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Blood Wizard

Imaginary House EP

Blood Wizard - Imaginary House EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 16.09.2022
Label :Moshi Moshi
4
Rédigé par Jordan Meynard, le 27 septembre 2022
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C'est un adage peu contredit : « L'habit ne fait pas le moine ». Autrement dit : les apparences sont parfois trompeuses. Et pourtant, Blood Wizard apparaît presque comme l'exception qui confirme la règle. Le leader du groupe punk Kagoule - groupe formé en 2012 à Nottingham - Cai Burns, fait son retour avec son nouvel EP Imaginary House via Moshi Moshi Records. Décidé à élargir le spectre musical de sa formation d'origine, il propose avec ce projet une déambulation captivante dans un songwriting sombre et satirique porté par des orchestrations folk/rock fantastiques. Tout ce que l'on peut attendre d'un « magicien de sang » au final. Ce nouveau disque signe la suite d'un premier album acclamé par la critique, Western Spaghetti, qui au bout de deux écoutes a ce pouvoir de susciter notre curiosité et de générer une certaine addiction. Alors, quid de ce nouvel EP ?

L'éponyme Imaginary House désigne la période de claustrophobie traversée par Burns pendant le confinement lié à l'épidémie du COVID-19. La chanson commence par la simple affirmation, « Mort au monde que je suis », avec une honnêteté sans détour qui résume le sentiment véhiculé par ce titre. Blood Wizard connaît des « hauts et des bas » et « se lasse de la course », la voix de Cai Burns dégage autant d'épuisement que de monotonie. Cela devient doublement vrai lorsqu'il déclame : « Comme c'est agréable de ne rien ressentir ». Le son est paresseux, psychédélique et anime parfaitement l'imprévisibilité du monde dans lequel il se trouve. Si le ciel est un peu bas sur ce premier morceau, une éclaircie vient très vite s'infiltrer sur Too Late For The Disco et sa trame folk axée sur la narration. Une chanson assez simple où plusieurs couches d'instruments se superposent, liées entre elles par le ton léger et sarcastique de Burns, rejoint pour l'occasion par des chœurs féminins. Un élément que l'on retrouvera sur le morceau suivant, The Slip. Toutefois, le ton se durcit et on retrouve sa fascination pour les rythmes saccadés et les accords dissonants, produisant une impression d'instabilité et de contrariété entre les notes. Si le tout paraît encombré, il faut rester focalisé sur le Sprechgesang de son auteur pour garder le cap et arriver au bout du morceau sans être malmené par des arrangements qui viennent agiter le titre et autres cuivres surgissant de nulle part.


Drew The Line revient à une formule plus simple tranchant avec les compositions les plus alambiquées, à l'instar The Slip et Imaginary House. On se laisse quand même surprendre par une deuxième partie électrique et orchestrée qui donne au morceau une portée cinématographique et ne nous laisse pas indifférent. Fougueux, hérissé, tout en demeurant lascif, Drew The Line est un des meilleurs morceaux de l'EP. Avec A Whole New Sensation, Cai Burns vient remettre du rythme avec du synthé, qui vient surplomber plusieurs pistes de guitare, ajoutant de la tension au morceau. Le motif joué par les six cordes est répétitif, déformé par divers effets dissonants contrastant avec le chant léger du musicien, mais qui s'efface pour laisser de fameux chœurs féminins que l'on retrouve finalement en filigrane sur l'ensemble du disque. Ledit disque se clôture avec le bien nommé Worn Universe faisant la part belle aux synthétiseurs lourds et piétinants, nous amenant tantôt au cœur d'une marche funèbre, tantôt dans un autre univers, littéralement. Il n'en fallait pas autant pour nous tenir en haleine durant ce voyage de l'étrange entre les sous-cultures dans lesquelles Cai Burns a grandi et celles qu'il explorera sans doute plus en profondeur par la suite.


Avec Imaginary House, Blood Wizard fait un pas dans une nouvelle direction qui, bien qu'abstraite et distinctive sur le plan sonore comme dans les œuvres précédentes, reste enracinée à des éléments folk qui constituent les bases de son enregistrement. La force de Blood Wizard est de produire et de maintenir des orchestrations convaincantes et addictives grâce à une chevauchée des genres qui façonne un son qui lui est propre. On pourrait regretter de ne pas avoir poussé le curseur plus loin dans sa « maison de l'imaginaire », mais même les titres en apparence plus simplistes ont le mérite de renouveler la folk avec des incartades soniques malpolies où l'on ne peut pas se douter de ce que l'on va trouver après. Exactement comme dans la suite de la discographie de Blood Wizard.
tracklisting
    01. Imaginary House
  • 02. Too Late For The Disco
  • 03. The Slip
  • 04. Drew The Line
  • 05. A Whole New Sensation
  • 06. Worm Universe
titres conseillés
    Drew The Line, Worm Universe
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