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Transmusicales

Rennes, du 3 au 6 décembre 2008

Live-report rédigé par François Freundlich le 1er décembre 2008

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L'ouverture des 30èmes Transmusicales de Rennes à l'Ubu laissait présager une bonne soirée avec trois groupes atypiques. Cela n'a pas failli avec pour commencer un groupe Letton invité dans le cadre des chroniques européennes : cette année chaque pays de l'Union Européenne est en effet représenté par au moins un groupe.

Goran Gora, timide jeune homme, débarque avec sa guitare acoustique et son groupe pour la touche électrique. Et dés les première chanson, on perçoit la mer baltique. Un charmant accent letton sur un chant en anglais, des débuts sur des rythmes saccadés et tourbillonnants, pas de doute sur la provenance. Mais malgré tout, Goran va nous faire voyager car ses influences sont bel et bien les songwriters folk américains. Il nous livre des ballades, des morceaux plus énervés, et soudainement on se rend compte que le voyage nous a mené de la Lettonie au Texas et que sa musique sait se rendre blues voire country. En fermant les yeux sa voix poignante rappelle un Andy Yorke et ses petites histoires se rapprochent des Decemberists. Après un rappel imprévu, l'impression laissée est celle d’une sacrée révélation musicale pour le public présent.

L'ouverture est réussie pour ces Transmusicales. Ce sont les anglais de Micachu & The Shapes qui débarquent ensuite, accompagnés d'un... aspirateur. J'ai d'abord cru à une attaque éclair mais la chanteuse guitariste délurée engage le concert en samplant l'objet et en n'hésitant pas à s'aspirer la bouche pour servir de caisse de résonance. Une entrée en matière qui en rebute plus d'un dans l'audience mais le groupe séduit par son originalité. Accompagné d'une claviériste/bidouilleuse de son et d'un batteur percussionniste sur lequel repose en grande partie la musique, Micachu s'occupe des cordes. Et quelles cordes, puisque ses guitares sont des versions miniatures qui auraient pu être achetées chez Toys'R'us puis abîmées par un méchant punk tellement elles semblent déglinguées. Déglinguée est un bon qualificatif pour cette musique à l'énergie punk et aux tendances électro-pop : des guitares maltraitées couvrant un clavier et une touche électronique. Commencé à la guitare acoustique, le set continue avec une mini guitare électrique rouge, maltraitée autant que la première tandis que Micachu n'hésite pas à la désaccorder complètement. On est surpris et interloqué par cette musique audacieuse qui est assez unique en son genre : le percussionniste est impressionnant de jonglage entre ses nombreux outils, c'est lui qui donne un aspect ethnique au son. Dernière concertation pour un morceau de rappel imprévu à deux guitares et Micachu & The Shapes repart devant un public conquis, ce qui n'était pas gagné d'avance.

C'est l'anglais Tim Exile qui est chargé de clôturer le soirée. Seul face sa table de mixage et avec son micro, Tim débarque vêtu d'une armure argentée de chevalier du zodiaque… beau comme un camion avec son bandeau brillant sur la tête. Et toute de suite, il balance un son fait de samples, de bruits et de mixes de sa voix métallique. Avec son look de gourou qui sait comment déchaîner la foule, on s'attend à tout moment à ce qu'une échelle descende du plafond et qu'il parte en disant « je dois retourner sur Uranus ». Je mets un temps à remarquer qu'il a également une « queue » dans le bas du dos, et lorsqu'il la tourne et place ce joystick sur son bas ventre, ses mixes sont intégralement crées par l'acte masturbatoire… ce qui fait son petit effet. Le public danse et je me retrouve coincé entre Micachu et Jean-Louis Brossard, programmateur, tous deux conquis.

C'est ainsi sur les basses tonitruantes de Tim le chevalier que s'achève cette première soirée, une très bonne entrée en matière!
artistes
    Goran Gora
    Micachu & The Shapes
    Tim Exile