Elbow

Parsemée d'EPs, la discographie d'Elbow contient également six albums, qui se sont chacun hissés dans le top 15 des charts britanniques. Leur dernier opus en date, The Take Off And Landing Of Everything, est même dès sa sortie arrivé en tête des ventes de disques anglais. Pour lui donner suite, le groupe mancunien revient au format quatre titres, délivrant ainsi un extended play en hommage à sa ville d'origine.

Manchester, donc. Ses usines fumantes, ses mineurs aux visages de suie, son haleine de houblon, ses pubs enfumés. Et puis, ses groupes de rock. On ne compte plus les fantasmes liés à la ville du Nord de l'Angleterre, dont l'ambiance brumeuse a inspiré tant de belles chansons. La cité de l'abeille se voit, dans Lost Worker Bee, sublimée au travers de paroles empreintes du lyrisme ouvrier qui la caractérise tant, et de chansons aux mélodies efficaces, marque de fabrique d'Elbow.

L'EP s'ouvre sur le titre éponyme, dans lequel Guy Garvey se pare d'un masque de mineur un peu ivre, rêvant du monde extérieur et d'une fille avec qui danser le tango. Les Smiths ne sont pas loin, tant au niveau de la voix, des harmonies que de l'orchestration. Des instruments à vent viennent ici soutenir les percussions, les guitares rythmiques et un synthétiseur hyperactif. Seuls des anglais semblent capables de composer un tel hymne à la classe ouvrière, débordant à la fois de classe nonchalante et de sensibilité à fleur de peau. Le titre suivant, And It Snowed, n'aurait pas dépareillé dans l'album The Suburbs d'Arcade Fire. Une voix lancinante, contemplative, soutenue par un piano mélancolique et une basse répétitive font l'essence de cette chanson synesthésique. Il semble en effet impossible d'échapper, lors de l'écoute de celle-ci, aux images d'une ville noyée sous la neige ou de flocons qui tombent. Baisse de régime, cependant, sur la dispensable Roll Call. Si la construction de cette chanson est plus complexe, et la production plus soignée que sur les autres titres, Elbow perd ici en efficacité mélodique.

Pleine de grâce, la ballade acoustique Usually Bright clôt l'EP de belle manière. Nostalgique à l'envi, Garvey conte l'histoire d'un homme qui, de retour dans sa ville natale, se réveille dans un hôtel, y boit les gins les plus tristes du monde et prend un taxi, comme s'il était devenu un étranger dans les rues de son enfance.

Et ainsi se conclut l'EP Lost Worker Bee, court voyage à travers les avenues de Manchester. Elbow clame ici son amour pour la cité ouvrière et réussit à plonger l'auditeur dans l'ambiance mélancolique et chancelante qui fait la légende de l'abeille anglaise.