Kele

De façon absurde et totalement improbable, le tourbillon médiatique s’est quelque peu emparé de Kele ces dernières semaines. Et les causes à effets sont pitoyables. C’est le moins que l’on puisse dire. Après un duo avec Martin Solveig que l’on préfèrera oublier, Kele serait en passe d'être littéralement éjecté par son groupe de toujours : Bloc Party. Piqué au vif, aujourd’hui, il tente de vite rebondir avec la sortie d’un nouvel EP (The Hunter) dans une veine musicale à la fois hormonale et proche de The Boxer, son premier album solo.

Le problème lorsque l’on a les chevilles qui enflent, c’est que l’on n’arrive plus à mettre les bonnes baskets, et donc à avancer. A rebours des tentations habituelles de la discographie de Bloc Party, Kele poursuit, malgré tout, ses expérimentations entamées l’année dernière. Et, très vite, il nous fait peur. L’intro, What Did I Do ?, fait beaucoup de boum-boum à la sauce Guetta et empile ce genre de référence mainstream un peu comme les médiathèques d’expositions chez Ikea, de façon purement esthétique. Ou comment être aussi bruyant qu’un parking de boite de nuit un samedi soir dans le Nord-Pas de Calais.

Heureusement, il reprend rapidement le dessus pour nous servir deux morceaux d’électro-rock délicat, Devotion et Goodbye Horses. De cette façon, il peut flâner tranquillement en bordure de plage grâce à des compositions bien senties.
En épongeant l’époque et ses modes, Kele entretient le culte de l’éphémère. De Release Me à You Belong To Someone Else, les sonorités dance pop collent à l'ère du temps et entretiennent, à défaut de lui offrir une nouvelle jeunesse, un réel talent. Malheureusement, on regrettera sur cette dernière un solo de basse saturée impeccablement effroyable où, une fois de plus, l’ex-Bloc Party s’élance à corps perdu vers ses propres clichés.

Si dans sa vie professionnelle et personnelle beaucoup de choses ont changé ces derniers temps, on retrouve sur The Hunter les mêmes problèmes d’approche artistique que sur The Boxer : les textures électroniques ne tiennent pas leurs promesses même si elles touchent parfois juste. Il est temps pour lui de savoir quel chemin il souhaite emprunter.