We Start Fires

Après trois ans de bons et loyaux services dans la division du rock britannique alternatif sophistiqué et deux honnêtes réalisations à leur actif, We Start Fires rendent leur tablier à l’effigie des Breeders pour opérer un retour aux racines du rock’n’roll et endosser celui de la Riot Grrrl attitude.

Il résulte de ce changement d’orientation musicale un double face A et deux véritables brûlots, de construction et d’essence identiques, denses et intenses, dans la plus pure tradition du punk rock des années 80. Ainsi, le chant très agressif et haut perché, notamment dans Hip Shake, s’inspire des consorts Girlschool ou encore Fluffy, alors que la musique fait référence aux mythiques Iggy And The Stooges et aux Donnas.

Rien de bien original sous le ciel pluvieux anglais, donc, si ce n’est le nappage de synthés rétro et un tantinet new wave, qui, bien plus à la manière d’un Bis que d’un Ikara Colt, apportent une touche pop aux mélodies carrées et primaires. Si la batterie, tenue par le seul représentant de la gent masculine du quatuor, est omniprésente sur les deux morceaux, rendant la section rythmique très efficace et donnant un caractère d’urgence aux mélodies, Hip Shake tire bien mieux son épingle du jeu que Hot Metal. En effet, elle propose une couleur moins garage, ainsi qu’un refrain bien plus subtil, tout en variations et nuances.

Désormais dépositaires d’un son éculé, qui plus est, pas vraiment estampillé Made in UK, We Start Fires tentent de rallumer la mèche après un premier départ de feu prometteur mais noyé sous la pluie des nouveaux bourgeons du rock indépendant britannique. Souhaitons-leur que celui-ci soit le bon et qu’ils mettent enfin le feu, profitant de la notoriété grandissante de leur nouveau label Londonien Marquis Cha Cha, lequel s’inscrit dans la mode du retour des singles vinyles. Toutefois, il est permis de douter que We Start Fires, malgré ce nouvel élan, puissent avoir l’ombre d’une chance dans la jungle des valeurs montantes comme Forward Russia ou Kubichek et l’on peut craindre que leur second souffle ne soit qu’un feu de paille.