Correcto

Les années 80, dans un appartement Londonien, un jeune garçon passe ses 45 tours. Lassé de ses chansons pop et facile, il fouille dans les disques de ses parents. Son regard est attiré par un disque en particulier, il a une pochette toute blanche avec un énorme dessin de banane en travers. Il décide de le poser sur la platine. Il s’en dégage une musique légère et en clair obscur. La batterie est sautillante, la guitare enchaîne rapidement des accords dans des tonalités aigues mais douce. Le chanteur a une drôle de voix, assez aigue et aussi un peu étranglée. C’est le coup de foudre pour le jeune Danny Saunders. Sa mère rentre dans la pièce en rigolant, "that is not correct". Danny avait oublié de repasser en 33t pour écouter The Velvet Underground And Nico qu’il écoutait moitié trop vite, mais ce son il l’aime et il le trouve très correcto.

Quinze ans plus tard, Danny s’est installé à Glasgow, il a fait une école d’art et est devenu assistant pour un sculpteur. Il a abandonné depuis longtemps l’idée de faire une carrière dans la musique, mais il traine régulièrement sa guitare et ses chansons dans les bars ou en première partie de groupes dans la capitale culturelle de l’Ecosse. Des chansons, il n’a jamais cessé d’en écrire, sur des petites anecdotes, des bribes de conversation volées et les détails intrigants croisées dans la ville.

Et dans cette ville hyper créative, il croise d’autres artistes et d’autres musiciens. Avec une poignée d’entre eux il forme Correcto. C’est un groupe qui sert de cours de (re-)création à d’autres artistes : Richard Wright, plutôt graphiste mais ici bassite, et deux musiciens de "carrière", Patrick Doyle en retraite des fraichement décédés The Royal We et Paul Thomson des mondialement connus Franz Ferdinand.

Leur musique est spontanée, l’album a été enregistré en trois semaines. Ils ont su garder la fraîcheur et la sincérité des premiers groupes punk mélodique (Buzzcocks), avec une maturité et une sensibilité d’adulte en plus. L’album est construit en progression, commençant par des chansons plutôt pop et entraînante comme l’excellent single Joni et finissant par des titres plus dépouillés et quasi-acoustiques comme le très touchant When You Get Away From Me qui rappelle aussi le travail des anciens punk de TV Personnalities.

Un disque fort et recommandable, bien au-delà de la simple présence de deux membres de Franz Ferdinand, puisque Nick McCarthy donne aussi un coup de main sur une petite moitié des titres.