Cajun Dance Party

Depuis plus d'un an, Cajun Dance Party font beaucoup parler d'eux grâce à une poignée de titres pop libres et spontanés. Parmi eux, The Next Untouchable, incontestablement le plus réussi et probablement ce que l'indie rock a donné de mieux cette année. Un doute ? Rendez-vous sur leur page myspace, clic droit, ouvrir dans un nouvel onglet : attachez vos ceintures, ça commence !

Tout d'abord, la guitare. Un riff improbable. Le genre de truc qui n'arrive qu'une fois dans sa vie. Le groupe sait pertinemment qu'il aura beau chercher pendant des années cette illumination dissonante qui transparaît de The Next Untouchable sans rien obtenir de ses six cordes. Robbie Stern vient d'obtenir le meilleur de son instrument, il faut à présent chercher la performance ailleurs – comme en témoignent les instruments classiques que reproduit le clavier de Vicky Freund sur l'une de leurs dernières démos.
La basse, directe et fabuleusement mise en avant, permet de tenir largement la distance par rapport à nombre de formations indie actuelles qui la laissent à tort au second plan. Elle prend ici de la consistance, apporte un soutien puissant en équilibriste sur les accords acérés de la guitare et la rythmique dissipée de Will Vignoles. Le clavier se fait plus discret que sur leurs autres compositions pour une simple et bonne raison qu'ils peuvent amplement s'en passer quand d'autres misent tout dessus pour feindre une originalité factice. La guitare à elle seule suffit à sortir du lot et placer le groupe sur des sphères pop envoûtantes.
Mais c'est sans compter sur l'appui du frisé Daniel Blumberg et sa voix parente des tout aussi frisés Matt Bowman (The Pigeon Detectives) et Steve Bays (Hot Hot Heat). Loin de débattre d'un lien de corrélation probable entre la capacité vocale et la mode capillaire, c'est finalement plus à la frénésie impulsive du premier et la scansion étreignante du second que le chanteur de Cajun Dance Party emprunte ses intonations de voix qu'à leurs coupes de cheveux revival.
Conviant le réalisme des Arctic Monkeys et la dérision de The Streets, les paroles cinglantes (« do you really like me, 'cause 1 and 1 and 1 makes 3 », « i can't walk away, all i can do is say better luck next time » ...) s'invitent sur un chant progressivement déchirant. Puis le morceau se termine au bout de cinq minutes dans un tapage affolant où chaque mot se détache pour donner de l'importance aux souffles qui les ponctuent fiévreusement. La guitare, elle, s'emporte, discordante et saturée, encerclée alors de « i feel her i move her, i believe her i see her, forget her forget her » fébriles qui ne demandent qu'à passer à une autre.

La grâce désinvolte de The Next Untouchable ne sera jamais atteinte, que ce soit sur la passionnante b-side Kooksiennes Buttercups – et la boucle est bouclée –, leurs meilleures compositions à ce jour (Amylase et Colourful Life en tête) et les meilleures à venir. L'inspiration ne viendra pas car l'insouciance juvénile, ce détachement naïf à la musique, s'est aujourd'hui matérialisée en ce qui semble être une des chansons de l'année.