20h30 devant un parterre déjà bien rempli. Les deux potes de lycée ont la lourde tache de réveiller un public parisien ignorant tout des deux compères. Dès les premières minutes de Fafafafuckin', impossible de ne pas être attentif; on cesse les conversations et on écoute religieusement, bouche bée. Ceux qui ont fait sensation lors des dernières Transmusicales de Rennes ont été appelés par Wire pour assurer leurs premières parties et on comprend vite pourquoi.
S'il fallait qualifier la musique de Madensuyu, on pourrait élaborer une recette compliquée à base de post-rock, de post-punk, de cold-wave et de garage, le tout relevé par une pincée de punk; autant dire qu'elle est inqualifiable et inclassable. Ce qui en ressort, en premier lieu, c'est une parenté évidente avec le Velvet Underground dans la voix nasillarde du guitariste, son phrasé, cette façon de répéter certaines fins de mots et le son un peu crade. Néanmoins, le parallèle s'arrête là. Le duo (parce que oui, on peut fournir un son riche et puissant en n'étant que deux) guitare/batterie pourrait sembler jouer dans un registre déjà écumé mais il n'en est rien : cette musique brute et brutale exprime énormément de sentiments primaires; on ne comprend rien à ce qu'ils chantent ou hurlent mais ce n'est de toute façon pas l'essentiel.
Tout tient plutôt dans les émotions dégagées. Ça joue fort, c'est audacieux, honnête et on se dit que ces deux-là ont tout compris. Ils disent souhaiter que leur musique exprime leur envie de vivre et leur générosité, c'est ce soir pari gagné car ils mettent leurs tripes à l'air et même le public parisien est réceptif. Les quarante minutes de ce set endiablé se solderont par des applaudissements plus que chaleureux.

Trois quarts d'heure, c'est le temps qu'il aura fallu aux papes du post-punk pour monter sur scène dans un Point Ephémère plein à craquer.
On ne reviendra pas sur les trente-cinq ans de carrière (avec de nombreuses coupures toutefois) de Wire, ce serait long et inutile mais ici, les quinquagénaires comme les trentenaires sont en transe lorsque Colin Newman commence à chanter.
Évidemment, comme on pouvait l'imaginer, il est un peu étrange de les voir vieillissants, avec leurs lunettes sans lesquelles ils seraient incapables de déchiffrer la setlist, leurs crânes dégarnis et la bedaine du charismatique Graham Lewis. Leur jeu de scène est sage et statique mais on mentirait si on disait qu'ils n'ont pas envoyé la sauce. La part belle est laissée à l'interprétation des titres de Red Barked Tree, récemment sorti, qui est joué dans sa quasi intégralité. Ce soir, pas de traces des expérimentations électroniques des années 80s, les membres ont opté pour une son plus rock et plus brut. Les titres chantés par le bassiste remportent toujours un franc succès, peut-être à cause de sa tessiture vocale si particulière même si l'on déplore un manque de titres purement post-punk avec une ambiance plus industrielle et atmosphérique. Wire oscillent principalement autour de compositions plus lentes où le chant est mis en avant et d'autres où l'énergie est au premier plan.

Finalement, le concert de ce soir aura été à l'image de la discographie du groupe : des moments pêchus que l'on se prend en pleine tête sans comprendre mais aussi quelques titres qui auraient mariné trop longtemps dans le sucre, trop pop et lisses.
Néanmoins, Wire ont su alterner formidablement et jongler entre ces deux styles pour garder le public en haleine. Si un petit doute pouvait encore subsister en fin de soirée, l'arrivée au dernier moment de Pink Flag, tiré de l'album du même nom, aura ravi la foule. Aucune déception à l'horizon !
setlist
    Smash
    Advantage In Height
    Comet
    Please Take
    Red Barked Trees
    Kidney Bingos
    Bad Worn Things
    Moreover
    Two People In A Room
    106 Beats That
    Boiling Boy
    Spent
    ---
    Drill
    Clay
    Underwater Experiences
    ---
    Adapt
    Pink Flag
Du même artiste