Lord Auch

Soyons honnêtes, à la sortie du très réussi The Digg Inn, premier single de Lord Auch, nouveau projet porté par le charismatique Si McCabe (ex-Black Wire), nous n'imaginions pas nécessairement que la formation irait aussi loin. Car, même si nous encensons leurs disques, la musique y est sombre, romantique, dure, poisseuse, sous entendu peu accessible, mais de vinyle en vinyle, le groupe prend une vraie ampleur.

L'EP To The Shithouse est tout simplement superbe. La musique développée par le groupe y est de plus en plus ambitieuse, jouant avec les silences (Drunkards Rigadoon), la subtilités des arrangements (la trompette sur Sapphp and Doubleskin), les répétitions hypnotiques (la ligne de basse sur le morceau titre) et évidemment la voix si particulière de Si McCabe, sorte de prêcheur ténébreux évoluant entre la funeste noirceur de Robert Mitchum dans The Night Of The Hunter et les incantations torturées de Nick Cave. Plongé dans le noir, à la lueur de la pleine lune, Lord Auch voyage de sa démarche lugubre vers un futur illuminé. Peu probable qu'il soit éclairé de mille couleurs, cette lumière monochrome suffit à éclairer nos peurs, nos troubles et nos moments d'errances inquiètes.

Lord Auch fait preuve d'une réelle profondeur. C'est une musique avec de l'âme. Sommes-nous dupes ? Est-ce juste un exercice de style ou est-ce une très belle œuvre mélancolique ? Bien sûr, To The Shithouse n'atteint certainement pas encore la puissance des Pinturas Negras de Goya ou des mots de Goethe, mais elle suffit à nous décharger momentanément de nos tourments brumeux.