Chronique Single/EP
Date de sortie : 04.10.2010
Label :Popsex
Rédigé par
Aurélien, le 25 octobre 2010
Ces jeunes gens sont décidément toujours en mouvement. On les avait quittés au printemps, ambitieux, on les retrouve en automne, grandis d’une certaine expérience accumulée au gré d’une giclée de concerts et de festivals éclectiques. On citera en particulier, excusez du peu, Reeding et Glastonbury, en guise d’apothéose d’un été visiblement très réussi.
Dès lors, le moral au beau fixe et gonflé à bloc, en pleine construction d’une carrière prometteuse, Frankie & The Heartstrings souhaitent rajouter une nouvelle pierre musicale au pont artistique qui les mènera vers la consécration, en délivrant le tout-sauf-ingrat Ungrateful, toujours sur leur fidèle label Popsex. Une bonne nouvelle ne venant souvent jamais seule, la formation ajoute également à cela une tournée britannique imminente de plusieurs dates en compagnie d’Edwyn Collins, puis une virée européenne qui la guidera, entre autres, à Paris le 19 novembre aux côtés de The Walkmen dans le cadre de la soirée Inrocks Indie Club, et finalement un vidéo clip tout beau tout neuf pour accompagner la piste en question.
Ainsi, partons de ce dernier élément pour en dire un peu plus sur les 3 minutes et 58 secondes d’Ungrateful. Tourné à Sunderland dans un ancien chantier naval, on y découvre bien sûr Frankie Francis, porte-parole talentueux du groupe, son physique androgyne et sa banane capillaire frivole, accompagné de son batteur aux lunettes disproportionnées, de son bassiste à la barbe drue et de son guitariste à carreaux. Le quatuor, nonchalant puis bien en jambe, se produit tantôt dans un corridor à l’air libre, tantôt dans la ferraille et la mécanique d’une hall, au milieu de grues imposantes. Un lieu qui se prête bien pour décrire le morceau en question.
En effet, sonnant bien plus brut et rugueux que les derniers singles du groupe, Ungrateful s’articule autour d’un traditionnel batterie-basse guitare-voix simple mais efficace. Point d’arrangements superflus, point de cuivres cette fois-ci, les cordes font la différence. D’un côté celles d’une basse rythmée et d’une guitare convaincante, légèrement saturée, qui se permet même un joli petit solo. Et de l’autre, les cordes vocales de Frankie qui vibrent comme toujours avec justesse, proférant une parole sentimentalo-conflictuelle éclairée. Sobriété donc et beau résultat sonore à la clé.
Pour conclure, au lieu de se perdre dans des formules alambiquées étouffantes et privilégier la mise en avant de cuivres poussiéreux tels qu’utilisés par le passé, les membres du jeune groupe anglais se la jouent plutôt profil bas, dépouillant leur musique à outrance pour un retour aux sources réussi. Montant en puissance, sortie après sortie, Frankie & The Heartstrings ne cessent de nous étonner et semble lentement se trouver une identité artistique à part entière. Conséquence: l’attente d’un éventuel premier effort studio se fait de plus en plus pressante pour nous, pas vous ?