My Bad.
Emmy The Great s'excuse déjà de sa présence chez ses auditeurs avant même que débute le EP. Mais comme elle est la meilleure, elle est loin de déranger. À travers les enceintes, elle se fractionne en milliers d'atomes anti-folk brillamment singés sur ses semblables.
Accompagnée d'un melting pot de la crème indie anglaise (des membres de Mystery Jets, The Delgados et Ladyfuzz, Noah and the Whale, Tilly and the Wall, Euros Childs ..), Emma-Lee Moss a bourlingué un peu partout en Angleterre ces dernières années, entre les tournées de ses camarades et divers enregistrements avec notamment Jeremy Warmsley où, récemment, elle contribua aux choeurs de son ravissant
Art Of Fiction.
Ce n'est qu'en mars 2006 qu'elle enregistre son premier single,
Secret Circus, à la forte virulence
Spektorienne –
Regina de son prénom – dont elle se prétend fan, au même titre que
Kimya Dawson et
Connor Oberst. Et ça se ressent davantage encore à l'écoute de sa b-side
The Hypnotist's Son où les talents des trois songwriters se voient entrelacés à la voix saisissante de Emma-Lee et son rythme fluide et fluctuant.
Août 2007 sort donc
My Bad, son premier EP, sur lequel elle collabore de nouveau avec ses amis proches, Jeremy Warmsley bien sûr, ainsi que Devonte Hynes (Lightspeed Champion) et Fyfe Dangerfield (Guillemots). Le style de la hongkongaise s'est clairement adouci : peu d'envolées lyriques à la
Secret Circus mais des arrangements luxueux et un son plus personnel.
De la tendrement amusante
Mia – ou
M.I.A, on ne sait pas
– au pendant féminin du sublime Last Day Of My Life de
Bright Eyes qu'est
City Song, tout est au dépouillement tranquille, entre la pop-folk intimiste de
The Greatest (
Cat Power) et l'hystérie légère du captivant
Made Of Bricks de
Kate Nash.
Malgré la mini-déception des deux trois premières écoutes
– pas l'ombre ici du name-dropping irrésistible de l'inédit
Canopies & Grapes ni des historiettes délirantes de
Gloria et
My Party Is Better Than Yours –,
My Bad laisse entrevoir au final une jeune interprète passionnée par la musique, au talent fou et au large panel d'émotions dont les bouleversantes dernières lignes de
City Song la hissent sur un piédestal duquel, espérons-le, elle ne descendra pas de si tôt.