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Plug
Frankie & The Heartstrings

Paris, Flèche d'Or - 2 avril 2011

Live-report par Amandine

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Encore un samedi soir où la Flèche d'Or nous promettait de bons moments avec une programmation diversifiée et alléchante. Quatre groupes aux univers radicalement différents, avec pour seul point commun un goût certain pour les années 80s.

 

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Pour commencer, Norman Palm et ses musiciens, venus nous délivrer leur pop scintillante made in Deutschland. On avait connu l'artiste par ses reprises plutôt originales et décalées de The Cure ou encore de Cyndi Lauper. Ce Berlinois diplômé en art, féru de visuel, a aujourd'hui délaissé le design pour se concentrer sur sa seule musique. C'est donc dans une Flèche d'Or quasiment vide, dont on peut encore sentir la fraîcheur (profitons-en, on sait d'ores et déjà que ça ne durera pas !), que l'on découvre une pop gentillette, loin d'être transcendante, mais cependant honorable pour un début de soirée.
Malheureusement, rapidement, on en vient à un constat sans équivoque : Comment Normal Palm peut-il prendre tous les travers des 80s et les compiler trente ans après ? Et pourtant, il ose ! On oscille donc entre une musique acoustique banale et une mauvaise new-wave, frôlant la parodie et les clichés. Le clavier et la boîte à rythme sonnent d'avantage ringardes que vintage. Lorsqu'ils se dégagent de ce schéma, c'est pour partir vers une autre pente toute aussi glissante, celle de la ballade pop sirupeuse. L'impression d'entendre des instruments au-dessus de bandes pré-enregistrées se fait de plus en plus présente. Le coup de grâce est donné avec une reprise de Autobahn de Kraftwerk. Oublier la courte prestation aussi vite que possible, tel sera le premier objectif.

 

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On change de pays et de registre pour le deuxième groupe avec le duo londonien Plug. C'est dans un dépouillement n'ayant rien à envier aux White Stripes (une batterie et un clavier) que les deux Anglaises nous proposent des mélodies cycliques, sur fond de batterie binaire. Un relent d'Amanda Palmer, la folie en moins, et une noirceur à la croisée entre le post-punk et la cold-wave. On essaie de mettre de côté des paroles pas toujours inspirées et le fait que, lorsque les filles donnent dans le mélodique, le rendu s'avère nettement moins intéressant, pour ne garder que le côté rugueux de ce set éclair (à peine vingt-cinq minutes).

 

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Place maintenant à l'attraction de la soirée, le prêcheur de la pop moderne, le héraut d'un monde que lui seul comprend (et encore, aucune certitude là-dessus), j'ai nommé John Maus. Est-il opportun de dire que cet hurluberlu est venu promouvoir son troisième album, We Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves ? Ce soir, le set relève plus de l'entertainment que de la prestation musicale (et surtout vocale). Seul sur scène avec ses mélodies pré-enregistrées, une reverb' dans la voix à faire pâlir feu Ian Curtis, tel est le credo du bellâtre.
Tout n'est qu'écho et distorsion, l'Américain, carburant à une mixture secrète sacrément efficace, semble monté sur ressort. Il se tape la poitrine comme un gorille, s'égosille. A ce moment, on comprend mieux ses affinités musicales (Panda Bear et Ariel Pink pour ne citer qu'eux). Il coupe ses morceaux avant même la fin, monte de plus en plus le son qui devient désagréable, ce même avec des bouchons ; la prestation se termine dans un brouhaha innommable. On pourrait remettre en cause la légitimité du show mais on ne peut enlever à John Maus la capacité à faire le spectacle tant le public semble comblé, n'en déplaise aux puristes. On regrettera toutefois de n'avoir pu profiter de la voix gutturale et des compositions baroques et obscures de l'artiste.

 

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Un dernier changement de ton avec les Anglais de Frankie & The Heartstrings. Même si la sortie de leur premier album, Hunger, nous avait plutôt laissé dubitatifs, nous ne demandions qu'à être charmés par la prestation du groupe. Les nouveaux chouchous de la presse britannique, produits par Edwin Collins, démarrent de la meilleure des façons, portés par le léger vibrato de Frankie Francis, venant nous remémorer celui de Bryan Ferry, la charge érotique en moins.
Finalement, nous aurons droit à un concert à l'image de l'album : en demi-teinte, avec du bon et du moins bon. On apprécie le revival 80s, les synthés dansants, la pop accrocheuse mais on déplore rapidement le manque d'inspiration et de renouvellement, comme si les jeunes Anglais ne savaient déjà plus comment faire pour surprendre leur public, de plus en plus clairsemé, préférant profiter de la douceur de la soirée en terrasse. Déception qui ne sera finalement qu'à la hauteur des moindres attentes que nous avaient procuré leur album.
setlist
    Possibilities
    Postcard
    Tender
    Want You Back
    It's Obvious
    Photograph
    Ungrateful
    Young Again
    Don't Look Surprised
    Hunger
    Fragile
photos du concert
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