Kong

Après un premier coup de massue rageur asséné à la toute fin du mois de juillet dernier, Blood Of A Dove, la formation la plus hype de la division de Leeds sévit à nouveau en nous imposant son univers musical oppressant à la limite de la suffocation. Force est de constater, à l’écoute du nouveau titre, Leather Penny, que le trio déterminé n’a pas changé sa Kalashnikov d’épaule et persévère dans un punk hardcorisant obsessionnel ultra musclé.

En effet, la démarche, un tantinet provocatrice et résolument radicale, ne varie pas d’un iota, à l’image de la section rythmique nihiliste, électrique et hystérique, qui n’a de cesse de marteler l’occiput de l’auditeur que ne soit déclenchée une hémorragie cérébrale. Mais ce déferlement sonique, ponctué de borborygmes d’aborigènes sous acide, suffit-il véritablement à donner du sens à l’art du combo ? Car, à l’instar d’un chant réduit à sa plus simple expression, au-delà même d’une essence primitive et aux confins de l’animalité, la structure de la chanson manque singulièrement de spontanéité et de fluidité, bref d’intuitivité.

Et il en résulte un brouet, certes pêchu et percutant, grâce notamment à une production finement ciselée, mais, somme toute, artificiel et moyennement digeste, même si une guitare extrêmement incisive et torturée surnage du bouillon. A l’évidence plein de bonne volonté, Kong ne relève pas vraiment le défi dans un segment où That Fucking Tank ou encore Future Of The Left font montre de bien plus d’inventivité et de plaisir de jouer. Faisant, à l’insu de son plein gré, la démonstration qu’efficacité ne rime pas toujours avec originalité, Kong gagnerait à instiller quelques touches de couleur dans son rock un peu trop sérieux et terne, s’il veut espérer devenir un jour un prétendant au trône.