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King Krule

King Krule EP

King Krule - King Krule EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 08.11.2011
Label :True Panther
3
Rédigé par Julien Soullière, le 24 novembre 2011
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Archy Marshall est à baffer. Ni plus, ni moins. Et ce n’est pas qu’une histoire de dégaine, celle qui fait qu’un gamin de 17 ans à peine ressemble tout autant à une petite frappe des bas-fonds londonien qu’à un immonde et pitoyable pleurnichard. Non, ici, il est aussi et surtout question de ce on ne sait quoi, quasi grossier pour son jeune âge, dont fait preuve celui qu’il fallait jadis appeler Zoo Kid, et qui, comme pour prouver au monde qu’il est désormais un homme, nous revient en tant que King Krule. Un nom qui sonnerait presque comme prétentieux si le monde musical ne s’était pas déjà agenouillé.

Comme toujours lorsque plèbe et presse (New-York Times, NME, et Pitchfork en tête) semblent s’accorder sur les qualités d’un artiste, il ne peut que souffler ici et là quelques vents contraires. En ce sens, le cas Marshall ne fait pas exception à la règle, et si le frêle rouquin fait preuve d’une maturité et d’un talent indéniables, il est également l’auteur singulier d’un EP qui ne l’est pas moins : loin du punk à roulettes et de la pop à l’emporte-pièce joués par certains de ses congénères, sa musique un brin vieillotte saura se montrer déconcertante pour qui n’aime pas d’amour les timbres de voix particulier, et les ambiances révélatrices d’une jeunesse depuis longtemps désabusée. L’esprit de rébellion en moins, certes, King Krule se rapproche en bien des façons des chefs de file de la toute récente World Unite/Lucifer Youth Foundation, et se veut une nouvelle preuve que quelque chose de l'ordre musical est en train de changer outre-Manche.

Véritable patchwork d’influences, du rap au punk, en passant par le blues et le dub (quoi de plus normal, au fond, quand on a grandit au sud de Londres dans les années 90), la musique de Marshall n’est pas loin d’être un paradoxe, car aussi exigeante et plurielle que minimale. De prime abord du moins, difficile de raccrocher ce que l’on entend à l’existant ; rien de grave, car ce qui importe ici, c’est que l’ancien pensionnaire de la célèbre Brit School, sorte de Jamie T lâchement frappé par la crise, réussit sans mal à susciter l'intérêt, livrant un premier EP rugueux et languissant, suintant jusqu’à n’en plus finir la ville et les rêves brisés. Un univers dans lequel tout le monde n’aura pas grande envie de se plonger, surtout en ces temps difficiles, d'autant qu'on n'atteint jamais les sommets tutoyés par l'excellente Out Getting Ribs (le morceau qui, courant 2010, a mis le feu aux poudres).

Les petits loups qui rentrent véritablement dans la cour des grands, si bien qu’on se demande encore comment ils s’y sont pris, c’est un fait on ne peut plus rare. Suffisamment pour que le nom de King Krule garde, dans nos esprits, la place qui lui revient de droit. Attendons maintenant de voir comment sonneront les choses sur la longueur.
tracklisting
    01. 36N63
  • 02. Bleak Bake
  • 03. Portrait In Black And Blue
  • 04. Lead Existence
  • 05. The Noose Of Jah City
titres conseillés
    The Noose Of Jah City
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