Good Shoes

J’avais beaucoup apprécié Think Before You Speak, premier album des Good Shoes, une bande de jeunes anglais assez modestes et qui nous balancèrent un concentré de rock à la sauce post-punk, rappelant les débuts de The Cure avec des guitares tranchantes à la Gang Of Four, et doté de singles à la fois dansants et intelligents comme Never Meant To Hurt You. Après de nombreux déboires (changements internes, une nouvelle maison de disque…), je me demandais donc si ce petit groupe allait pouvoir franchir la barre difficile du deuxième album.

A l’écoute de No Hope, No Future, je ne fûs absolument pas perdu : à vrai dire dès l’introduction fracassante qu’est The Way My Heart Beats, on retrouve la puissance des riffs qui avaient fait le succès du premier album, avec un Rhys Jones dont la voix est toujours aussi agréable, où l’on retrouve témérité et sensibilité.
Cette impression de rester sur la base du premier album est surtout présente sur les cinq premiers titres, si l’on excepte Everything You Do, morceau hybride qui casse nettement le rythme après l’explosivité du premier titre. Le groupe expose une pop savante, ingénieuse et malicieuse, avec un délicieux arrière-goût de « fait-maison » : les titres comme I Know ou Under Control bénéficient ainsi d’une production qui les rend immédiatement « catchy » à l’oreille, et qui fait que ces titres sont les atouts majeurs du disque, avec Do You Remember, chanson semblant s’être échappée du premier album.

C’est en partie la raison pour laquelle la deuxième moitié de No Hope, No Future est moins évidente, moins percutante, même si sur le fond le groupe semble avoir beaucoup plus travaillé sur ces titres. On est presque étonné d’entendre les Good Shoes entamer un titre comme Our Loving Mother In A Pink Diamond, dont le nom est déjà un indice de l’orientation « progressive » choisie. Au fil des écoutes, cette deuxième partie affirme ses qualités, de par des compositions savoureuses comme l’épilogue City By The Sea ou encore l'épileptique Times Change, et des textes profonds, sensibles, sur un sujet maintes fois vu et revu (la difficulté de la relation amoureuse, la séparation), mais qui à travers le timbre de Rhys Jones trouvent un porte-parole de choix. D’ailleurs, le propos, douloureux, est un excellent prétexte pour le groupe à durcir le son, avec des guitares beaucoup plus agressives et tranchantes, une batterie plus puissante et une basse nettement décomplexée par rapport au premier opus.

Pessimiste et enthousiasmant à la fois, ce No Hope, No Future est la preuve que les Good Shoes, s’ils ne sont pas forcément le groupe du siècle, restent une formation à suivre, et sans doute l’un des seuls combos de rock anglais de l’époque des Rakes et autres Bloc Party à savoir maîtriser un rock intelligent et classieux tout en étant humble et d’une efficacité redoutable.